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La « Rue de la Culture » fait revivre la scène artistique de Falloujah

Saïf Ahmed dans l'Anbar

Un poète irakien récite un texte lors de l'inauguration de ce projet de Rue de la Culture à Falloujah, dans la province de l'Anbar. [Saïf Ahmed/Diyaruna]

Un poète irakien récite un texte lors de l'inauguration de ce projet de Rue de la Culture à Falloujah, dans la province de l'Anbar. [Saïf Ahmed/Diyaruna]

Chaque semaine, des écrivains, artistes et poètes irakiens convergent vers les rives de l'Euphrate, dans la ville de Falloujah, dans la province de l'Anbar, pour participer à un événement qu'ils ont baptisé la « Rue de la Culture ».

Ce rassemblement hebdomadaire d'artistes et d'intellectuels dans la partie ouest de la ville s'inscrit dans le cadre d'une initiative citoyenne destinée à restaurer la scène artistique et littéraire de la ville à la suite du départ de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS).

De nombreux artistes profitent de l'occasion pour exposer leurs travaux et initier des activités culturelles avec les habitants de Falloujah et d'autres régions d'Irak.

La communauté artistique et littéraire de Falloujah a joué un rôle fondamental dans la création de cette nouvelle Rue de la Culture, a expliqué le superviseur du projet Abdoul Salam Hussain al-Mohammadi, lui-même poète.

Des jeunes de Falloujah vendent des livres lors de l'événement hebdomadaire intitulé Rue de la Culture organisé sur la rive de l'Euphrate. [Saïf Ahmed/Diyaruna]

Des jeunes de Falloujah vendent des livres lors de l'événement hebdomadaire intitulé Rue de la Culture organisé sur la rive de l'Euphrate. [Saïf Ahmed/Diyaruna]

Ce projet tire son inspiration de la célèbre rue al-Moutanabbi de Bagdad, un quartier historique rempli de librairies et de cafés et qui a longtemps été un refuge pour les écrivains et les intellectuels.

C'est une condamnation de la pensée extrémiste, a-t-il expliqué à Diyaruna, soulignant que Falloujah « est une ville de culture et de science, et que l'EIIS est opposé à la science, à la poésie et au théâtre ».

Lorsqu'il contrôlait la ville, le groupe avait proscrit toutes les manifestations culturelles, a-t-il poursuivi.

Il avait également brûlé des livres et incendié des bibliothèques historiques dans des zones comme Mossoul.

Au-delà de Falloujah, la Rue de la Culture a été répliquée dans d'autres districts de l'Anbar, a ajouté al-Mohammadi, où des événements se tiennent tous les vendredis jusqu'à une heure du matin.

Outre ces stands de livres et ces lectures de poésie, les activités comprennent un bazar de charité, dont les recettes vont aux familles des victimes de l'EIIS.

Au mépris de l'EIIS

Ce festival hebdomadaire de la Rue de la Culture est « un accomplissement important réalisé au mépris de l'EIIS », a déclaré à Diyaruna Amira Uday, membre du conseil provincial de l'Anbar.

L'endroit où se tient ce festival, qui sert aujourd'hui de plateforme culturelle, littéraire et humanitaire, était autrefois un lieu où les éléments de l'EIIS tuaient et torturaient des civils et jetaient leurs corps dans l'Euphrate, a-t-elle précisé.

Les autorités locales de l'Anbar ont aidé à gérer ce projet et à soutenir ses activités, a poursuivi Uday, soulignant que les femmes sont également présentes dans ces manifestations culturelles en tant que poètes, peintres et photographes.

« Des expositions de tableaux et de sculptures, ainsi que des plateformes libres, des espaces d'artisanat, des stands de charité, des concours artistiques et littéraires se retrouvent dans la Rue de la Culture de Falloujah », a-t-elle poursuivi.

« Nous mettons à disposition toutes les installations nécessaires et les licences de sécurité pour la Rue de la Culture », a expliqué à Diyaruna Issa al-Sayer, le maire de Falloujah.

La « Rue » s'étend du pont de fer de Falloujah au Pont neuf, le long des berges de l'Euphrate, dans la partie occidentale de la ville.

« Nous enregistrons une forte participation des habitants de Falloujah aux événements de la Rue de la Culture », a-t-il ajouté, précisant que les productions théâtrales et les récitals de poésie sont particulièrement prisés.

Nous constatons également une forte participation des étudiants, a-t-il ajouté.

« Un message de paix »

Des délégations d'autres provinces irakiennes devraient participer aux événements culturels de « la Rue », a-t-il poursuivi, notamment des groupes minoritaires irakiens.

Ce projet « a réussi à envoyer un message de paix et de fraternité entre les peuples d'Irak par le biais de l'intellect, de la littérature et du savoir », a-t-il ajouté.

« Rue de la Culture » est un projet vivant et réussi, qui suit le modèle de la Rue al-Mutanabbi, dans le but de diffuser la culture », a expliqué le journaliste Nabil Azami.

« Les extraordinaires performances théâtrales et les spectacles » de la rue contribuent à restaurer un climat positif dans la ville, a-t-il affirmé à Diyaruna.

Les habitants de Falloujah ne sont pas les seuls à en bénéficier, a-t-il continué, soulignant que « de nombreux artistes, écrivains et romanciers, ainsi que des intellectuels originaires de districts de l'Anbar comme Ramadi, Heet et Haditha y participent également ».

« La Rue de la Culture est devenue une scène et un espace où s'échangent des idées poétiques et littéraires, du savoir et de l'expertise », a expliqué Jinan al-Ani, directrice du Centre des femmes de Falloujah.

« Les femmes sont fortement présentes dans les activités de la Rue de la Culture », a-t-elle déclaré, ajoutant en conclusion qu'en plus d'une exposition d'artisanat et d'un bazar caritatif, des femmes artistes partagent leur art et leur poésie.

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