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Terrorisme

L'Irak apporte son concours aux équipes enquêtant sur les crimes de l'EIIS

Alaa Hussain à Bagdad

Des femmes yézidies au centre de santé d'Al-Tun Kopri, entre les villes de Kirkouk et d'Erbil, dans le nord de l'Irak, après leur libération en compagnie de près de 200 membres de la communauté yézidie près de Kirkouk, le 17 janvier 2015, après avoir été retenues prisonnières par l'EIIS pendant plus de cinq mois.[Safin Hamid/AFP] 

Des femmes yézidies au centre de santé d'Al-Tun Kopri, entre les villes de Kirkouk et d'Erbil, dans le nord de l'Irak, après leur libération en compagnie de près de 200 membres de la communauté yézidie près de Kirkouk, le 17 janvier 2015, après avoir été retenues prisonnières par l'EIIS pendant plus de cinq mois.[Safin Hamid/AFP] 

Le gouvernement irakien promet un soutien total à l'équipe internationale chargée d'enquêter sur les crimes commis par « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) et de faciliter son travail.

Selon des responsables irakiens des droits de l'homme, cette enquête devrait être relativement rapide, parce que les preuves de ces crimes, qui impliquent le groupe clairement et sans équivoque, sont très nombreuses.

Une équipe internationale d'enquête a été mise en place, en vertu de la résolution 2379 du Conseil de sécurité des Nations unies en 2017, pour apporter son soutien aux efforts irakiens visant à tenir l'EIIS pour responsable de ses crimes.

Cette équipe, dirigée par l'avocat britannique des droits de l'homme Karim Asad Ahmad Khan, a été chargée de collecter, de préserver et de stocker des preuves d'actes commis par l'EIIS en Irak pouvant être assimilés à des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité et un génocide.

Des membres des forces de sécurité irakiennes équipés de tenues de protection inspectent un charnier contenant les restes de victimes de « l'État islamique en Irak et en Syrie » à Camp Speicher, dans la ville de Tikrit le 12 avril 2015. [Ahmad al-Rubaye/AFP] 

Des membres des forces de sécurité irakiennes équipés de tenues de protection inspectent un charnier contenant les restes de victimes de « l'État islamique en Irak et en Syrie » à Camp Speicher, dans la ville de Tikrit le 12 avril 2015. [Ahmad al-Rubaye/AFP] 

Le secrétaire général des Nations unies António Guterres avait indiqué au Conseil de sécurité dans une lettre envoyée le 17 août que les enquêteurs commenceraient leur travail le 20 août, a précisé l'AFP.

Guterres avait indiqué au conseil que Khan, qui avait été nommé en février, avait effectué une première mission en Irak du 6 au 14 août.

« L'Irak apporte son soutien à la mission de cette équipe internationale, dont les preuves qu'elle aura collectées seront présentées aux tribunaux nationaux afin que les auteurs puissent être jugés en accord avec les lois irakiennes », a indiqué dans un communiqué Ahmad Mahjoub, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Le gouvernement irakien s'est engagé à faciliter la mission de l'équipe internationale et à l'aider à mener à bien sa mission, a-t-il déclaré, ajoutant que les tribunaux irakiens avaient la pleine capacité judiciaire pour juger les crimes du groupe.

« Des preuves nombreuses »

« Les crimes commis par l'EIIS ont laissé derrière eux des preuves nombreuses », a indiqué Faten al-Hilfi, membre de la Haute Commission irakienne des droits de l'homme.

Ces preuves seront faciles à trouver et à identifier, a-t-elle expliqué à Diyaruna.

Al-Khasfa, un gouffre au sud de Mossoul, dans la province de Ninive, que l'EIIS utilisait comme charnier, est l'une des fosses communes les plus tristement célèbres découvertes à ce jour.

« À lui seul, ce site contient les restes de plus de 10 000 victimes de l'EIIS », a poursuivi al-Hilfi, et constitue une preuve évidente de la brutalité du groupe.

Dans un rapport de Human Rights Watch daté de mars 2017, des témoins oculaires locaux ont apporté des témoignages horribles de victimes assassinées et jetées dans ce gouffre.

Ils ont expliqué que plusieurs exécutions de masse y avaient eu lieu, parfois chaque semaine, à partir de juin 2014 et jusqu'à mai ou juin 2015.

Al-Hilfi a demandé aux enquêteurs de se pencher sur les crimes non déclarés en plus des incidents connus, déjà signalés aux autorités.

« Attendrons-nous que les milliers de victimes portées disparues portent plainte avant d'enquêter sur les crimes commis à leur encontre », s'est-elle interrogée, faisant référence aux victimes non identifiées d'al-Khasfa et d'autres fosses communes.

« Ce sont des crimes de génocide qui n'ont pas tant besoin d'être étayés par des témoignages, mais que nous devons montrer et révéler au monde entier, afin qu'il soit mis au courant de ces crimes », a-t-elle poursuivi.

« La Haute Commission des droits de l'homme présentera à son tour toutes les plaintes collectées par ses activités de suivi ou obtenues auprès de citoyens aux instances judiciaires compétentes », a-t-elle ajouté, et elle se tiendra aux côtés des victimes jusqu'à ce que justice soit rendue.

Crimes contre les yézidis

L'ancienne députée irakienne Vian Dakhil, représentante de la communauté yézidie au parlement, a exhorté l'équipe internationale à enquêter sur les crimes « cruels et haineux » commis par l'EIIS contre les yézidis.

Ces crimes sont notamment « des violences physiques et psychologiques, des enlèvements de femmes pour en faire des esclaves sexuelles, et le massacre des hommes », a-t-elle déclaré à Diyaruna.

« L'équipe internationale est chargée d'examiner les divers documents qui incriminent le groupe pour les crimes commis lorsqu'il avait pris le contrôle de la ville de Sinjar », a-t-elle poursuivi.

« Ce sont des vidéos et des témoignages de femmes yézidies survivantes qui ont été victimes d'atrocités sans nom commises par les éléments du groupe », a-t-elle ajouté.

« L'équipe internationale est appelée à travailler dans son cadre international et à enquêter et chercher sans relâche les auteurs et les éléments du groupe en Irak », a indiqué à Diyaruna l'analyste de la sécurité Jassim Hanoun.

Elle doit également poursuivre « les financiers et les partisans [de l'EIIS] et ceux qui lui ont apporté un soutien logistique depuis l'étranger », a-t-il ajouté.

« Aujourd'hui, le terrorisme est une maladie mondiale qui n'est plus confinée à certaines frontières », a-t-il poursuivi. « Toute enquête internationale sur ces crimes doit donc être élargie et porter sur les soi-disant associations caritatives qui financent en secret les groupes terroristes. »

Ces enquêtes doivent également s'étendre à « ceux qui forment et mettent en place des camps de terroristes sur leur sol, et à tous ceux qui apportent un quelconque soutien à ces groupes », a-t-il affirmé.

Avant de conclure en expliquant que l'enquête sur ces crimes par une équipe internationale « aidera l'Irak à présenter ces crimes atroces au monde ».

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