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Falloujah restaure une image ternie par l'EIIS

Alaa Hussain à Bagdad

Les habitants de Falloujah inscrivent des graffitis sur les murs de leur ville affirmant que « Falloujah est une ville de paix ». [Photo extraite de la page Facebook « City of Fallujah Now »]

Les habitants de Falloujah inscrivent des graffitis sur les murs de leur ville affirmant que « Falloujah est une ville de paix ». [Photo extraite de la page Facebook « City of Fallujah Now »]

La ville de Falloujah, dans la province de l'Anbar, se remet progressivement des dévastations commises par « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) lorsque le groupe la contrôlait.

Récent signe de cette reprise post-EIIS, la ville a vu l'arrivée le mois dernier du premier train en provenance de Bagdad après cinq années d'interruption du service ferroviaire entre les deux plus grandes villes d'Irak.

La Société générale des chemins de fer a annoncé le 19 juillet la remise en service de la ligne après que l'EIIS a détruit ses infrastructures et ses gares.

Le 25 juillet, le ministère irakien des Transports a offert des voyages gratuits aux passagers voyageant de Bagdad à Falloujah, afin de « servir les honnêtes gens de Falloujah », a-t-il indiqué dans un communiqué.

La stabilité grandissante de Falloujah a permis aux entreprises et aux restaurants de fleurir après le règne de l'EIIS. [Photo extraite de la page Facebook « City of Fallujah Now »]

La stabilité grandissante de Falloujah a permis aux entreprises et aux restaurants de fleurir après le règne de l'EIIS. [Photo extraite de la page Facebook « City of Fallujah Now »]

Polir l'image ternie de Falloujah

Située à une soixantaine de kilomètres à l'ouest de Bagdad, Falloujah a été la première grande ville irakienne à tomber aux mains de l'EIIS en 2014, le groupe utilisant la ville pour loger ses combattants étrangers et comme plateforme de lancement d'attaques terroristes contre d'autres villes de l'Anbar et contre Bagdad, la capitale.

Appuyées par les forces de la coalition, les forces irakiennes ont repris la ville en juin 2016, après cinq semaines d'intenses combats, mais la période d'occupation de l'EIIS a laissé une empreinte sur la réputation de Falloujah, qui a été considérée comme un bastion du groupe.

« L'image que le monde a de Falloujah est une faussée et ne reflète en rien la réalité de la société de Falloujah, qui est une ville pacifique, généreuse, aimante des autres et qui rejette toutes formes de terrorisme et de violence », a expliqué Issa al-Sayer, le maire de Falloujah.

La population de la ville et les tribus locales communiquent aujourd'hui mieux avec les autorités locales et les forces de sécurité pour faire appliquer sécurité et stabilité dans la province, a-t-il déclaré à Diyaruna.

« Les maisons d'hôtes et les divans des leaders tribaux accueillent maintenant des réunions de dialogue avec les autorités locales pour renforcer la confiance mutuelle et coordonner les affaires de sécurité », a-t-il poursuivi.

« La première à se lever contre l'extrémisme »

« Chacun doit se souvenir que Falloujah a été l'une des premières villes à se rebeller contre les terroristes, y compris ceux qui combattaient sous la bannière d'al-Qaïda », a rappelé Abdoul Wahab al-Sarhan, président du conseil tribal de l'Anbar, à Diyaruna.

À l'époque, les tribus se soulevèrent contre le groupe dans le cadre de ce qui était alors appelé les Forces Sahwa, de 2005 à 2007, a-t-il poursuivi.

Lorsqu'al-Qaïda a capturé la ville, les rues de Falloujah, et notamment ses intellectuels et universitaires, ont rejeté la présence du groupe et ses activités criminelles, qui dénaturaient l'image brillante de la ville, a poursuivi al-Sarhan.

La plupart des éléments terroristes n'étaient ni natifs de Falloujah ni membres de ses tribus indigènes, a-t-il ajouté, et nombre d'eux étaient originaires de l'étranger.

Ces éléments se cachent aujourd'hui dans des abris loin dans le désert, a-t-il poursuivi en appelant les forces de sécurité à les traquer, à les chasser hors du pays et à sécuriser la frontière.

« Que pouvons-nous faire de plus pour prouver au monde que Falloujah et les autres villes de l'Anbar rejettent le terrorisme, après avoir fourni plus de 10 000 combattants qui luttent aujourd'hui contre le terrorisme dans le cadre des Forces de la mobilisation tribale avec leurs modestes armes personnelles », s'est-il interrogé.

Viennent s'y ajouter quelque 7 000 combattants volontaires qui s'étaient engagés dans la lutte contre les éléments terroristes sans toucher aucune solde, a-t-il ajouté.

Les habitants, une « ossature forte » pour la police

Falloujah « est devenu une ville hostile aux idéaux extrémistes », a expliqué à Diyaruna le colonel Jamal al-Jumaili, chef de la police de Falloujah.

Les environnements d'incubateur non seulement abritent et encouragent les éléments terroristes, mais fournissent aussi un environnement idéologiquement propice à leur pensée extrémiste, a-t-il ajouté, soulignant que ce n'est plus le cas dans la ville de Falloujah.

« Plus personne ne défend [l'EIIS] ni ne croit en eux après les destructions et le bain de sang que la ville a connus par suite de la présence de ces terroristes », a-t-il poursuivi.

Aujourd'hui, les habitants décident par eux-mêmes de signaler toute activité ou personne suspecte, a conclu al-Jumaili, et sont de ce fait devenus « une ossature forte pour les forces de police ».

Falloujah a regagné son « image de ville civilisée que les obscurantistes avaient tenté de cacher aux yeux du monde ».

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