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Nourriture et médicaments parviennent au camp d'al-Rukban en Syrie

Waleed Abou al-Khair au Caire

Jaish Maghawir al-Thawra et des responsables des Nations unies avec le convoi d'aide humanitaire avant son entrée dans le camp d'al-Rukban le 3 novembre. [Photo fournie par Jaish Maghawir al-Thawra]

Jaish Maghawir al-Thawra et des responsables des Nations unies avec le convoi d'aide humanitaire avant son entrée dans le camp d'al-Rukban le 3 novembre. [Photo fournie par Jaish Maghawir al-Thawra]

Un sentiment de soulagement était palpable à al-Rukban, un camp de déplacés syriens situé non loin de la frontière jordanienne, depuis que l'ONU et le Croissant-Rouge arabe syrien ont apporté un convoi humanitaire samedi 3 novembre, a expliqué un travailleur humanitaire.

Cette livraison, la première depuis janvier, fournira une assistance humanitaire à quelque 50 000 personnes dans ce camp informel situé dans le sud-est de la Syrie, a précisé l'AFP.

Plus de 70 camions ont apporté près de 10 000 colis de nourriture, des sacs de farine et des vêtements pour les 18 000 enfants du camp, a indiqué le Croissant-Rouge.

Cette aide comporte également des kits pour nouveau-nés pour 1 200 enfants, des médicaments, des fournitures médicales et des suppléments nutritifs pour femmes et enfants, a-t-il ajouté.

De l'aide humanitaire est distribuée dans le camp d'al-Rukban pour la première fois depuis dix mois. [Photo fournie par Jaish Maghawir al-Thawra]

De l'aide humanitaire est distribuée dans le camp d'al-Rukban pour la première fois depuis dix mois. [Photo fournie par Jaish Maghawir al-Thawra]

Durant les dix mois depuis la dernière livraison d'aide arrivée à al-Rukban, les conditions de vie à l'intérieur de ce camp se sont détériorées jusqu'à atteindre un niveau tragique, a expliqué à Diyaruna Tariq al-Nuaimi, travailleur humanitaire à al-Rukban.

Plusieurs enfants sont morts par suite du manque de nourriture et de soins médicaux, a-t-il poursuivi.

Le mois dernier, une fillette âgée de quatre mois est morte d'une septicémie et de déshydratation, et un garçon âgé de seulement cinq jours est mort d'une septicémie et de malnutrition sévère, selon l'UNICEF.

Début de la distribution de l'aide

La distribution de l'aide a commencé lundi, après le déchargement de la cargaison, rassurant énormément les habitants du camp, a poursuivi al-Nuaimi.

Toutes les mesures sont prises pour garantir que l'aide est distribuée équitablement, et pour empêcher toute tentative d'exploiter la situation et de vendre cette aide pour en tirer un profit, a-t-il ajouté.

Pour ce faire, Jaish Maghawir al-Thawra, en coopération avec le conseil local du camp, sécurise le processus de distribution, a-t-il rapporté, soulignant que le groupe a également joué un rôle dans la sécurisation de l'entrée de ce convoi dans le camp.

Jaish Maghawir al-Thawra est une faction de l'Armée libre syrienne (ASL) qui opère dans la région désertique de Badiya en Syrie, et qui a joué un rôle essentiel dans la protection des habitants locaux contre « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS).

Cette nouvelle arrivée d'aide et les services qui seront apportés par l'équipe des Nations unies permettront de soulager la situation dans le camp, a expliqué al-Nuaimi.

Des vaccins pour les enfants

Ce convoi de 77 camions a apporté des produits alimentaires, notamment des céréales, de l'huile, du sucre, du sel et de la farine, a-t-il précisé, ainsi que des vêtements d'hiver pour les nouveau-nés et les enfants de 14 ans et moins, des kits hygiéniques familiaux, des fournitures médicales et des bâches en plastique.

« La distribution s'effectuera en trois étapes, qui correspondent grosso modo aux principales concentrations de population dans le camp, pour faire en sorte qu'elle touche bien tous les habitants », a précisé al-Nuaimi.

Des annonces seront faites cette semaine concernant les vaccinations des enfants de moins de 5 ans, qui débuteront lorsque les postes médicaux auront été installés dans le camp, a-t-il poursuivi.

Selon le coordinateur humanitaire des Nations unies en Syrie, cette campagne de vaccination d'urgence permettra de vacciner près de 10 000 enfants contre la rougeole, la poliomyélite et d'autres maladies mortelles.

Des préparatifs sont également en cours pour mettre en place des postes médicaux permanents chargés de fournir des soins médicaux dans le camp, en coordination avec l'UNICEF, le Croissant-Rouge et l'administration du camp, a ajouté al-Nuaimi.

Autoriser l'accès à l'aide

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires des Nations unies Mark Lowcock avait attiré la semaine dernière l'attention du Conseil de sécurité sur les conditions de vie à al-Rukban, a rapporté l'AFP.

Il avait souligné la situation de plus en plus désespérée et avait cité « des rapports de plus en plus fréquents sur des enfants mourant à cause des mauvaises conditions sanitaires et du manque de soins de santé ».

L'ambassadeur français François Delattre, qui avait qualifié la situation à al-Rukban de « cauchemardesque », a déclaré qu'autoriser l'accès à l'aide incombait à toutes les parties.

« Il est inacceptable que le régime ait bloqué les convois inter-agences pendant plus de deux mois maintenant et ait mis en place une stratégie punitive pour canaliser ces aides vers des zones 'réconciliées' », a-t-il déclaré.

Ce convoi a été le premier à arriver à al-Rukban en provenance de Damas après la dernière livraison en provenance de Jordanie en janvier, et elle a été rendue possible après que « des garanties ont été obtenues de toutes les parties », a déclaré le président du Croissant-Rouge Khaled Hboubati dans un communiqué.

« Cette aide a apporté un certain soulagement aux personnes déplacées, mais si elle devait s'arrêter et ne pas se poursuivre de manière régulière, le camp connaîtrait à nouveau une très mauvaise situation », a expliqué à l'AFP Abou Karim, l'un des habitants d'al-Rukban.

« L'aide qui arrive permettra certes de résoudre la crise alimentaire dans le camp, mais il restera la question sanitaire », a-t-il conclu. « Les souffrances sont grandes, parce que nous n'avons ni médecins, ni hôpitaux, ni même des hôpitaux de campagne ou des postes de premiers secours. »

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