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Droits de l'Homme

Un an après l'attaque au sarin, les survivants ne peuvent faire leur deuil

AFP

Des Syriens se rassemblent le 12 juillet 2017 devant un bâtiment détruit de la ville de Khan Sheikhun, dans la province d'Idlib, 100 jours après que 88 personnes ont été tuées, parmi lesquelles 31 enfants, dans une attaque au gaz sarin. L'Observatoire syrien des droits de l'homme a décrit ce bombardement comme la deuxième opération chimique la plus meurtrière durant la guerre en Syrie. [Omar Haj Kadour/AFP]

Des Syriens se rassemblent le 12 juillet 2017 devant un bâtiment détruit de la ville de Khan Sheikhun, dans la province d'Idlib, 100 jours après que 88 personnes ont été tuées, parmi lesquelles 31 enfants, dans une attaque au gaz sarin. L'Observatoire syrien des droits de l'homme a décrit ce bombardement comme la deuxième opération chimique la plus meurtrière durant la guerre en Syrie. [Omar Haj Kadour/AFP]

Pour l'anniversaire de son mariage, mercredi 4 avril, Abdoulhamid Youssouf n'aura rien d'autre à célébrer qu'une attaque chimique qui a tué sa femme et ses deux bébés.

Au moins 80 personnes ont trouvé la mort le 4 avril de l'année dernière, lorsque des avions militaires ont largué du gaz sarin sur sa ville natale de Khan Sheikhun, dans le nord-ouest de la Syrie.

Cette attaque chimique contre cette ville tenue par l'opposition, l'une des opérations les plus choquantes de la guerre en Syrie, a suscité une forte condamnation mondiale et des représailles aériennes des États-Unis, ce qui est rare.

« On m'a retiré une partie de mon corps, de mon âme », explique ce jeune veuf de 29 ans, fondant en larmes assis dans le jardin de sa maison désormais vide.

Une photo de Youssouf portant les corps sans vie de ses jumeaux âgés de onze mois, Aya et Ahmad, a fait le tour du monde au lendemain de cette attaque.

Youssouf a également perdu sa femme Dalal et seize de ses proches, parmi lesquels son frère, son neveu, et de nombreux cousins.

Alors que Youssouf se rend au cimetière pour entretenir les tombes de ses proches morts il y a douze mois, sa douleur et sa colère sont encore intactes.

« Je ne pourrai jamais recommencer autre chose, je ne pourrai jamais oublier », explique-t-il.

« Ne jamais oublier »

Khan Sheikhun se trouve dans la province syrienne d'Idlib, la dernière du pays à échapper encore en grande partie au contrôle du régime syrien.

Les enquêteurs des Nations unies chargés sur les crimes de guerre ont déclaré disposer des preuves que les forces du régime syrien sont responsables de cette attaque meurtrière contre Khan Sheikhun, mais leurs allégations ont été rejetées par Damas et par son allié russe.

Cette opération lancée l'année dernière aux premières heures de l'aube a tué plus de 80 personnes, dont 30 enfants, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

Ahmad al-Youssouf, 20 ans, a perdu ses deux parents et ses deux jeunes frères, Mohammed et Anouar, en ce jour dont il dit qu'il ne l'oubliera jamais.

Après cette frappe, il s'était précipité chez lui pour trouver son voisin assis à même le sol, convulsionnant et incapable de parler.

« Je n'oublierai jamais ce jour ni ces détails », raconte-t-il. « J'ai perdu toute ma famille, tout ce qui m'était le plus cher. »

Il s'accroche à ses souvenirs, alors même qu'il tente de s'adapter à sa nouvelle vie, gérant désormais seul l'épicerie familiale.

« Quoi que je fasse chez moi, je les vois toujours devant moi. »

Une réponse insuffisante

Ces frappes meurtrières sur Khan Sheikhun avaient suscité une forte condamnation internationale, entraînant une frappe américaine en représailles contre un aérodrome militaire syrien qui aurait servi lors de cette attaque.

Mais les habitants dépouillés de tout ont le sentiment que rien d'important n'a été fait pour tenir les auteurs pour responsables.

Mohamed al-Jawhara, 24 ans, a perdu ses parents, son neveu et plusieurs cousins.

« Ce fut un tel choc. Comment peut-on supporter de les voir tous mourir en un seul jour ? »

Jawhara exprime sa frustration face à ce qu'il considère comme une réponse insuffisante de la communauté internationale à tenir le président syrien Bashar al-Assad pour responsable.

« Nous espérions qu'il serait jugé et devrait payer » pour ce qu'il a fait, confie-t-il.

Les dirigeants du monde « ont fait déclaration après déclaration, mais au final, ils ont été faibles ».

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1 COMMENTAIRE (S)
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Que Dieu accueille tous les martyrs tués par le gaz sarin dans sa saint miséricorde ! Le choc était énorme pour les gens. Nous prions Dieu d'aider la Syrie et son peuple pacifique. Dieu me suffit et il est le meilleur pourvoyeur!

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