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Terrorisme

Les femmes de l'EIIS ne sont pas que des « épouses », préviennent des responsables

Waleed Abou al-Khair au Caire et AFP

Une large section du camp d'al-Hol dans la province syrienne d'al-Hasakeh abrite des femmes de l'EIIS, dont beaucoup épousent encore l'idéologie extrémiste de l'EIIS. [Photo fournie par Azad Dudeki]

Une large section du camp d'al-Hol dans la province syrienne d'al-Hasakeh abrite des femmes de l'EIIS, dont beaucoup épousent encore l'idéologie extrémiste de l'EIIS. [Photo fournie par Azad Dudeki]

Une récente étude montrant que les femmes extrémistes en Europe ou revenant d'Irak ou de Syrie doivent être vues non comme des « épouses », mais comme des activistes capables de jouer un rôle actif dans de futures attaques résonne comme la réalité pour les responsables du camp d'al-Hol, en Syrie.

Cette étude, publiée mercredi 11 septembre à Bruxelles par l'organisation non gouvernementale GLOBSEC basée en Slovaquie examine les cas de 326 extrémistes européennes capturées, déportées ou tuées depuis 2015.

Elle montre que bien que les femmes et les jeunes filles ne représentaient qu'une petite minorité des « combattants terroristes étrangers », nombre d'entre elles représentent encore une menace importante.

Sur les quelque 43 femmes suspectes concernées par cette étude, l'organisation a enregistré des cas de « planificatrices d'attentats, recruteuses actives pour le djihad, propagandistes et ce qui pourrait effectivement être appelé une responsable logistique », chargée d'abriter des combattants, a indiqué ce rapport.

Une femme de l'EIIS dans le camp d'al-Hol est traitée par un médecin du Croissant-Rouge kurde. [Photo fournie par le Croissant-Rouge kurde]

Une femme de l'EIIS dans le camp d'al-Hol est traitée par un médecin du Croissant-Rouge kurde. [Photo fournie par le Croissant-Rouge kurde]

Des femmes de l'EIIS attendent avec leurs enfants d'obtenir des médicaments dans le camp d'al-Hol, dans la province syrienne d'al-Hasakeh. Une étude récente a montré que les femmes extrémistes en Europe ou revenant d'Irak ou de Syrie doivent être vues non comme des « épouses », mais comme des activistes capables de jouer un rôle actif dans de futures attaques. [Photo fournie par le Croissant-Rouge kurde]

Des femmes de l'EIIS attendent avec leurs enfants d'obtenir des médicaments dans le camp d'al-Hol, dans la province syrienne d'al-Hasakeh. Une étude récente a montré que les femmes extrémistes en Europe ou revenant d'Irak ou de Syrie doivent être vues non comme des « épouses », mais comme des activistes capables de jouer un rôle actif dans de futures attaques. [Photo fournie par le Croissant-Rouge kurde]

Il a rappelé la tentative faite par une femme il y a trois ans de faire exploser une bombe dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, et les récents efforts d'Européennes emprisonnées membres de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) de lancer des campagnes de financement participatif.

« Il est désormais clair que les quelque 40 femmes incluses dans ces données ne sont pas seulement des « épouses », parce que le rôle qu'elles jouent dans les réseaux terroristes est bien plus sophistiqué et exigeant », a poursuivi le rapport.

« Pas seulement des épouses ou des mères »

Il est maintenant clair pour les responsables du camp d'al-Hol, dans l'est d'al-Hasakeh, que nombre des femmes de l'EIIS qui y sont détenues ne sont pas seulement des épouses ou des mères, a expliqué à Diyaruna Azad Dudeki, responsable au sein du Croissant-Rouge kurde.

Leur travail au sein de l'EIIS consistait en des tâches d'al-hesba (la « police religieuse ») et de patrouilles armées, en plus d'activités logistiques telles que le recrutement en ligne, a-t-il déclaré.

Nombre de ces femmes, à la fois syriennes et étrangères, continuent d'adhérer à la ligne dure de l'idéologie du groupe et d'appliquer ses enseignements à l'intérieur du camp, a-t-il ajouté.

Il les a décrites comme cruelles au point d'être criminelles, rappelant les durs traitements infligés aux femmes qui tentent de s'écarter des principes rigides, et leurs attaques contre les gardes assignés à leur protection.

« La section du camp d'al-Hol qui abrite les femmes de l'EIIS est l'un des endroits les plus dangereux qui soient », a ajouté Dudeki, soulignant que les résidentes les plus radicales sont celles qui sont arrivées après que le groupe eut été chassé d'al-Baghouz.

Elles ont organisé des équipes d'al-hesba qui punissent quiconque tente de s'éloigner d'elles, notant qu'il y a eu au moins deux cas enregistrés de jeunes femmes tuées parce qu'elles avaient enlevé leur niqab.

Elles ont également empêché d'autres femmes de passer des examens médicaux seules, assignant des escortes de l'al-hesba à toutes les patientes afin de les maintenir « dans le droit chemin ».

Il a également été enregistré plusieurs cas de femmes de l'EIIS poignardant des gardes et disparaissant au milieu des autres femmes, toutes portant le niqab, rendant difficile l'identification des auteures, a-t-il ajouté.

Lien entre crime et extrémisme

L'étude de GLOBSEC s'est intéressée aux liens existant entre crime et extrémisme, soulignant que de nombreuses combattantes extrémistes avaient commencé en ayant des casiers judiciaires ordinaires et s'étaient radicalisées en prison.

Un tiers des cas étudiés sont des combattantes étrangères qui, à leur retour en Europe, « jouent souvent un rôle d'entrepreneurs djihadistes ou de chefs charismatiques de cellules ou de réseaux », a ajouté ce rapport.

Lors de la présentation de ce rapport, les responsables européens chargés de la politique sécuritaire ont appris que la plupart de celles reconnues coupables en Europe de crimes terroristes avaient commis des crimes après leur libération.

Les efforts de déradicalisation ont été pour l'essentiel un échec

« Après des années d'étude, le personnel néerlandais n'a pu donner que deux exemples de prisonnières déradicalisées », a indiqué Bart Schuurman, spécialiste de la sécurité à l'université de Leiden aux Pays-Bas, co-auteur de ce rapport. « C'est une mission quasiment impossible dans la plupart des cas. »

Il a noté que si le débat sur la déradicalisation reste central, « je ne pense pas qu'il soit utile ».

Au lieu de cela, a-t-il conclu avec les autres auteurs de ce rapport, les autorités carcérales s'attachent de plus en plus à ségréguer les extrémistes convaincues du reste de la population carcérale pour les empêcher de radicaliser les autres.

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