NOUVELLES D’IRAK
Réfugiés

Les camps de Ninive se vident avec le retour des familles dans leurs foyers

Khalid al-Taie

Des habitants déplacés de Ninive déposent une demande de retour auprès de la Direction de migrations de Ninive le 26 août. [Photo fournie par la Direction des migrations de Ninive]

Des habitants déplacés de Ninive déposent une demande de retour auprès de la Direction de migrations de Ninive le 26 août. [Photo fournie par la Direction des migrations de Ninive]

La population vivant dans les camps de déplacés de la province de Ninive se réduit progressivement alors que les résidents chassés de leurs maisons par « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) rentrent chez eux en grands nombres, ont expliqué des responsables locaux à Diyaruna.

Nombre de ces personnes déplacées choisissent de rentrer chez elles en dépit des difficultés liées à leur retour, tel que le mauvais état des services publics et les conditions de vie difficiles.

Bakr Salman et sa famille faisaient partie d'un récent groupe de revenants qui avaient choisi de quitter le camp d'al-Jadaa début août et de rentrer dans leurs maisons à Mossoul.

Salman a expliqué à Diyaruna qu'il envisageait depuis longtemps de rentrer dans son quartier d'al-Saha, dans l'ouest de Mossoul, mais qu'il avait reporté plusieurs fois sa décision en raison d'informations faisant état du « mauvais état des services publics » dans cette région.

Des familles chassées de chez elles quittent les camps de déplacés pour rentrer dans leurs foyers dans la province de Ninive, le 1er avril 2018. [Photo fournie par le Service des migrations de la région du Kurdistan]

Des familles chassées de chez elles quittent les camps de déplacés pour rentrer dans leurs foyers dans la province de Ninive, le 1er avril 2018. [Photo fournie par le Service des migrations de la région du Kurdistan]

« Les services ne sont certes pas encore excellents, mais ils se sont améliorés ces deux dernières années, ce qui nous a incités à rentrer », a-t-il précisé.

Salman s'est dit heureux de voir que sa maison n'avait pas été fortement endommagée lors des combats, soulignant que « les maisons endommagées et le chômage sont parmi les principales raisons pour lesquelles de nombreuses familles ne sont pas rentrées ».

Retour de centaines de personnes chaque jour

Ces trois dernières années, la Direction des migrations de Ninive a enregistré le retour de quelque 70 000 familles des camps de déplacés dans les faubourgs de Mossoul vers leurs maisons dans toute la province.

Malgré la persistance de problèmes, la crise des déplacements dans Ninive « n'est aujourd'hui plus aussi sévère que par le passé », a expliqué Basman Akrem Ahmed, le directeur des relations publiques et des médias de cette Direction.

Celle-ci « reçoit entre 300 et 500 demandes par jour de déplacés internes (DI) qui souhaitent quitter les camps et rentrer dans leurs foyers », a-t-il précisé à Diyaruna.

« Nous enregistrons aujourd'hui quelque 20 000 formulaires complétés remplis par des DI en attente d'un statut de revenants », a poursuivi Ahmed.

La Direction supervise 14 camps, dont la plupart sont situés dans le sud de Mossoul : les six camps d'al-Jadaa, auxquels s'ajoutent ceux d'al-Mudarrij, d'al-Haj Ali, d'al-Namroud, de Sinjar, deux camps à Hammam al-Alil et deux autres encore à al-Salamiya, a-t-il détaillé.

« Depuis début 2016, un flot ininterrompu de DI a quitté ces camps », a-t-il continué, ajoutant que seules y restent quelque 33 000 familles, environ 155 000 personnes.

Le ministère irakien des Migrations et des Déplacements a accordé aux nombreuses familles qui choisissent de rentrer une aide financière et d'autres services, a-t-il ajouté.

Des aides de 1,5 million de dinars irakiens (1250 USD) ont été accordées à 12 000 familles de revenants, a-t-il ajouté, dont 6400 sont originaires de Ninive.

En plus de ces aides, « le ministère offre aux revenants un programme de soutien sous la forme d'une réinsertion professionnelle et à l'emploi et une aide à la création de petites entreprises », a-t-il poursuivi.

Certains signes montrent que la crise des déplacements à Ninive est « en passe d'être résolue, au vu de la relative amélioration des services publics », a expliqué à Diyaruna Hussam Eddin al-Abbar, membre du conseil provincial de Ninive.

Ce conseil s'efforce de faire revenir les habitants de Ninive en accentuant ses efforts d'amélioration des services tels que l'eau et l'électricité, et de remise en état des infrastructures comme les routes et les ponts, a poursuivi al-Abbar.

Retour des familles d'Erbil

Les habitants déplacés de Ninive reviennent également de plus loin, à l'instar des quelque 8500 revenus d'Erbil ces dernières années, a précisé Buraq Auf Abdoul Rahman, directeur des relations publiques au bureau du ministère pour la région kurde.

À Erbil, six camps, les deux camps de Hassan Sham et ceux d'al-Khazir, de Daibka, de Bahraka et d'Arsham, abritent des milliers de DI originaires de Mossoul et d'autres villes de Ninive, a-t-il expliqué à Diyaruna.

Le bureau enregistre entre 30 et 50 familles de revenants par semaine, ce qui est un indicateur positif, a-t-il ajouté, « même si certaines familles ont pu choisir de revenir dans les camps en raison du mauvais état des services publics ou de la rareté des offres d'emploi ».

Le ministère consent des efforts importants pour encourager les personnes déplacées à rentrer dans leurs foyers, a-t-il conclu, ajoutant que « si certains DI ne parviennent pas à rentrer, nos camps les accueillent de nouveau ».

Aimez-vous cet article?

0 COMMENTAIRE (S)
Politique Commentaire * INDIQUE CHAMP NÉCESSAIRE 1500 / 1500