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Nouvelles sanctions contre le Hezbollah et désignation du CGRI comme groupe terroriste

Nohad Topalian à Beyrouth

Le 6 février, des partisans du Hezbollah brandissent des images du fondateur de la République islamique, Rouhollah Khomeini, et du leader suprême Ali Khamenei, lors des célébrations marquant le 40e anniversaire de la révolution iranienne dans les quartiers sud de Beyrouth. [Anwar Amro/AFP]

Le 6 février, des partisans du Hezbollah brandissent des images du fondateur de la République islamique, Rouhollah Khomeini, et du leader suprême Ali Khamenei, lors des célébrations marquant le 40e anniversaire de la révolution iranienne dans les quartiers sud de Beyrouth. [Anwar Amro/AFP]

Un réseau libanais accusé de blanchir des millions de dollars pour des « barons de la drogue » et d'aider à financer le Hezbollah a été sanctionné jeudi 11 avril par le département du Trésor des États-Unis, a rapporté l'AFP.

Le Trésor a fait savoir qu'il avait ajouté le Libanais Kassem Chams à sa liste noire en compagnie de deux groupes apparentés : « l'Organisation de blanchiment d'argent », et Chams Exchange, une entreprise de services financiers au Liban.

« Kassem Chams et son réseau international de blanchiment d'argent font circuler des millions de dollars par mois issus du trafic de stupéfiants pour le compte des barons de la drogue, et facilitent les transferts d'argent pour le Hezbollah », a informé le Trésor.

Le réseau Chams transfère de l'argent entre plusieurs pays, dont l'Australie, le Brésil, la Colombie, la France, l'Italie, le Liban, les Pays-Bas, l'Espagne, les États-Unis et le Venezuela, a précisé la déclaration.

Les sanctions font partie d'une « campagne visant à empêcher le Hezbollah et ses affiliés terroristes du monde entier de tirer profit de la violence, de la corruption, et du trafic de drogue », a déclaré Sigal Mandelker, sous-secrétaire au Trésor.

Le Bureau du contrôle des avoirs étrangers du Trésor a fait savoir que Chams Exchange conduit son activité sous la licence et la supervision de la Banque centrale du Liban, « malgré le fait que les autorités américaines le suspectent depuis longtemps » de blanchiment d'argent à grande échelle.

Le Trésor a indiqué qu'il reste déterminé à travailler avec la banque centrale « pour éliminer l'accès au système financier libanais des trafiquants de stupéfiants, des blanchisseurs d'argent et des groupes terroristes comme le Hezbollah ».

Les États-Unis ont renforcé les sanctions contre l'Iran et ont désigné cette semaine le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) comme organisation terroriste, afin de tarir ses sources de revenus et d'imposer une pression financière sur ses alliés régionaux comme le Hezbollah.

La désignation du CGRI va nuire au Hezbollah

Alors que le Hezbollah est confronté à des difficultés financières grandissantes, la désignation américaine du CGRI plongera la milice encore plus dans la crise, ont expliqué des experts libanais.

« Le déclin des capacités financières de l'Iran par suite des sanctions économiques limitera son potentiel de soutien et d'utilisation du Hezbollah », a déclaré à Al-Mashareq Hassan Qutb, directeur du Centre libanais de recherche et de conseil.

La désignation par les États-Unis compliquera la capacité du CGRI à agir, a-t-il poursuivi.

Plus tôt cette semaine, le Fonds monétaire international avait prédit que l'économie iranienne diminuera de 6 % cette année, sa pire évolution depuis une contraction de 7,7 % en 2012, a rapporté l'AFP.

Ce dernier chiffre représente une importante détérioration par rapport à la prédiction d'octobre, qui était de 3,6 %, les sanctions américaines mettant à mal le secteur pétrolier de l'Iran.

Les difficultés financières de l'Iran « commencent à être visibles dans la réduction de son soutien au Hezbollah », a indiqué Qutb à Al-Mashareq.

Dans un discours du 8 mars, le dirigeant du Hezbollah Hassan Nasrallah a reconnu la pression économique subie par son parti du fait des sanctions des États-Unis et des États du Golfe, et de la désignation de son parti comme groupe terroriste.

Nasrallah a demandé un soutien financier aux partisans du Hezbollah afin de compenser l'impact des sanctions, a fait savoir Qutb, notant que la milice suit depuis maintenant quelque temps une politique d'austérité financière.

La milice a réduit les services sociaux et les salaires versés à ses combattants et à leurs familles, a-t-il rapporté.

Le Hezbollah « en proie à une crise financière »

La désignation du CGRI comme groupe terroriste « exacerbera les difficultés financières que le Hezbollah connaît, et mènera certainement à la baisse de son influence et de ses activités terroristes dans la région », a affirmé Qutb.

Cette décision servira également à renforcer l'opposition à la milice au Liban a-t-il ajouté.

La milice « est désormais en proie à une crise financière due à l'interruption de l'aide financière iranienne », a déclaré un expert financier qui a demandé à conserver l'anonymat.

La désignation du CGRI en tant que groupe terroriste a porté un coup douloureux à l'Iran, a-t-il expliqué à Al-Mashareq, indiquant qu'avec l'augmentation de la pression sur l'Iran, la situation du Hezbollah empirera.

Le budget du Hezbollah « était estimé il y a trois ans entre 350 et 500 millions de dollars par an, une partie du financement venant d'Iran, et l'autre partie d'Amérique latine et de certains parties du sud de l'Afrique », a-t-il précisé.

Depuis, les sanctions des États-Unis et des États du Golfe imposées contre des individus et des entreprises constituant la base de soutien du Hezbollah ont « coupé les flux de financements en direction du parti », a-t-il ajouté.

Impact sur la base de soutien du Hezbollah

Avant la désignation américaine attendue contre le CGRI, Kassim Tajideen et Adham Tabaja, d'importants financiers du Hezbollah, étaient sur la liste des Terroristes mondiaux désignés, a fait savoir le journaliste Hazem al-Amin.

« Nous attendons plus de détails sur les sanctions et les individus et entreprises concernés, mais il est certain que le Hezbollah en sera affecté », a-t-il affirmé.

Selon al-Amin, la milice « commence à sentir les conséquences de la situation économique en Iran, qui est clairement ressentie au Liban, car le Hezbollah parle ouvertement d'un manque de ressources financières ».

La mention de difficulté financière par Nasrallah « n'est que le début », a déclaré al-Amin.

Les difficultés financières du Hezbollah « ont commencé à avoir un impact négatif sur sa base de soutien », a-t-il indiqué, ajoutant qu'au fur et à mesure que cet impact grandira, la base de soutien du parti commencera à s'effriter.

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