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Terrorisme

Des militants irakiens mettent en garde contre une reprise du trafic de pétrole par l'EIIS

Alaa Hussain à Bagdad

Des militants irakiens se disent préoccupés par de récents signalements de contrebande de pétrole par l'EIIS, dont ils mettent en garde qu'il apporte de nouveaux revenus au groupe. L'équipement vu sur cette photo, publiée en ligne le 5 octobre, a été utilisé pour des vols de pétrole. [Photo fournie par la Direction générale de la police de l'énergie]

Des militants irakiens se disent préoccupés par de récents signalements de contrebande de pétrole par l'EIIS, dont ils mettent en garde qu'il apporte de nouveaux revenus au groupe. L'équipement vu sur cette photo, publiée en ligne le 5 octobre, a été utilisé pour des vols de pétrole. [Photo fournie par la Direction générale de la police de l'énergie]

Les opérations de trafic de pétrole ont repris dans la province irakienne de Ninive, affirment des militants de Mossoul à Diyaruna, et elles représentent une nouvelle source de revenus pour « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS).

Avant que l'EIIS ne soit chassé de Mossoul, il contrôlait le marché du trafic et de la vente du pétrole et de ses dérivés entre l'Irak et la Syrie, mais il a perdu son emprise sur ce commerce en 2017 lorsqu'il a été repoussé de l'autre côté de la frontière.

La reprise de ce commerce illégal n'est plus un secret pour personne, a expliqué à Diyaruna Laith al-Rashdi, journaliste à Mossoul et militant civil.

L'origine des produits dérivés du pétrole produits en Syrie est facile à cacher dans la ville, a-t-il indiqué, car il est aisé de s'en procurer sans que quiconque pose de questions sur leur origine ou la façon dont ils sont entrés dans le pays.

La police irakienne a arrêté plusieurs trafiquants de pétrole lors d'une opération lancée en octobre dans le sud de l'Irak et a saisi leurs camions-citernes. [Photo fournie par la Direction générale de la police de l'énergie]

La police irakienne a arrêté plusieurs trafiquants de pétrole lors d'une opération lancée en octobre dans le sud de l'Irak et a saisi leurs camions-citernes. [Photo fournie par la Direction générale de la police de l'énergie]

Dans le même temps, a-t-il souligné, l'EIIS est directement présent de l'autre côté la frontière, en Syrie.

Selon al-Rashdi, l'un des principaux négociants de produits dérivés du pétrole à Mossoul, ayant demandé à garder l'anonymat, a expliqué que ses camions-citernes franchissaient régulièrement la frontière pour se rendre en Syrie en empruntant des brèches dans les talus de terre érigés entre les deux pays, en particulier dans la région proche de Sinjar, en direction du poste-frontière de Rabia.

Les chauffeurs achètent du kérosène à l'EIIS en Syrie et reviennent par le même chemin, a poursuivi ce négociant en pétrole, des propos rapportés par al-Rashdi. Une fois qu'ils ont franchi la frontière et sont revenus en territoire irakien, ils déchirent les reçus que l'EIIS leur avait donnés.

Al-Rashdi a expliqué avoir entendu ces histoires auprès de plusieurs chauffeurs de camion, qui tous lui ont confirmé que l'EIIS est bien le groupe qui encaisse le paiement.

Les faits de contrebande sont exagérés

Mohammed Ibrahim, président de la commission de sécurité du conseil provincial de Ninive, a déclaré à Diyaruna que les signalements d'un prétendu trafic à grande échelle sont exagérés.

« La contrebande au bénéfice de l'EIIS a été dans une très large mesure réduite lorsque le groupe a été expulsé de Mossoul et après que les forces irakiennes ont pris le contrôle de la frontière », a-t-il poursuivi.

Si certains cas de contrebande peuvent encore se produire, a-t-il ajouté, ils ne se font pas au bénéfice de l'EIIS, mais peut-être de petits groupes qui peuvent lui être affilés d'une manière ou d'une autre.

Désormais, a-t-il poursuivi, la frontière irako-syrienne est totalement sécurisée par l'armée irakienne et les forces tribales, et il est difficile pour les contrebandiers de passer.

Il a également souligné que les agences de sécurité et de réglementation, notamment l'autorité de contrôle des délits économiques, effectuaient régulièrement des patrouilles sur les marchés locaux.

Ces patrouilles identifient les marchandises de contrebande, les biens impropres à la consommation et toute forme de manipulation des prix, a-t-il expliqué.

L'EIIS touche une partie des recettes

Des opérations de contrebande ont effectivement lieu entre l'Irak et la Syrie, mais elles ne sont pas directement le fait de l'EIIS, a affirmé à Diyaruna l'analyste militaire irakien Safa al-Asam.

Elles sont plutôt effectuées par d'autres groupes qui reversent à l'EIIS une partie des recettes, a-t-il expliqué, car celui-ci contrôle le territoire de l'autre côté de la frontière.

« La frontière irako-syrienne est sécurisée par les différentes branches des forces armées, qui empêchent la circulation des militants et des groupes armés », a-t-il ajouté, « mais le contrôle qui y est exercé n'est pas assez strict pour empêcher les déplacements d'individus ».

Des contrebandiers occasionnels peuvent passer à travers les mailles du filet, a-t-il ajouté.

« Éradiquer la contrebande dans cette situation sécuritaire instable dans la Syrie voisine, où l'EIIS possède encore une enclave de l'autre côté de la frontière, est actuellement très difficile », a continué al-Asam.

Il a appelé les agences de renseignement et de sécurité à en faire plus pour lutter contre ces trafics qui permettent à l'EIIS et d'autres groupes extrémistes de vivre, même si cela nécessite d'utiliser des drones ou des hélicoptères.

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