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Les tribus de Ninive respectent la loi irakienne contre l'EIIS

Alaa Hussain à Bagdad

Les habitants de Ninive font confiance à la justice irakienne pour résoudre les litiges avec des éléments de l'EIIS, selon l'édition du mois de mai du magazine Al-Qadhaa. Cette photo montre le bâtiment de la présidence de la cour fédérale d'appel à Ninive. [Photo fournie par le Haut Conseil judiciaire irakien]

Les habitants de Ninive font confiance à la justice irakienne pour résoudre les litiges avec des éléments de l'EIIS, selon l'édition du mois de mai du magazine Al-Qadhaa. Cette photo montre le bâtiment de la présidence de la cour fédérale d'appel à Ninive. [Photo fournie par le Haut Conseil judiciaire irakien]

Les tribus et les habitants de Ninive auxquels « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) avait causé des torts font preuve de retenue depuis le départ du groupe et se sont abstenus de se faire justice eux-mêmes, ont indiqué des responsables irakiens.

Ils s'en remettent en effet aux tribunaux irakiens pour s'assurer que justice sera rendue pour les auteurs de différents crimes terroristes, et n'ont pas recours aux coutumes tribales de résolution des litiges datant de l'époque de l'EIIS, ont-ils précisé.

Lors d'un entretien avec le magazine Al-Qadhaa en mai, le juge Uday Abdel Hakim, président de la cour pénale de Ninive, a souligné que la cour n'avait instruit aucun procès impliquant des crimes tribaux depuis la libération de la province de l'EIIS.

Une situation qu'il a attribuée au respect que les habitants de Ninive ont pour le droit, et au fait qu'ils comprennent que le fait de tenir les éléments de l'EIIS et leurs familles pour responsables de leurs crimes relève de la responsabilité de la justice irakienne.

Celle-ci a à son tour réussi à jouer son rôle en traduisant les éléments de l'EIIS en justice dans la mesure où les habitants de la province n'envisagent pas d'intenter des actions en-dehors du strict cadre légal, a expliqué Cheikh Khaled al-Jubouri.

Al-Jubouri, qui préside aux destinées de la tribu al-Jubour de Ninive, et est par ailleurs commandant dans les forces de la mobilisation tribale, a confirmé qu'il est vrai qu'il existe de nombreuses vendettas entre les habitants de Ninive et les familles de l'EIIS et ceux qui les ont hébergées.

Mais les habitants locaux, notamment ceux des villages tribaux, « ont décidé de s'en remettre à la justice » pour traiter avec ces gens, a-t-il expliqué à Diyaruna.

« La justice a déjà vengé les victimes et prononcé de nombreuses peines dissuasives, notamment des peines de mort et de prison à vie, contre les personnes reconnues coupables de terrorisme », a-t-il poursuivi.

Respect de l'État de droit

Al-Jubouri a expliqué que la situation à Ninive est très différente de celle qui prévaut à Bagdad et dans les provinces du sud, qui sont malheureusement le théâtre de nombreux conflits tribaux.

« Non seulement les tribus [de Ninive] respectent la loi, mais elles ont joué un rôle positif dans l'unification des rangs et la promotion de la cohésion nationale », a déclaré Cheikh Nazhan al-Lahibi, l'un des leaders des forces de la mobilisation tribale dans le sud de Mossoul.

« L'ensemble des tribus et des composantes sont respectées dans la province, et elles doivent [à leur tour] respecter l'État de droit », a-t-il indiqué à Diyaruna.

Les tribus qui ont choisi de se faire justice elles-mêmes peuvent nuire à l'ensemble de la communauté en répandant une culture du non-droit au sein de la société irakienne, a précisé pour sa part le militant de la société civile Khaled al-Qaraghuli.

Dans la province méridionale de Bassorah, certaines tribus se sont alignées sur « des milices et des gangs politiques dont la seule et unique occupation est le conflit et la destruction des villes », a-t-il rapporté à Diyaruna.

Il a appelé les citoyens irakiens à éviter de chercher des punitions extrajudiciaires pour les auteurs de crimes, ou d'avoir recours à la justice tribale pour faire valoir leurs droits et résoudre des litiges entre des membres d'une même communauté.

Al-Qaraghuli a également exhorté les leaders tribaux à tout faire pour inciter les membres de leurs tribus à respecter le droit pénal, « parce qu'il est le seul arbitre permettant de résoudre les conflits au sein de la société ».

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1 COMMENTAIRE (S)
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Ceux-ci sont mentionnés - Nazhan et Qarghuli, et ils se trouvaient à Mossoul durant le contrôle de l'EIIS. Ce que je veux dire, c'est qu'ils ont accueilli l'EIIS et que, par conséquent, ils n'ont pas le droit de parler au nom des honnêtes gens et des familles des victimes.

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