Les villes de la province de l'Anbar assistent au retour des traditions et des coutumes du ramadan qui avaient été bannies sous le règne de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS).
« Le mois sacré du ramadan avait énormément changé lorsque le groupe terroriste de l'EIIS s'était emparé de Falloujah », a raconté à Diyaruna Ismail al-Mohammadi, un habitant de la ville.
Le groupe avait interdit les prières nocturnes de taraweeh et les prières du soir à la mosquée, a-t-il expliqué, ajoutant qu'il avait également interdit aux habitants de jouer au al-Muhaibis, un sport traditionnel, et de décorer leurs maisons avec des lanternes.
Sous le règne de l'EIIS, « nous étions terrifiés et menacés de mort », a-t-il raconté, soulignant qu'avec la libération de l'Anbar, « la vie est revenue à la normale ».
« Les familles de l'Anbar ont repris leurs anciennes traditions et coutumes durant le mois du ramadan, notamment l'al-Tuma », a-t-il indiqué.
Cette coutume « consiste à ce que les voisins partagent des repas et apportent de l'eau fraîche, des dattes et du yaourt dans les mosquées avant l'appel pour la prière du soir », a-t-il expliqué.
L'EIIS « nous avait contraints à nous laisser pousser la barbe, et nous n'avions pas le droit de nous raser », a rappelé le professeur Jamal Hamad à Diyaruna.
Sous le règne de l'EIIS, la nourriture était rare, et la vie « n'était rien d'autre que la peur et l'horreur permanentes, nous avions perdu beaucoup », a-t-il poursuivi. « Le mois du ramadan se passait sans joie, en raison de la violence, des meurtres et des destructions. »
« L'Anbar et Ramadi sont de retour, grâce à la détermination de leurs habitants et à leur coopération avec les forces de sécurité et au soutien des combattants tribaux », a ajouté Hamad.
Les « belles traditions » sont de retour
« Falloujah a traversé une période difficile, car ses habitants étaient victimes de meurtres, de destructions et de privations des nécessités les plus élémentaires », a expliqué à Diyaruna Tiba Obaid al-Jumaili, une habitante de Falloujah.
« Les femmes n'avaient pas le droit de sortir ni de se rendre au marché, et ce groupe extrémiste nous contraignait à porter le niqab et nous interdisait de montrer nos visages, nos yeux, ou même de parler à quiconque en public », a-t-elle poursuivi.
Ce ramadan, les habitants de la ville « peuvent pratiquer toutes les belles traditions auxquelles nous avons été habitués dès notre plus jeune âge », a ajouté al-Jumaili.
Nous sommes désormais en mesure d'acheter de la nourriture et de préparer les pâtisseries et les soupes traditionnelles, a-t-elle poursuivi, et nous pouvons acheter de la viande, des noix et d'autres denrées associées aux repas de l'iftar et du sahur.
L'EIIS cherchait à semer la destruction, a-t-elle raconté, mais cette époque est aujourd'hui révolue, « grâce aux différentes forces de sécurité ».
Reprise du travail pour un mesaharati
« J'ai travaillé comme mesaharati (muezzin de l'aube), une profession qui m'a été transmise par mon père », a expliqué Hashim al-Alwani, également connu sous le nom d'Abou al-Tabil, un habitant de Ramadi.
« Mais après que l'EIIS s'est emparé de la ville en 2014, je n'avais plus le droit d'exercer mon métier pendant le ramadan », a-t-il expliqué à Diyaruna. « Je n'ai pu reprendre le travail qu'après leur départ en 2016. »
Les forces irakiennes de sécurité ont remis à tous les mesaharatis un permis de travail et de passage la nuit dans les rues de Ramadi pour réveiller les gens pour le sahur, a-t-il expliqué.
« Nous sommes heureux lorsque des gens nous offrent un repas de sahur, alors que nous passons dans les rues aux premières heures du matin », a ajouté al-Alwani.
« Chaque quartier a son mesaharati, et chacun d'eux a son territoire et doit couvrir une certaine zone avant l'heure du sahur », a-t-il précisé.
« La situation sécuritaire est totalement sous contrôle pendant le mois sacré du ramadan », a indiqué le chef de la police de l'Anbar, le major général Hadi Kassar Erzaij.
Le couvre-feu a été étendu de minuit à une heure du matin, pour donner aux familles leur liberté de mouvement, a-t-il expliqué à Diyaruna, ajoutant que « l'EIIS est parti et ne reviendra plus jamais ».