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Terrorisme

L'Irak en guerre contre le « terrorisme numérique »

Khalid al-Taie

De jeunes Irakiens reçoivent une formation à l'informatique et à l'internet à Bagdad. Le gouvernement irakien fait la chasse aux forums en ligne et aux sites web qui font la promotion de l'idéologie extrémiste. [Photo fournie par les services de la formation et de l'emploi du ministère irakien du Travail]

De jeunes Irakiens reçoivent une formation à l'informatique et à l'internet à Bagdad. Le gouvernement irakien fait la chasse aux forums en ligne et aux sites web qui font la promotion de l'idéologie extrémiste. [Photo fournie par les services de la formation et de l'emploi du ministère irakien du Travail]

Le gouvernement irakien mène une guerre sans relâche contre les forums en ligne et les sites web qui font l'apologie de l'idéologie extrémiste et de la rhétorique de la haine, ont expliqué des experts à Diyaruna.

Les institutions gouvernementales ont fait montre d'une « expertise technique exceptionnelle » dans la lutte contre le terrorisme en ligne et les activités terroristes, ont-ils indiqué.

Une équipe spéciale des services des technologies de l'information et de la communication du ministère de l'Intérieur a ainsi récemment clôturé 88 comptes de réseaux sociaux qui incitaient à l'extrémisme, a indiqué le ministère le 24 décembre.

Ces comptes en ligne « faisaient l'apologie d'une idéologie extrémiste et de la vente d'armes sur Facebook, Twitter et Instagram », a précisé le ministère dans un communiqué.

Ces comptes ont été fermés par suite « d'une surveillance constante et avec l'accord des tribunaux », a-t-il poursuivi.

« Un média essentiel »

Le journaliste irakien Ibrahim al-Siraji, qui dirige l'Association pour la défense des droits des journalistes », a déclaré à Diyaruna que les efforts du gouvernement pour combattre ce « terrorisme numérique » s'intensifient.

« Des groupes violents et terroristes comme 'l'État islamique en Irak et en Syrie' (EIIS) ne sont désormais plus libres de promouvoir leurs idées en ligne », a-t-il poursuivi.

Le gouvernement est « sérieusement déterminé à découvrir et intercepter tout compte en ligne qui incite de manière flagrante au meurtre, à la haine et à l'hostilité », a-t-il ajouté.

« Des dizaines de plateformes terroristes [en ligne] ont été bloquées », a poursuivi al-Siraji.

En collaboration avec le ministère des Télécommunications, le ministère de l'Intérieur a fermé plus de 90 % des comptes de l'EIIS sur les réseaux sociaux qui faisaient l'apologie du terrorisme et avaient propagé des rumeurs, a indiqué le ministère dans un communiqué daté du 10 juillet.

Al-Siraji a toutefois souligné l'importance qu'il y a à poursuivre ces efforts en « traquant » ceux qui financent ou fréquentent de tels sites web.

« Nous devons sérieusement réfléchir à réglementer l'usage d'internet sans entraver la liberté personnelle », a-t-il expliqué, « afin d'empêcher les groupes terroristes de réapparaître et d'exercer leur influence ».

Lutter contre l'extrémisme en ligne n'est pas de la seule responsabilité du gouvernement, mais incombe également à l'ensemble de la communauté, a-t-il continué.

« Les individus doivent faire leur part en signalant [les comptes suspects] et en étant vigilants », a-t-il ajouté.

« L'EIIS est confronté à une sévère répression contre ses activités en ligne », a expliqué al-Siraji, mais cela ne signifie pas que le groupe renoncera à l'internet, « car c'est un moyen essentiel pour recruter des combattants et répandre son idéologie ».

L'EIIS face à des défis

Dans une vidéo diffusée début novembre sur des sites web extrémistes, les éléments de l'EIIS avaient appelé leurs partisans à renforcer leur présence en ligne et leurs interactions sur les réseaux sociaux, et à propager l'idéologie extrémiste en ligne.

Dans cette vidéo, l'on peut entendre un élément de l'EIIS affirmer « s'ils ferment votre compte, ouvrez-en trois autres, et s'ils ferment ces trois comptes, alors ouvrez-en 300 nouveaux ! ».

« L'EIIS est parfaitement conscient de l'importance des sociaux et de leur très large utilisation, notamment par les jeunes », a expliqué Hashim Hassan, doyen de la faculté de journalisme de l'université de Bagdad.

Le groupe a certes perdu son influence et son territoire, « mais il n'en tente pas moins de conserver des capacités technologiques afin de ne pas perdre non plus son influence virtuelle et son existence », a-t-il précisé à Diyaruna.

Le gouvernement irakien redouble d'efforts en matière de sécurité numérique et de suivi des canaux en ligne qui incitent au terrorisme, a-t-il ajouté, saluant « l'expertise technique exceptionnelle » des institutions gouvernementales à cet égard.

Hassan a souligné l'importance d'une adoption de « stratégies nationales incluant des programmes de sensibilisation pour protéger les gens contre les idéologies extrémistes, en particulier via l'internet ».

« L'Irak a acquis ces dernières années une bonne expérience dans le ciblage des cellules terroristes numériques », a expliqué Issam al-Fayli, professeur de science politique à l'Université al-Mustansiriyah.

« Plusieurs institutions irakiennes travaillent sur ce front, notamment le ministère de l'Intérieur, l'appareil des renseignements et la sécurité nationale », a-t-il précisé à Diyaruna.

L'EIIS doit affronter des défis majeurs pour répandre son idéologie sur l'internet, a-t-il souligné.

« En dépit de ces efforts, le problème reste transfrontalier car des comptes extrémistes sont créés et administrés depuis l'étranger », a-t-il conclu, appelant de ses vœux la signature d'accords de coopération et d'échange d'informations avec d'autres pays pour répondre à cette question.

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1 COMMENTAIRE (S)
Politique Commentaire * INDIQUE CHAMP NÉCESSAIRE 1500 / 1500

Il y a un petit groupe. Ils ont supprimé plus de 100 000 comptes de l'EIIS et des comptes sur YouTube. Hahahahaha! Quels sont ces 88?

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