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Fissures dans l'alliance russo-iranienne en Syrie ?

AFP

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif entrent dans une salle lors d'une réunion organisée à Moscou le 28 avril. [Alexander Nemenov/AFP]

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif entrent dans une salle lors d'une réunion organisée à Moscou le 28 avril. [Alexander Nemenov/AFP]

Le récent appel lancé par la Russie en faveur d'un départ des forces étrangères de Syrie a été vu comme un possible revirement dans son alliance délicate avec l'Iran, bien que les analystes affirment que ce partenariat a encore de beaux jours devant lui.

« Le début du processus politique étant entré dans sa phase la plus active, les forces armées étrangères se retireront du territoire syrien », a promis le président russe Vladimir Poutine à l'issue de sa rencontre avec son homologue syrien Bachar el-Assad à Sochi, vendredi 18 mai.

L'envoyé de Poutine en Syrie, Alexander Lavrentiev, a par la suite déclaré que cela incluait l'Iran.

Jusqu'à maintenant, les deux pays ont travaillé en coopération assez étroite, la Russie fournissant la couverture aérienne et les forces iraniennes faisant le gros du travail sur le terrain.

Une photo officielle diffusée le 11 décembre montre le président russe Vladimir Poutine et son homologue syrien Bachar el-Assad rencontrant des responsables militaires russes sur la base aérienne russe Hmeimim, dans la province syrienne de Latakia, le jour où Poutine a ordonné un retrait partiel des troupes russes présentes en Syrie. [Page Facebook de la présidence syrienne/AFP]

Une photo officielle diffusée le 11 décembre montre le président russe Vladimir Poutine et son homologue syrien Bachar el-Assad rencontrant des responsables militaires russes sur la base aérienne russe Hmeimim, dans la province syrienne de Latakia, le jour où Poutine a ordonné un retrait partiel des troupes russes présentes en Syrie. [Page Facebook de la présidence syrienne/AFP]

Henry Rome, spécialiste de l'Iran au sein de l'Eurasia Group à Washington, a expliqué que les propos de Poutine « ne signifient en rien la fin de l'alliance entre la Russie et l'Iran en Syrie, mais qu'ils n'en constituent pas moins un sérieux accroc ».

« Aucune date n'a été fixée pour le départ des troupes étrangères », a-t-il précisé. « Mais il est à noter que le Kremlin n'est pas revenu sur ses propos par la suite, et n'a pas tenté d'adoucir le ton. »

Les autorités iraniennes ont réagi avec circonspection, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bahram Ghasemi, affirmant que « personne ne peut contraindre l'Iran à agir contre sa volonté ».

« Même pas à l'ordre du jour »

Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Faisal Mekdad a indiqué mercredi que Damas n'envisageait pas que l'Iran et le Hezbollah participent à ce retrait, déclarant à l'agence de presse officielle RIA Novosti que « ce sujet n'est même pas à l'ordre du jour des discussions ».

Des analystes expliquent que la Russie est motivée par la crainte que le conflit syrien évolue en un conflit encore plus meurtrier entre l'Iran et Israël.

Inquiet de la présence de très nombreuses forces iraniennes dans le nord, Israël a en effet lancé une série de raids aériens contre des positions iraniennes en Syrie ces dernières semaines.

La Russie est la seule puissance entretenant des relations étroites avec les deux.

« Les Russes jouent un numéro d'équilibriste délicat entre différents alliés dans la région », a expliqué Julien Barnes-Dacey, membre du Conseil européen des relations étrangères.

Il a expliqué que la déclaration russe concernant le retrait des forces étrangères était un message adressé à l'Iran pour dire qu'il y aurait des limites à son influence.

« Mais ils éprouveront de très grosses difficultés à appliquer cela », a-t-il ajouté.

L'Iran est fortement enraciné militairement en Syrie, et se méfie de voir les Russes tenter de le faire sortir du pays et de récolter tous les fruits de la reconstruction.

« L'Iran a mené une guerre très difficile – et la mène encore – et en attend des concessions à long terme en ce qui concerne des contrats énergétiques et autres », a ajouté Rome.

Téhéran a vu avec consternation des entreprises russes et turques remporter des contrats très importants, et de plus que la Russie semblait avoir donné le feu vert à Israël pour ses récentes frappes aériennes contre des positions iraniennes.

« Utilisation réciproque »

Malgré toute cette animosité, la Russie et l'Iran travaillent encore étroitement ensemble. L'Iran compte sur le soutien aérien et le matériel antiaérien russes, et les forces iraniennes et leurs intermédiaires resteront des éléments cruciaux dans une guerre sur le terrain qui est encore loin d'être finie.

« Tous deux utiliseront l'autre au maximum et aussi longtemps que possible », a poursuivi Rome.

Mais tous les analystes s'accordent sur le fait que les principaux acteurs ont lancé les manœuvres en vue des positions à prendre dans le futur paysage post-conflit.

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Je veux me marier.

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