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Les Irakiens saluent l'inscription d'une fausse entreprise du CGRI sur la liste noire américaine

Faris Omran

Des membres du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) iranien lors d'un rassemblement le 1er novembre 2017. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Des membres du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) iranien lors d'un rassemblement le 1er novembre 2017. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Les intérêts et les activités de l'Iran en Irak ont subi de douloureux revers à la suite de la décision prise par les États-Unis de porter sur leur liste noire plusieurs personnes physiques et morales liées au Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), ont expliqué des experts et des citoyens.

Le 12 juin, le Département américain du Trésor a placé la South Wealth Resources, basée en Irak, sur sa liste noire, précisant que cette société est un écran financier et de trafic d'armes important pour le CGRI.

Le Trésor a expliqué que la Manabea Tharwat al-Janoob General Trading Company était utilisée par le CGRI pour faire entrer en contrebande en Irak « des centaines de millions de dollars » en armes pour le CGRI.

Cette société a également permis de faire entrer des millions de dollars en Irak « pour des activités financières illicites bénéficiant » au CGRI et aux milices irakiennes qu'il soutient.

La société et deux Irakiens qui travaillaient avec elle, Makki Kazim Abd al-Hamid al-Asadi et Mohammed Husayn Salih al-Hasani, ont également été placés sur la liste des « terroristes mondiaux spécifiquement désignés » du Département d'État américain.

« Je suis favorable à toute décision qui permet de traquer les sociétés qui financent le CGRI et ses milices et de mettre fin à leurs activités », a déclaré un habitant de Bagdad sous condition d'anonymat.

« Ces sociétés agissent comme un réservoir d'essence du régime [iranien], et il est donc important que ce réservoir soit vidé afin que notre pays et le monde puissent connaître la stabilité », a-t-il poursuivi pour Diyaruna.

« Le régime iranien ne souhaite rien de bon au peuple iranien », a expliqué à Diyaruna Haj Abou Mohammed, un natif de Bassorah.

« Nous sommes favorables à toute décision de restreindre les intérêts iraniens en Irak, dont la dernière a consisté à inscrire Manabea Tharwat al-Janoob sur la liste noire », a-t-il indiqué.

« Preuve du rôle de l'Iran »

Avoir démasqué Manabea Tharwat al-Janoob apporte une « preuve claire du rôle de l'Iran dans la destruction de l'Irak », a déclaré le politologue Abdoul Qader al-Nayel.

« Le régime iranien utilise ses intermédiaires, les milices irakiennes, pour gagner de l'argent à partir d'activités suspectes et d'opérations criminelles aux dépens de l'économie irakienne et par le pillage de ses ressources », a-t-il expliqué à Diyaruna.

L'Iran exploite les ressources financières des Irakiens pour servir ses propres intérêts et financer ses groupes armés dans le but d'étendre son influence en Irak et à l'étranger, a-t-il ajouté.

Al-Nayel a appelé à renforcer les efforts pour cibler tous les intérêts iraniens clandestins en Irak, soulignant l'existence de « sociétés, de banques et d'entreprises, dont certaines sont administrées par des agents secrets qui entretiennent des liens étroits en Irak et collectent de l'argent pour son compte et pour ses groupes terroristes ».

« Pendant plus de dix ans, l'Iran a fondé de nombreuses sociétés et usines qui ont bénéficié de licences commerciales en Irak pour infiltrer l'économie et le marché irakiens », a expliqué à Diyaruna l'analyste stratégique Mouayed al-Juhayshi.

Ces sociétés opèrent dans les secteurs de la banque, du commerce et de la finance pour financer l'Iran et contribuer à soulager la pression économique des sanctions contre Téhéran, a-t-il poursuivi.

« Une part importante des revenus de ces sociétés est dirigée vers les milices irakiennes, le Hezbollah libanais et les Houthis [Ansarallah] », a-t-il ajouté.

Réduire les ambitions de l'Iran

La décision du Trésor américain de porter Manabea Tharwat al-Janoob sur la liste noire a été précédée d'une autre en mars, qui visait elle à imposer des sanctions contre un réseau de 25 personnes et entreprises, y compris un ensemble de sociétés-écrans, en Iran, en Turquie et aux Émirats arabes unis, qui aidaient à lever des milliards de dollars pour financer les opérations du CGRI et échapper aux sanctions américaines.

En mars, le Département américain du Trésor avait également sanctionné la milice Harakat al-Nujaba, épaulée par l'Iran, ainsi que son leader Akram Kaabi.

Il espère que ces sanctions constitueront « une dissuasion efficace pour lutter contre les ambitions iraniennes et affaiblir ses agents », a indiqué à Diyaruna l'analyse stratégique et militaire Rabie al-Jawary.

« Téhéran dirige des réseaux qui font office de passerelles pour lever des fonds provenant de différentes sources pour tenter d'échapper aux sanctions et de financer son très influent CGRI ainsi que les groupes qui lui sont affiliés », a-t-il ajouté.

Mais des « coups sévères » ont aujourd'hui été portés à ces passerelles, a-t-il déclaré.

« Le gouvernement irakien doit resserrer son contrôle [sécuritaire] et empêcher les Iraniens de remplir leurs coffres avec de l'argent irakien », a conclu al-Jawary.

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2 COMMENTAIRE (S)
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Je suis juste surpris. Nous avons ignoré l’arrogance, l’hégémonie et l’insouciance de l’Amérique, de l’Occident et d’Israël, et nous, musulmans, nous cherchons les fautes de chacun. Nous avons attaqué la plupart des factions armées que l’Amérique a inscrites sur la liste noire. Y a-t-il une pire chose que l'armée américaine qui a agressé sexuellement des hommes dans la prison d'Abou Ghraib et qui a tué plus de 3 millions d'Irakiens? C'est ce qu'il a fait après 12 ans d'inspections rigoureuses incluant même des écoles sous prétexte d'armes de destruction massive. Cependant, aucune arme n'a été trouvée. Pourquoi alors la guerre et la mobilisation? Réveillez-vous, Arabes, et restez liés les uns aux autres. Nous sommes tous frères et partageons le même camp [du prophète] Mohammed ; nous ne devrions être affiliés à personne.

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Bien dit! Cependant, les États-Unis sont au courant de ces changements dès le début. Pourquoi devraient-ils se taire s'ils avaient raison?

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