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Terrorisme

Un charnier exhumé dans le village de Kojo, dans le district de Sinjar

Alaa Hussain à Bagdad et Khalid al-Taie

Des femmes yézidies en pleurs lors d'une cérémonie organisée le 15 mars lors de l'ouverture du premier charnier de victimes yézidies tuées par l'EIIS dans le village de Kojo, dans le district de Sinjar. [Photo fournie par la Fondation pour les martyrs irakiens]

Des femmes yézidies en pleurs lors d'une cérémonie organisée le 15 mars lors de l'ouverture du premier charnier de victimes yézidies tuées par l'EIIS dans le village de Kojo, dans le district de Sinjar. [Photo fournie par la Fondation pour les martyrs irakiens]

Le 15 mars, les autorités irakiennes ont commencé l'exhumation du premier charnier de Yézidis assassinés par « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) dans le village de Kojo, au sud de Sinjar, dans la province de Ninive.

Les proches des personnes décédées ont commencé à pleurer lorsque les spécialistes de la Fondation pour les martyrs, un organisme gouvernemental irakien, ont commencé cette exhumation.

Les éléments de l'EIIS avaient tué des centaines de jeunes hommes et de personnes âgées lorsqu'ils avaient pris Sinjar en août 2014, et les avaient enterrés dans environ 70 charniers.

Ils avaient également enlevé et asservi de jeunes yézidies.

Les autorités irakiennes ouvrent le premier charnier de victimes yézidies de l'EIIS à Kojo, dans le district de Sinjar, le 15 mars. [Photo fournie par Khairi Ali Ibrahim]

Les autorités irakiennes ouvrent le premier charnier de victimes yézidies de l'EIIS à Kojo, dans le district de Sinjar, le 15 mars. [Photo fournie par Khairi Ali Ibrahim]

Des membres des victimes des familles, des responsables gouvernementaux irakiens et de la région kurde et des représentants d'organisations internationales ont assisté à la cérémonie solennelle organisée pour marquer le début de l'exhumation.

Parmi eux se trouvait l'avocat britannique des droits de l'homme Karim Khan, directeur de l'équipe internationale chargée d'enquêter sur les crimes de l'EIIS.

Des meurtres de masse à Kojo

« Après l'invasion de Kojo par les terroristes le 15 août 2014, le village avait été le théâtre des pires massacres contre le peuple yézidi », a expliqué Hassou Hourmi, directeur de l'Institut des Yézidis aux Pays-Bas.

Quelque 1 250 Yézidis y vivaient, a-t-il indiqué à Diyaruna, et selon les informations disponibles, près de 400 hommes furent tués, tandis que les femmes et les enfants avaient été emmenés en captivité.

« Seuls 19 Yézidis survécurent à cette attaque de l'EIIS contre le village », a-t-il ajouté.

Il existe près de 70 fosses de victimes yézidies au total, « dont treize sont situées dans le seul village de Kojo », a-t-il précisé, soulignant que « un effort sérieux [est fait] pour ouvrir tous les charniers de Yézidis et faire connaître au monde l'étendue catastrophique de cette tragédie ».

Les Nations unies participent activement aux efforts entrepris pour ouvrir ces charniers et en exhumer les restes, a-t-il ajouté, et elles « apporteront leur aide lors des procédures les plus difficiles de tests ADN des restes pour identifier les victimes ».

Documenter le processus

Les autorités irakiennes souhaitaient commencer le processus d'exhumation en présence de cette équipe internationale, afin que les preuves puissent être documentées, a expliqué Fadel al-Gharawi, membre de la Haute Commission indépendante irakienne pour les droits de l'homme.

L'équipe internationale supervise et documente l'opération, et présentera son rapport devant la justice, a-t-il précisé à Diyaruna, ajoutant que ces preuves criminelles pourront être utilisées pour poursuivre les auteurs.

Les charniers font partie « des preuves matérielles les plus importantes de la brutalité du groupe et du caractère haineux des crimes qu'il a commis en Irak », a-t-il ajouté.

Le gouvernement irakien s'est fait une priorité d'apporter son soutien aux familles de victimes de l'EIIS, notamment aux membres de la communauté yézidie dans le district de Sinjar de la province de Ninive, a affirmé al-Gharawi.

Le gouvernement souhaite accorder des indemnisations financières, reconstruire les bourgs et les villages et permettre aux personnes déplacées de rentrer chez elles, a-t-il poursuivi, exprimant toutefois sa frustration de voir certaines lignes rouges bureaucratiques empêcher la fourniture de ces services.

Aucune famille yézidie n'a été épargnée

Les crimes de l'EIIS n'ont épargné aucun membre de la secte yézidie, « car chaque famille yézidie compte une personne disparue qu'elle espère retrouver dans ces charniers », a expliqué Keji Amo, l'un des survivants des massacres de 2014.

Amo était l'un des hommes que l'EIIS envisageait d'exécuter lors de la prise de Sinjar, mais il avait réussi à s'échapper en compagnie d'autres.

« Certaines familles furent entièrement exterminées, sans aucun survivant, d'autres ne comptent qu'un ou deux survivants », a-t-il expliqué àDiyaruna.

La souffrance de ces personnes « est encore plus grave et plus intense aujourd'hui, alors qu'elles attendent que les membres de leurs familles enterrés par l'EIIS soient retrouvés », a-t-il ajouté.

Une fois terminé le processus d'exhumation, les restes seront remis à la Division de médecine légale du département de la Santé de Ninive pour y être identifiés, a indiqué le directeur de la défense civile de Ninive, le colonel Hossam al-Hamdani.

Les restes seront ensuite rendus aux familles, pour être enterrés conformément aux us et coutumes de leur religion, a-t-il indiqué en conclusion à Diyaruna.

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