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L'Irak enquête sur les disparus de Mossoul

Khalid al-Taie

Des experts irakiens fouillent un charnier de civils tués par « l'État islamique en Irak et en Syrie » dans l'ouest de Mossoul. [Photo fournie par la Fondation irakienne des martyrs]

Des experts irakiens fouillent un charnier de civils tués par « l'État islamique en Irak et en Syrie » dans l'ouest de Mossoul. [Photo fournie par la Fondation irakienne des martyrs]

Vendredi 13 juillet, les autorités irakiennes ont commencé à enquêter sur le sort des habitants de Mossoul qui ont disparu pendant les batailles visant à reprendre la ville à « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS).

Depuis la libération de Mossoul en juillet l'année dernière, le conseil provincial de Ninive a reçu de nombreux signalements d'habitants dont des proches ont disparu avant ou pendant la campagne de libération, a fait savoir à Diyaruna Hosam Eddin al-Abbar, membre de la commission des services du conseil provincial de Ninive.

« Beaucoup des personnes disparues étaient retenues dans des prisons secrètes et des centres de détention pour diverses raisons, principalement liées à l'opposition à l'idéologie et aux actions monstrueuses de l'EIIS », a-t-il indiqué.

« Nous avons initialement mis en place un commandement des opérations pour récolter toutes les informations concernant les identités des personnes disparues, y compris leur nom, leur âge et la date de leur disparition », a-t-il rapporté.

« Nous avons à ce jour récolté des informations complètes concernant près de 1400 personnes disparues », a fait savoir al-Abbar.

« Nous avons transmis ces fichiers en trois fois au gouvernement, à la Haute commission pour les droits de l'homme [irakienne] et d'autres organismes de défense des droits de l'homme, car nous avions déjà parlé de ce problème avec eux par le passé », a-t-il indiqué.

« Les autorités du gouvernement et de la sécurité concernées nous ont informées aujourd'hui qu'elles ont commencé à enquêter sur le destin de ces personnes disparues », a-t-il déclaré.

Les résultats de l'enquête devraient être présentés sous deux semaines, a-t-il ajouté.

Des milliers de victimes

Avant le début de la bataille de Mossoul, l'EIIS détenait dans des prisons secrètes des civils qui s'opposaient à lui, les tuant par groupes et publiant parfois leurs noms.

Ces campagnes d'exécution ont mené à la mort de milliers de civils, anciens membres de l'armée et fonctionnaires qui ont été enterrés au hasard dans des fosses communes.

Le charnier d'al-Khasfa, dans la région d'​​Hammam al-Alil dans le sud de Mossoul est le plus grand découvert à ce jour.

Al-Khasfa est l'une des fosses communes les plus célèbres découvertes à ce jour, des estimations non officielles indiquant qu'elle contient les restes de 25 000 corps.

« Cette fosse est un gouffre naturel de 180 m de profondeur où les terroristes jetaient leurs victimes », a expliqué al-Abbar.

« Nous pensons que des milliers de victimes sont enterrées ici », a-t-il fait savoir, notant qu'il est actuellement difficile de creuser le charnier, car l'EIIS a enterré les victimes sous des tonnes de gravats.

Au lendemain de la guerre, des équipes de la défense civile irakienne ont retiré des centaines de corps des décombres de bâtiments détruits dans l'ouest de Mossoul, notamment dans la vieille ville.

Ces extractions étaient menées sur la base de signalement d'habitants locaux ayant perdu des proches ou qui connaissaient des gens ayant disparu.

Au début de l'année 2018, les habitants avaient fini de transmettre leurs signalements de personnes disparues. Tous les corps retrouvés dans les décombres après cette date et n'ayant pas été enregistrés dans un signalement de personne disparue sont classés comme « non identifiés », a expliqué al-Abbar.

« Aujourd'hui, la difficulté est d'identifier ces centaines de corps exhumés non identifiés », a-t-il rapporté. « Est-ce que ce sont des civils disparus ou des combattants de l'EIIS ou des membres de leurs familles ? »

« C'est un autre problème que nous devons résoudre rapidement », a-t-il conclu.

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