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Corruption généralisée en Irak avec les milices affiliées à l'Iran

Fares al-Omran

Qais al-Khazaali (à droite), commandant d'Ahl al-Haq, aux côtés de Haider al-Saidi, un membre important de la milice que l'on soupçonne d'être impliqué dans la catastrophe du ferry de Mossoul, sur une photo publiée sur l'internet le 27 mars. [Photo fournie par le centre de presse de Ninive]

Qais al-Khazaali (à droite), commandant d'Ahl al-Haq, aux côtés de Haider al-Saidi, un membre important de la milice que l'on soupçonne d'être impliqué dans la catastrophe du ferry de Mossoul, sur une photo publiée sur l'internet le 27 mars. [Photo fournie par le centre de presse de Ninive]

Le naufrage d'un ferry qui traversait le Tigre à Mossoul – un incident qui a fait près d'une centaine de victimes – a attiré l'attention sur la corruption qui sévit dans les régions d'Irak sous l'influence des milices appuyées par l'Iran, ont indiqué des responsables.

Des milices appuyées par l'Iran comme Asaib Ahl al-Haq, Kataib al-Imam Ali, Harakat al-Nujaba, les Brigades Sayyid al-Shuhada, Saraya al-Khorasani et l'Organisation Badr ont mis en place des « bureaux commerciaux » dans ces régions, ont-ils ajouté.

Il existe au moins huit de ces bureaux à Mossoul, qui sont typiquement situés dans les bâtiments qui servent de sièges aux milices qu'ils représentent, par l'intermédiaire desquels elles cherchent à contrôler et à influencer les activités commerciales locales, ont-ils précisé.

Selon le député irakien Falah Hassan Zeidan, représentant de Ninive au parlement, ces soi-disant bureaux commerciaux sont administrés par des gangs « dont le seul but est de gagner de l'argent de quelque manière que ce soit ».

Des membres de la milice pro-iranienne des Brigades Sayyid al-Shuhada juchés sur un véhicule blindé à Mossoul, le 6 juin 2017, sur une photo publiée sur l'internet par la milice.

Des membres de la milice pro-iranienne des Brigades Sayyid al-Shuhada juchés sur un véhicule blindé à Mossoul, le 6 juin 2017, sur une photo publiée sur l'internet par la milice.

Les membres de ces milices sont connus pour participer à toutes sortes d'activités illicites, a-t-il expliqué à Diyaruna, et ils ont été accusés de piller l'argent public et de se livrer à de la corruption en tentant de tirer profit des projets de reconstruction.

« Par le biais de ces bureaux, ils font chanter les investisseurs, les entreprises et les personnes [fortunées] en leur soutirant des taxes et en écumant leurs revenus », a-t-il ajouté.

« Ce chantage a concerné des stations-service et des centres commerciaux, et a même affecté des gérants de petites entreprises comme les ateliers industriels, les restaurants et les cafés », a-t-il poursuivi. « Chacun doit payer le prix. »

Cette situation a contraint de nombreux civils à quitter Mossoul pour fuir la pression des groupes armés, a-t-il expliqué, soulignant que « 26 familles de Mossoul ont récemment fui vers la région kurde en raison de ces pressions ».

« La corruption s'est emparée de chaque aspect de nos vies », a ajouté Zeidan. « Nous en tenons ces groupes pour responsables et les accusons de piller les ressources de notre province pour financer leurs opérations et renforcer leur influence. »

Une milice liée à la catastrophe du ferry

La catastrophe du ferry sur le Tigre « a été le résultat de la corruption au niveau provincial, dont sont coupables les milices pro-iraniennes », a déclaré à Diyaruna le porte-parole des tribus de Ninive Cheikh Mouzahim al-Huweit.

« Les bureaux commerciaux de ces milices exercent des pressions pour l'attribution à des sociétés d'investissement de contrats et d'appels d'offres visant la réalisation et la gestion de projets de service, alors qu'elles ne répondent pas aux critères minimum requis, en échange de grosses sommes d'argent », a-t-il précisé à Diyaruna.

Parfois, ces projets « n'existent que sur papier, sans rien sur le terrain », a-t-il poursuivi.

« L'île touristique où s'est produit l'accident du ferry appartient à un investisseur », a-t-il expliqué. « Celui-ci versait à Asaib Ahl al-Haq 30 % des revenus de son île touristique pour assurer la protection de son exploitation. »

Un individu proche de Qais al-Khazaali, le commandant d'Asaib Ahl al-Haq, du nom de Haider al-Saidi, était en charge des bureaux commerciaux de la milice à Mossoul, et supervisait les transactions financières avec l'investisseur, a-t-il raconté.

Le 30 mars, les autorités ont indiqué que les propriétaires de cette île touristique et du ferry avaient été arrêtés à Erbil, en compagnie de trois ingénieurs qui avaient « validé le service du ferry et l'avaient jugé conforme aux normes et réglementations en vigueur ».

Au lendemain de l'accident de ce ferry, le parlement irakien a voté la destitution du gouverneur de Ninive Nawfal al-Akoub et de ses deux vice-gouverneurs, sur la recommandation du Premier ministre Adel Abdoul Mahdi.

D'autres mesures, notamment des arrestations et des interdictions de déplacement, ont été prises à l'encontre d'autres responsables gouvernementaux locaux.

Enquêtes en cours

Le gouvernement irakien a mis sur pied une force d'intervention d'urgence après l'accident de ce ferry, composée du président de l'université de Mossoul, du commandant des opérations de Ninive et du chef de la police, qui est chargée d'enquêter sur cet accident et de superviser la province.

« Les enquêtes sur cet accident sont encore en cours », a indiqué al-Huweit, appelant le gouvernement à traduire en justice tous les responsables de cet accident.

Asaib Ahl al-Haq fera l'objet d'une enquête pour déterminer son rôle dans cette catastrophe, a-t-il ajouté.

Al-Huweit a souhaité qu'une cellule de crise soit mise en place pour « contrer l'influence des milices et de leurs bureaux commerciaux et revoir tous les projets en termes de conformité et de corruption ».

« Nous espérons voir la fin de toutes ces violations et de l'influence des factions armées qui ont semé la destruction dans notre province », a-t-il souhaité.

Le gouvernement irakien est obligé de prendre en main les quelque quarante bureaux commerciaux des milices appuyées par l'Iran dans les provinces libérées, a expliqué à Diyaruna l'expert en stratégie Alaa al-Nashou.

Ces bureaux « contrôlent aujourd'hui 30 % de l'économie de ces provinces par le biais des taxes, du chantage et de l'annexation de biens et de projets publics, ainsi que par le contrôle des routes du commerce, du pillage des budgets de la reconstruction, de la contrebande et du contrôle du pétrole ».

Et de conclure : « Nous devons prendre des mesures efficaces pour mettre fin à cette hémorragie des ressources nationales au service de l'influence iranienne et de son agenda expansionniste. »

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3 COMMENTAIRE (S)
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L’enquête finale a prouvé qu’il n’y avait aucun lien entre la noyade d’un bateau et la mobilisation populaire. S'il vous plaît soyez prudent lorsque vous publiez de telles nouvelles.

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Tous les gouvernements et les décideurs le savent et ferment les yeux. La question qui se pose est la suivante : pourquoi avons-nous toujours recours à la Région pour nous sentir en sécurité? Cela signifie que le gouvernement de la région, malgré ses points négatifs, a su créer un État d'institutions et un État de droit.

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