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Terrorisme

Les forces irakiennes cherchent à couper les revenus de l'EIIS

Khalid al-Taie

Ces deux hommes arrêtés le 10 mars 2018 dans la province de Ninive ont été accusés de vendre des lingots d'argent pour financer l'EIIS. [Photo fournie par l'unité de renseignement d'al-Suqour]

Ces deux hommes arrêtés le 10 mars 2018 dans la province de Ninive ont été accusés de vendre des lingots d'argent pour financer l'EIIS. [Photo fournie par l'unité de renseignement d'al-Suqour]

Après la défaite militaire de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) en Irak, les forces irakiennes ont accentué leurs efforts pour identifier et tarir les sources de financement du groupe, ont expliqué des sources proches de la sécurité.

Couper ces flux de revenu est une « priorité essentielle », a ainsi indiqué à Diyaruna Sabah al-Numan, porte-parole des services antiterroristes (CTS), soulignant qu'une pénurie de fonds empêchera les cellules terroristes de l'EIIS de se reformer.

« Nous travaillons avec les agences de sécurité et gouvernementales, comme la Banque centrale, pour couper toutes les formes de flux de financement destinés aux membres de l'EIIS », a-t-il expliqué.

Ces mesures sont destinées à « empêcher les terroristes de se regrouper, de recruter de nouveaux membres et de reprendre ainsi leurs activités », a poursuivi al-Numan.

Elles ont été « tout aussi efficaces » que les opérations militaires qui traquent les derniers éléments de l'EIIS et visent leurs repaires, a-t-il ajouté.

Cette importante coopération entre les agences irakiennes et leurs homologues internationales de lutte antiterroriste et de renseignement a également stimulé les efforts de lutte contre le financement des activités terroristes, a-t-il poursuivi.

Arrêter les financiers de l'EIIS

Depuis fin 2017, lorsque l'EIIS a été battu en Irak, les forces irakiennes ont arrêté des dizaines de financiers qui opéraient en secret pour collecter et transférer des fonds et les remettre au groupe.

« Les transferts d'argent par le biais de bureaux de change et de courtiers constituaient la plus importante source de financement pour l'EIIS », a expliqué Fadel Abou Ragheef, expert en sécurité spécialiste des groupes terroristes.

Dans le cadre de la lutte contre le financement du terrorisme, certains réseaux financiers très importants ont été impliqués dans l'acheminement de fonds à l'EIIS, a-t-il indiqué à Diyaruna.

Parmi eux l'on trouve le réseau financier al-Rawi, qui détenait des sociétés holding et des investissements étrangers, « estimés à plusieurs millions de dollars dans toute une gamme de secteurs allant des concessions automobiles à l'immobilier, en passant par la pisciculture », a-t-il précisé.

Dix membres de ce réseau, dirigé par Fawaz al-Rawi, ont été arrêtés en octobre lors d'une opération des forces d'opérations spéciales irakiennes et des forces antiterroristes kurdes à Bagdad et Erbil, appuyées par la coalition internationale.

Toujours en octobre, les forces de sécurité irakiennes appuyées par la coalition internationale ont arrêté le financier de l'EIIS Amer Salim Hamza après qu'il eut été infiltré de nouveau dans le pays en provenance des EAU.

Plusieurs de ses partenaires, qui dirigeaient des sociétés de services financiers dans la région kurde et qui avaient été impliqués dans le financement de l'EIIS, furent également capturés.

Dissoudre les réseaux criminels

Le 21 février, les services de renseignement irakiens démantelèrent un réseau composé de quinze ressortissants irakiens et vingt Français qui se trouvaient en possession de plus de 500 millions de dollars qui avaient servi à des fins d'investissement et comme couverture pour financer l'EIIS.

Les forces des renseignements arrêtèrent également des financiers chargés d'injecter des liquidités dans le groupe lorsqu'il contrôlait le territoire en Irak, a ajouté Abou Ragheef.

Ces arrestations concernaient également celle effectuée le 21 mars, menée par une unité des renseignements, d'un élément de l'EIIS qui était chargé de collecter les taxes pour le groupe.

Outre le fait de lever des impôts auprès des habitants des zones qu'il contrôlait, l'EIIS collectait de l'argent pour remplir ses coffres par le biais de la contrebande et la vente de pétrole et d'artefacts et en vendant des lingots d'or et d'argent, du bétail et des récoltes.

Les efforts consentis par les forces de sécurité et des renseignements pour arrêter quiconque apparaissait comme finançant le terrorisme sont « remarquables », a déclaré à Diyaruna Hassan Shubeib al-Sabawi, membre du conseil provincial de Ninive.

« Nous avons récemment rencontré les commandants des unités de sécurité et des renseignements, qui nous ont informés des activités que mènent nos forces pour couper le financement de l'EIIS », a-t-il poursuivi, soulignant que ces efforts avaient conduit à l'arrestation de plusieurs individus et au démantèlement de plusieurs réseaux.

Ces mesures « fortes et efficaces » ont permis de couper le soutien financier dont bénéficiaient les terroristes et leurs cellules dormantes, a-t-il conclu.

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