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L'Iran alimente le sectarisme en Irak pour étendre son influence

Faris Omran

Des membres d'une milice appuyée par l'Iran participent à un défilé lors de la Journée d'al-Qod parrainée par l'Iran dans la province irakienne de Wasit, en juin 2017. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Des membres d'une milice appuyée par l'Iran participent à un défilé lors de la Journée d'al-Qod parrainée par l'Iran dans la province irakienne de Wasit, en juin 2017. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

En alimentant les conflits sectaires en Irak, les milices irakiennes appuyées par l'Iran tentent d'imposer le programme du régime iranien, ont expliqué des responsables et des politologues irakiens.

Par le biais de ses intermédiaires en Irak, qui sont contrôlés par le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), l'Iran tente de modifier la composition démographique des régions libérées de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS).

« Le CGRI s'efforce d'étendre son influence et de contrôler le pays par le biais de ses intermédiaires tyranniques sous la forme de milices sectaires dirigées par Qassem Suleimani [le commandant de la Force al-Qod du CGRI] », a expliqué à Diyaruna l'ancien député irakien Mithal al-Alousi.

Le CGRI a renforcé les milices qui adoptent la doctrine de la Wilayat al-Faqih (la Tutelle du Juriste), dans le but de s'implanter durablement dans toutes les provinces irakiennes afin de servir les objectifs de l'Iran, a-t-il poursuivi.

Ces milices cherchent à dominer la rue irakienne et à influencer les décideurs, et mettent en œuvre les plans de l'Iran en alimentant les tensions sectaires entre Irakiens au service des intérêts de l'Iran, a-t-il ajouté.

« Les milices ont assassiné des militants et des intellectuels libres-penseurs dans plusieurs provinces d'Irak, comme Bassorah, Kerbala, Nadjaf et au cœur même de Bagdad, dans le cadre de ce plan », a déclaré al-Alousi.

« Elles veulent museler les voix [dissidentes] et luttent contre la coexistence civile en propageant [le sectarisme] et une culture d'hostilité envers l'autre », a-t-il affirmé.

« Fomenter les conflits sectaires est l'une des armes les plus dangereuses qu'utilise Téhéran pour parvenir à ses fins », a-t-il expliqué, car cela ouvre la voie à une plus grande influence politique et économique iranienne.

Al-Alousi a mis en garde contre « les dangers d'être la proie d'une sorte d'escalade ou de tentatives d'obscurcissement utilisant des slogans trompeurs et de fausses incitations ». Il a également appelé la communauté internationale à lutter contre les agissements hostiles de l'Iran et de ses intermédiaires.

« Une forme de terrorisme »

Le nombre croissant d'activités sectaires en Irak, notamment dans les villes libérées de l'EIIS, est en soi « une forme de terrorisme », a déclaré à Diyaruna le journaliste irakien Ziyad al-Sinjari.

Sur les ordres du CGRI, a-t-il ajouté, les milices irakiennes épaulées par l'Iran ont « saisi des biens et des terres appartenant à l'État, ainsi que sur des mosquées qui appartenaient à la Waqf (Dotation) sunnite depuis des années à Mossoul ».

Parmi elles se trouvent la mosquée du Prophète Seth, la mosquée du Prophète Younis et le marché des bijoutiers, a-t-il précisé.

La population locale a répondu à ces agissements avec « colère et ressentiment », a-t-il poursuivi, les interprétant comme « une tentative flagrante d'alimenter le sectarisme ».

« Ces milices tentent également de modifier la composition démographique du pays en déportant les habitants et en les empêchant de revenir vers leurs régions originales de résidence », a-t-il rapporté.

Cela a été le cas dans le district Jarf al-Sakhr de la province de Salaheddine, où les habitants ont été empêchés de rentrer par les milices appuyées par l'Iran après le départ de l'EIIS.

Des tentatives similaires ont été signalées dans plusieurs localités situées aux confins des provinces de Bagdad et de Ninive, a poursuivi al-Sinjari.

Les autres actions des milices comprennent des arrestations arbitraires et du harcèlement, a-t-il ajouté, qui tous visent à enfoncer le coin du sectarisme et à « alimenter les divisions dans la société ».

Autre signe de l'influence iranienne dans certaines parties de l'Irak, notamment dans la province de Diyala, des affiches et des tracts ouvertement sectaires sont affichés au grand jour dans les rues et les espaces publics, avec des photos de responsables iraniens.

L'identité irakienne en danger

Saper l'identité irakienne est « l'une des choses les plus dangereuses que visent à réaliser l'Iran et ses milices affiliées », a expliqué Ghazi Faisal Hussein, conseiller auprès du Centre irakien d'études stratégiques.

« En Iran, le régime repose sur l'objectif stratégique consistant à exporter la doctrine de la Wilayat al-Faqih dans la région », a-t-il expliqué à Diyaruna, raison pour laquelle le régime tente d'influencer les identités culturelles et religieuses des autres nations.

L'Iran favorise la Wilayat al-Faqih chez les chiites irakiens pour propager l'idée qu'ils doivent être « totalement fidèles à l'Iran », a-t-il expliqué, ajoutant que l'Iran cherche aussi à dominer la ville sainte de Nadjaf.

« Les Iraniens veulent propager leur idéologie auprès des habitants des régions libérées », a conclu Hussein, précisant que le régime utilise « la carotte et le bâton » pour pousser les habitants à accepter la Wilayat al-Faqih.

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1 COMMENTAIRE (S)
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M. Mithal al-Alousi a déclaré que les relations entre la République islamique d'Iran et le peuple irakien étaient meilleures que les relations avec Israël auxquelles cette personne appartient. Assez avec votre charlatanisme, vos mensonges et vos déviations! Le sectarisme est de vous et en vous. Les chiites ont toujours été fidèles à leurs convictions et ont toujours été pacifiques envers toutes les autres sectes et religions. La preuve en est qu'ils ont défendu les sunnites avec tout ce qu'ils ont, et les Iraniens ont donné des martyrs pour le bien de l'Irak des sanctuaires.

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