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Le chef de l'ONU appelle à une enquête sans entrave sur l'attaque en Syrie

AFP

Un enfant de la ville de Douma, dans l'enclave de l'opposition de la Ghouta orientale près de Damas, a été aspergé d'eau après avoir été exposé à ce qui serait du gaz toxique. [Photo fournie par Mohammed al-Beik]

Un enfant de la ville de Douma, dans l'enclave de l'opposition de la Ghouta orientale près de Damas, a été aspergé d'eau après avoir été exposé à ce qui serait du gaz toxique. [Photo fournie par Mohammed al-Beik]

Mardi 10 avril, le secrétaire général des Nations unies a appelé à un accès sans entrave aux enquêteurs internationaux après une attaque chimique supposée en Syrie, a rapporté l'AFP.

Des secouristes et des médecins de la ville de Douma affirment qu'au moins 48 personnes sont mortes à cause d'une attaque au gaz toxique présumée dans la dernière poche tenue par l'opposition de la Ghouta orientale.

« Toute utilisation confirmée d'armes chimiques, par n'importe quel camp du conflit et dans n'importe quelles circonstances, est odieuse et représente une infraction claire aux lois internationales », a affirmé le secrétaire général Antonio Guterres dans une déclaration.

« Le sérieux des récentes allégations exige une enquête approfondie faisant appel à une expertise impartiale, indépendante et professionnelle », a-t-il déclaré.

Guterres a réaffirmé son soutien total à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) et sa mission de recherche d'informations qui « doit bénéficier d'un accès sans restriction pour mener ses activités », a ajouté Guterres.

Mardi, l'OIAC a déclaré qu'elle enverrait une équipe à Douma pour enquêter sur l'attaque au gaz présumée.

Cette annonce a été faite après que le gouvernement syrien a invité ce groupe de veille mondial sur les armes chimiques à Douma, selon les médias étatiques.

Citant une source du ministère des Affaires étrangères, l'agence de presse nationale SANA a rapporté que la Syrie était prête à coopérer avec une équipe d'enquêteurs.

« Le ministère a envoyé une invitation formelle à l'OIAC afin qu'elle envoie une équipe de sa mission de recherche d'informations à Douma pour y enquêter sur les allégations liées à l'utilisation présumée d'armes chimiques », a-t-elle fait savoir.

Le président américain Donald Trump souhaitait décider mardi d'une possible action militaire contre le régime syrien, après avoir juré de répondre « avec force » à la dernière atrocité chimique supposée dans la guerre civile du pays.

Le Conseil de sécurité va voter pour une nouvelle commission

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit voter mardi pour une proposition américaine visant à mettre en place une enquête sur les attaques à l'arme chimique en Syrie, mais la mesure fera probablement l'objet d'un veto de la part de la Russie.

Sergei Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Russie, a déclaré qu'il proposerait une « enquête transparente et honnête » des allégations, impliquant l'OIAC, lors de la réunion du conseil.

Un projet de résolution nécessite neuf voix pour être adopté dans le conseil de quinze membres, et aucun veto des cinq membres permanents : le Royaume-Uni, la Chine, la France, la Russie et les États-Unis.

La Russie a utilisé son veto onze fois au conseil pour bloquer des mesures contre son allié syrien.

Les États-Unis proposent la création d'une commission pendant un an pour qu'elle travaille avec l'OIAC afin d'identifier les auteurs d'attaques chimiques.

La France et le Royaume-Uni s'engagent à répondre fermement

La France ripostera contre le régime du président syrien Bachar el-Assad s'il est prouvé qu'il était responsable de la récente attaque au gaz de chlore suspectée, a fait savoir mardi le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.

« Si la ligne rouge a été franchie, il y aura une réponse », a-t-il affirmé à Europe 1, ajoutant que les renseignements partagés entre le président Emmanuel Macron et le président américain Donald Trump « confirment en théorie l'utilisation d'armes chimiques ».

Lors d'une conversation téléphonique lundi soir, les deux chefs d'État ont à nouveau discuté de l'attaque chimique présumée.

L'Union européenne a déclaré que « des preuves indiquent que c'est une autre attaque chimique par le régime ».

Le ministre des Affaires étrangères britannique Boris Johnson a appelé lundi à « une réponse internationale forte et déterminée » à l'attaque.

Dialoguant au téléphone avec son homologue français Jean-Yves Le Drian, Johnson « a souligné le besoin urgent d'enquêter sur ce qu'il s'est produit à Douma et de garantir une réponse internationale forte et déterminée », a fait savoir le Foreign Office dans un communiqué.

L'OIAC a fait savoir lundi qu'elle avait préparé « une analyse préliminaire des rapports sur l'utilisation présumée d'armes chimiques ».

Son directeur général, Ahmet Uzumcu, a ajouté que d'autres informations étaient en train d'être collectées « pour établir si des armes chimiques avaient été utilisées ».

Condamnation régionale

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a juré mardi que les personnes responsables du meurtre de civils dans la Ghouta orientale paieraient « chèrement ».

« Je maudis ceux qui ont mené ce massacre. Les coupables, quels qu'ils soient, devront rendre des comptes et paieront chèrement », a déclaré Erdogan lors d'une réunion de son parti au parlement.

Lundi, la Jordanie a condamné l'attaque, appelant à une enquête internationale urgente.

Le porte-parole du gouvernement Mohammad al-Momani a fait savoir que la Jordanie soutient « l'intention de l'OIAC de mener une enquête approfondie sur cette attaque, et l'adoption d'une position adéquate par la communauté internationale envers les responsables ».

L'Arabie saoudite consulte ses alliés sur la réponse à donner aux attaques chimiques supposées, a fait savoir mardi le ministre des Affaires étrangères du royaume.

« Nous pensons que ceux qui sont coupables de l'utilisation d'armes chimiques doivent être tenus pour responsables et être traduits devant la justice », a déclaré Adel al-Jubeir à des journalistes à Paris, lors de la visite du prince héritier de l'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane.

Lundi, Bahreïn a qualifié l'attaque présumée de « laide » et a insisté sur « le besoin d'accélérer les efforts pour protéger les civils partout en Syrie ».

À Doha, le ministère des Affaires étrangères du Qatar a déclaré qu'il était « profondément choqué par ce crime ».

« L'impunité des criminels de guerre en Syrie a conduit à d'autres atrocités et a sapé les efforts visant à obtenir justice pour les victimes », a-t-il poursuivi.

Un responsable du ministère des Affaires étrangères du Koweït a indiqué que le nombre de victimes à Douma était « douloureux » et a appelé à « une action rapide de la communauté internationale ».

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