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Syrie: Un centre de réhabilitation tente d'apprivoiser les « lionceaux du califat »

AFP

Un adolescent écrit sur un tableau au centre de réhabilitation Hori pour anciens enfants-soldats de « l'Etat islamique en Irak et en Syrie » à Tal Maarouf le 11 février. [Delil Souleiman/AFP]

Un adolescent écrit sur un tableau au centre de réhabilitation Hori pour anciens enfants-soldats de « l'Etat islamique en Irak et en Syrie » à Tal Maarouf le 11 février. [Delil Souleiman/AFP]

Hassan, âgé de treize ans, a peut-être commis des atrocités pour « l'Etat islamique en Irak et en Syrie » (EIIS), mais plutôt que de l'envoyer immédiatement en prison, les autorités kurdes du nord-est de la Syrie l'ont placé dans un centre de réhabilitation.

Hassan fait partie d'un groupe d'environ 80 adolescents âgés de 12 à 17 ans qui suivent une réhabilitation au Centre Hori à Tal Maarouf, dans la province d'al-Hasakeh. Ils ont tous été faits prisonniers par des combattants kurdes ou des forces de la coalition internationale.

Certains d'entre eux sont issus de familles de l'EIIS, leurs parents étant parfois emprisonnés, tandis que d'autres ont été directement recrutés par l'EIIS, volontairement ou de force.

Les responsables locaux déclarent que leurs prisons sont pleines et qu'ils espèrent qu'une approche constructive pourra aider à retisser les liens avec les tribus locales qui soutenaient les extrémistes.

Un adolescent fabrique des objets à partir de perles au centre de réhabilitation Hori pour anciens enfants-soldats de « l'Etat islamique en Irak et en Syrie » à Tal Maarouf le 11 février. [Delil Souleiman/AFP]

Un adolescent fabrique des objets à partir de perles au centre de réhabilitation Hori pour anciens enfants-soldats de « l'Etat islamique en Irak et en Syrie » à Tal Maarouf le 11 février. [Delil Souleiman/AFP]

Un adolescent assit devant un miroir au centre de réhabilitation Hori, où il apprend la coiffure le 11 février. [Delil Souleiman/AFP]

Un adolescent assit devant un miroir au centre de réhabilitation Hori, où il apprend la coiffure le 11 février. [Delil Souleiman/AFP]

Hassan est arrivé dans le Centre Hori au début de l'année, plusieurs mois après l'ouverture de ce complexe formé de salles et dortoirs de briques rouges entourant une pelouse rectangulaire.

En tant que fils d'un haut commandant de l'EIIS dans la ville syrienne d'al-Raqqa, qui était à une époque la capitale de facto du proto-Etat du groupe, il a vu de nombreuses décapitations.

Les forces kurdes qui l'ont capturé ont trouvé une photo qui le montre tenant une tête coupée, mais l'on ne sait pas s'il a lui-même tué quelqu'un.

« Lorsqu'il est arrivé, comme beaucoup d'entre eux, il ne disait pas bonjour, ne nous serrait pas la main et ne nous regardait pas dans les yeux », a déclaré Roka Khalil, l'une des deux directrices du centre.

« Facile à corriger »

Comme d'autres adolescents, que l'EIIS appelait les « lionceaux du califat », Hassan a été soumis aux mesures du groupe pour imposer ses manières violentes et son idéologie extrémiste sur toute une génération.

Certains de ces jeunes sont désormais hébergés dans des dortoirs où ils n'ont accès ni aux téléphones ni à l'internet, mais où du personnel est disponible nuit et jour, a fait savoir Abir Khaled, codirectrice du centre.

« Nous les considérons comme des humains, comme des victimes de la guerre », a-t-elle expliqué.

Bien que la plupart des enfants soient Syriens, le centre accueille également d'anciens « lionceaux » d'autres pays, comme la Turquie et l'Indonésie.

Leurs journées suivent une routine stricte qui comprend beaucoup de sport, des corvées dans l'enceinte du centre et des ateliers les formant à devenir coiffeurs ou tailleurs.

Un programme qui inclut des cours d'histoire, de géographie, d'arabe, de kurde et de « morale » est également un aspect central du processus de réhabilitation.

Beaucoup d'entre eux ont connu la pauvreté, n'ont bénéficié que de très peu d'éducation, et ont grandi dans des familles difficiles. Quatre d'entre eux ont été envoyés par l'EIIS pour une mission suicide, mais ils ont préféré se rendre, selon le personnel du centre.

« Cela montre que leur idéologie n'est pas très profonde, et qu'elle peut être facilement corrigée », a affirmé Khalil.

Peines réduites

Un tiers des « résidents » du Centre Hori ont été condamnés à des peines de prison allant de six mois à sept ans, mais les autorités kurdes pensent qu'ils peuvent être réhabilités s'ils bénéficient d'un environnement qui les aide.

S'ils se conduisent bien à Hori, leurs peines pourraient être réduites et ils pourraient être rendus à leurs familles après quelques mois.

Hassan attend son procès, et Khalil a indiqué qu'il pourrait recevoir une condamnation allant jusqu'à trois ans, mais qu'elle pourrait être réduite.

Khalil a déclaré qu'il était trop tôt pour dire que les activités du centre ont été un succès, mais elle a mis en évidence que les résultats sont déjà tangibles.

« Aujourd'hui, beaucoup d'entre eux viennent nous parler d'eux-mêmes », a-t-elle fait savoir.

« Hassan n'insulte plus ses camarades de classe lorsqu'il y a une dispute », a-t-elle déclaré, ajoutant qu'il « écoute même de la musique ».

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