Le ministère irakien de la Culture s'apprête à lancer un nouveau projet ambitieux destiné à combattre l'idéologie extrémiste sur un plan culturel, avec l'aide d'un ensemble de partenaires non gouvernementaux.
Le 22 mai, le ministre de la Culture Abdoul Amir al-Hamadani a rencontré des représentants de syndicats et d'organismes culturels et médiatiques pour présenter les objectifs de ce projet et son plan de mise en œuvre sur le terrain.
Ce projet cherchera à répondre à « toutes les idées terroristes destructrices dans le but de nettoyer la société de cette pensée », a déclaré Adnan al-Siraj, directeur du Centre irakien de développement des médias.
« Par le biais de cette initiative, le ministère souhaite protéger la société et les générations futures de la menace de ces idées », a-t-il expliqué à Diyaruna.
Ce projet comprendra des programmes de long terme et impliquera l'État et des organisations non gouvernementales (ONG), les médias et d'autres entités, a-t-il ajouté.
« Chacun doit y participer et a une prérogative nationale pour combattre l'extrémisme », a-t-il poursuivi.
« Les programmes et les plans sont en cours, et d'autres réunions et de petits ateliers seront organisés pour envisager tous les aspects du projet », a expliqué al-Siraj, précisant que tout cela bénéficiera d'un fort soutien gouvernemental.
L'attention se portera notamment sur les films documentaires et les festivals de théâtre, ainsi que sur l'organisation d'activités culturelles et de salons du livre et de la photographie, a-t-il précisé.
L'objectif ultime est de montrer en quoi cette idéologie extrémiste dévie de l'islam, et de présenter les impacts catastrophiques qu'elle a sur les communautés, a-t-il poursuivi.
Un travail est aussi en cours pour organiser des campagnes de sensibilisation et d'éducation dans les écoles et les lieux publics et distribuer des brochures et des posters dénonçant l'extrémisme et renforçant le tissu sociétal, a-t-il ajouté.
Une bataille sur tous les fronts
« La défaite militaire des terroristes ne signifie pas la fin de l'histoire », a déclaré à Diyaruna le secrétaire général du Syndicat des journalistes irakiens, Ibrahim al-Khayat.
Le plus grand défi depuis l'expulsion de l'EIIS consiste à savoir « comment empêcher les terroristes de s'enraciner une nouvelle fois dans la société et bénéficier d'un second souffle en mettant en place des incubateurs au sein de la population », a-t-il poursuivi.
Al-Khayat a expliqué que son syndicat avait établi une feuille de route pour la période de l'après-EIIS et organisé plusieurs conférences et séminaires sur ce thème.
Il s'efforce d'intégrer ses idées et ses initiatives dans le projet global que le ministère de la Culture envisage de lancer, a-t-il indiqué.
« Nous ambitionnons de propager la paix et l'amour à la place de la haine, la violence et l'intolérance », a-t-il ajouté.
Cela inclura le « développement de tout un ensemble d'activités culturelles destinées à renforcer la cohésion de la communauté dans toute sa diversité et souligner que nous sommes tous dans le même bateau et devons renforcer notre expérience démocratique », a-t-il ajouté.
« Lutter contre la pensée extrémiste n'est pas une tâche aisée », a souligné al-Khayat.
« Pour que cela réussisse, nous devons non seulement concentrer nos efforts sur les aspects culturels, mais aussi travailler à améliorer la performance du gouvernement au niveau des services et lutter contre la pauvreté, l'illettrisme et la corruption », a-t-il ajouté.
L'effort visant à éradiquer l'extrémisme est « une bataille globale, culturelle, sociale et économique qui requiert que nous déployions toutes nos ressources pour parvenir à la victoire », a-t-il affirmé, exhortant toutes les entités à travailler ensemble dans ce but.
Protéger les jeunes et les mineurs
Les organisations de la société civile travaillent depuis des années à lutter contre la pensée extrémiste, a déclaré à Diyaruna Mohannad al-Awmari, responsable médias du Réseau de la société civile à Ninive.
« Plusieurs ateliers et campagnes de sensibilisation ont été organisés pour les habitants de Mossoul et d'autres villes de Ninive, et des projets sont en cours qui visent les jeunes et les mineurs pour lutter contre la pensée et les concepts déviants », a-t-il poursuivi.
Al-Awmari a appelé le gouvernement à soutenir ces activités et à orienter ses campagnes de conseil direct et de soutien psychologique en direction des enfants vivant dans les camps de déplacés.
« Nous devons rapidement accueillir et élever ces enfants afin que les idées terroristes et extrémistes ne puissent envahir leurs esprits », a-t-il conclu.