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Des milices alignées sur l'Iran stockent des armes dans de grandes villes irakiennes

Hassan al-Obaidi à Bagdad

Des combattants irakiens de la milice Asaib Ahl al-Haq, qui est soutenue par l'Iran, portent les cercueils de huit camarades tués en Syrie, lors de leurs funérailles dans la ville sainte de Nadjaf le 16 mars 2016. [Haidar Hamdani/AFP]

Des combattants irakiens de la milice Asaib Ahl al-Haq, qui est soutenue par l'Iran, portent les cercueils de huit camarades tués en Syrie, lors de leurs funérailles dans la ville sainte de Nadjaf le 16 mars 2016. [Haidar Hamdani/AFP]

Lundi 12 août, une explosion dans un dépôt d'armes du camp militaire de Saqr, au sud de Bagdad, où des armes utilisées par des milices soutenues par l'Iran étaient stockées, a envoyé des missiles dans les environs, blessant 29 personnes.

Le Premier ministre irakien Adel Abdoul Mahdi a ordonné une enquête sur l'incident et a déclaré que toutes les bases militaires et les dépôts d'armes devaient être déplacés hors des villes irakiennes, a rapporté l'AFP.

Cette explosion est la dernière d'une série d'incidents similaires qui ont tué ou blessé des dizaines d'Irakiens dans les provinces de Bagdad, Kerbala et Babil au cours des deux dernières années, suscitant des craintes parmi les habitants quant à la présence de dépôts d'armes et de munitions dans les zones résidentielles.

À la mi-juin, une autre explosion dans un vaste dépôt d'armes appartenant à Asaib Ahl al-Haq, soutenu par l'Iran, dans la ville de Baiji au nord de Bagdad, a causé des dégâts considérables aux biens publics.

En juin 2018, une explosion dans un dépôt d'armes à l'intérieur d'une husseiniyah dans la ville de Sadr, dans l'est de Bagdad, a tué 11 civils, dont quatre enfants, et en a blessé 90 autres. Elle a également détruit plus de 20 maisons, selon des responsables de la sécurité.

Une autre explosion survenue dans un dépôt d'armes d'Asaib Ahl al-Haq, dans le quartier d'al-Jadida à Bagdad fin 2016 a fait 73 morts et blessés irakiens.

Non-respect des ordres du gouvernement

Ces explosions auraient été causées par la négligence, à cause de mauvaises conditions de stockage et des températures élevées, en particulier pendant les mois d'été, précisent des responsables et des experts.

En septembre 2016, l'ancien Premier ministre irakien Haider al-Abbadi avait publié un décret ordonnant à toutes les milices de retirer leurs armes des villes et des zones habitées.

De nombreuses milices soutenues par l'Iran ne s'y sont pas pliées, ont fait savoir des responsables à Diyaruna.

Les groupes armés connus pour être liés à l'Iran « refusent de déplacer leurs dépôts d'armes hors des villes, même s'ils utilisent de mauvaises méthodes de stockage qui augmentent le risque d'explosion avec la chaleur de l'été », a rapporté un haut responsable irakien du ministère de l'Intérieur.

« Au moins 100 dépôts d'armes sont situés dans des maisons, des lieux de culte, des garages et des bâtiments publics dans les provinces de Bagdad, Babil, Kerbala, Salaheddine, Diyala et l'Anbar », a déclaré à Diyaruna cette source qui a demandé à rester anonyme.

Ils contiennent des munitions, des missiles, des roquettes et des explosifs bruts stockés de façon dangereuse et sont situés dans des quartiers densément peuplés qui risquent à tout moment d'être détruits par une explosion, a-t-il déclaré.

Tous les groupes armés ne se sont pas pliés aux ordres d'al-Abbadi de déplacer leurs armes, a-t-il indiqué, notant que certaines milices « connues pour être liées à l'Iran ont refusé de le faire ».

Ces milices incluent notamment Harakat al-Nujaba, Saraya al-Khorasani, Asaib Ahl al-Haq, Saraya Ashoura et Kataib Hezbollah, a-t-il précisé.

Des familles obligées de fuir

Les milices soutenues par l'Iran « reportent et retardent le déplacement de leurs armes vers des lieux éloignés des quartiers résidentiels », a déclaré l'analyste Fouad Ali, spécialiste des groupes extrémistes.

Certaines familles de Bagdad ont quitté leur foyer « après que des miliciens se sont installés dans leur quartier et ont transformé des maisons et des lieux de culte en quartier général », a-t-il rapporté à Diyaruna.

« Elles sont parties parce qu'elles craignaient des explosions semblables à d'autres qui ont tué des dizaines de civils », a-t-il ajouté.

Les armes que les milices stockent à l'intérieur des villes « sont des armes légères à moyennes et comprennent de l'artillerie, des roquettes, des explosifs bruts, des EEI et des mines », a fait savoir Ali.

Ces armes sont souvent appelées « le butin de l'EIIS », en référence aux armes abandonnées par le groupe, a-t-il expliqué.

Les milices étaient tenues de remettre ces armes au gouvernement, mais elles les ont saisies à la place, a-t-il ajouté.

L'armée irakienne doit poursuivre ses efforts dans ce domaine, car c'est un sujet de préoccupation et une menace pour la sécurité des civils, a affirmé à Diyaruna Saad al-Matlabi, membre du comité de sécurité du conseil provincial de Bagdad.

« Défi majeur »

Ces dépôts d'armes « sont devenus un problème majeur pour l'État », a déclaré Firas Elo, membre du Mouvement civil irakien.

Les groupes armés fidèles au gouvernement irakien ont obéi aux ordres d'al-Abbadi consistant à sortir leurs armes des quartiers résidentiels, a-t-il déclaré à Diyaruna.

« Mais les milices liées à Qassem Suleimani (commandant de la force al-Qods du CGRI), comme Kataib Hezbollah et Harakat al-Nujaba, ne s'y sont pas conformées et leurs armes et explosifs continuent de menacer les civils et de saper l'autorité de l'État et la loi », a-t-il indiqué.

Les milices utilisent les maisons des chrétiens et des membres d'autres minorités déplacés de force au cours des dernières années comme quartiers généraux et pour le stockage d'armes, a rapporté Elo.

Les zones dans lesquelles ces milices maintiennent une présence sont aujourd'hui « indésirables à y vivre », a-t-il ajouté.

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1 COMMENTAIRE (S)
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Vous pleurez toujours sur Saddam et aimez toujours l'EIIS! Hahahahahahahahahahaha!

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