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Les milices appuyées par l'Iran répriment des manifestations en Irak

Faris al-Omran

Des manifestants irakiens défilent en portant des drapeaux nationaux lors d'une manifestation organisée le 19 juillet à Bassorah pour protester contre la corruption, le chômage et le manque de services publics. [Hussein Faleh/AFP]

Des manifestants irakiens défilent en portant des drapeaux nationaux lors d'une manifestation organisée le 19 juillet à Bassorah pour protester contre la corruption, le chômage et le manque de services publics. [Hussein Faleh/AFP]

Certains Irakiens craignent que les milices appuyées par l'Iran n'aient recours à une force excessive pour réprimer de nouvelles vagues de protestation contre la déficience de services publics et l'intervention iranienne qui ont éclaté en juin dans plusieurs des provinces méridionales d'Irak.

Les milices appuyées par l'Iran avaient participé à la répression de manifestations similaires qui avaient éclaté l'an dernier dans la province méridionale de Bassorah.

En 2018, les milices appuyées par l'Iran comme l'organisation Badr, Asaib Ahl al-Haq, Kataib Hezbollah, Saraya al-Khorasani et Harakat al-Nujaba s'en étaient pris à des manifestants et des militants des droits civils dans la province de Bassorah.

Plusieurs militants ont expliqué à Diyaruna que ces actions de répression avaient été menées avec le soutien du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), et ont rappelé l'arrestation ou la disparition de plusieurs manifestants et des menaces à l'encontre de leurs partisans et de leaders tribaux.

Des manifestants dans la province irakienne de Bassorah protestent contre la mauvaise qualité des services publics, en mars. [Photo extraite de la page Facebook de la province de Bassorah]

Des manifestants dans la province irakienne de Bassorah protestent contre la mauvaise qualité des services publics, en mars. [Photo extraite de la page Facebook de la province de Bassorah]

Les milices semblent se préparer à de nouvelles actions de répression contre les manifestations, alors que les Irakiens « exercent leur droit à manifester contre la dégradation des services publics et l'ingérence iranienne », a déclaré à Diyaruna le journaliste irakien Omar al-Janabi.

« Les méthodes barbares utilisées par les milices lors des précédentes manifestations sont destinées à intimider la population et à la dissuader de poursuivre ses actions de protestation », a-t-il poursuivi.

« Ces groupes ont l'intention d'intensifier encore leurs actions pour protéger leurs intérêts ainsi que leur contrôle et leur influence sur l'État et l'économie », a-t-il ajouté.

Militants assassinés

Ces derniers mois, au moins trois militants irakiens ont été assassinés par des agresseurs non identifiés soupçonnés d'être liés au régime iranien, parmi lesquels Souad al-Ali, directeur de l'organisation al-Wid al-Alami des droits de l'homme de Bassorah, tué en septembre.

Cheikh Wissam al-Gharrawi, un intellectuel religieux et militant de premier plan lors des manifestations à Bassorah avait été abattu en novembre, tandis que le journaliste et écrivain irakien Alaa Mashzoub avait pour sa part été assassiné en février.

Plusieurs jeunes qui avaient participé à ces manifestations ont également été assassinés, plusieurs articles parus dans les médias affirmant que des groupes de la mort affiliés aux milices avaient reçu d'Iran des listes des noms de militants irakiens.

La Haute Commission indépendante des droits de l'homme irakienne a reçu des dizaines de plaintes concernant des arrestations ou des disparitions de militants, dont le sort reste inconnu, ainsi que des rapports de menaces de mort anonymes.

Les milices appuyées par l'Iran sont responsables d'avoir commis plusieurs crimes contre des militants et des journalistes exerçant leur droit à la libre expression, a expliqué Ghazi Faisal Hussein, consultant auprès du Centre irakien d'études stratégiques.

Les services de renseignement iraniens et la force Al-Qod du CGRI « ont joué un rôle important dans la répression des dernières manifestations, notamment celles organisées à Bassorah », a-t-il expliqué à Diyaruna.

« Ils n'hésiteront pas à déployer toutes leurs ressources pour cibler les manifestations pacifiques des Irakiens qui se rassemblent pour dénoncer leurs activités criminelles et leur pillage des ressources du pays », a-t-il ajouté.

Ces manifestations sont un signe du ressentiment qu'éprouvent les Irakiens à l'encontre du régime iranien et de ses milices, a-t-il expliqué, soulignant que de nombreuses personnes tiennent ces milices pour responsables de la corruption généralisée et de la mauvaise qualité des services publics.

Lutter contre l'influence iranienne

Les milices épaulées par l'Iran font courir à l'Irak le risque de sanctions internationales en se livrant illégalement à un trafic de pétrole iranien par les ports irakiens, a expliqué Hussein.

Elles épuisent l'économie irakienne en imposant des droits de douane sur les entreprises industrielles et commerciales dans les secteurs où elles sont influentes, a-t-il poursuivi.

Hussein a accusé les milices d'administrer des prisons secrètes à Bagdad, Bassorah et ailleurs, qui ne relèvent pas de l'administration du ministère de l'Intérieur, du ministère de la Justice « ou de toute autre autorité gouvernementale ».

Les milliers de personnes détenues dans ces prisons ont été arrêtées sans mandat d'arrêt ni procès, a continué Hussein, affirmant qu'elles y « sont soumises à des tortures et des pratiques d'interrogatoire brutales par des agents iraniens ».

Il a exhorté le gouvernement irakien à mettre en place des mesures plus efficaces pour mettre un terme aux pratiques illicites qui constituent « autant de violations flagrantes de la souveraineté et de la responsabilité de l'État mandaté par la constitution ».

Un habitant de Bassorah qui a souhaité garder l'anonymat a pour sa part expliqué à Diyaruna qu'il condamne fermement les efforts iraniens visant à « museler les voix et supprimer des droits qui sont pourtant protégés par le système démocratique et la constitution de l'Irak ».

« Ces milices ne nous effraieront pas, parce que c'est notre droit d'organiser des manifestations pacifiques à n'importe quel moment et n'importe où afin de faire valoir nos demandes légitimes dans un cadre légal », a-t-il poursuivi.

Ces demandes incluent notamment « l'amélioration des services, la lutte contre la corruption, le combat contre l'illégalité et la protection de la souveraineté de la nation contre toute forme d'intervention extérieure », a-t-il conclu.

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1 COMMENTAIRE (S)
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Tant que le nom de l'auteur de l'article est Omar, cela signifie que c'est plein de mensonges.

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