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Des gaz toxiques auraient de nouveau été utilisés lors d'une attaque contre la Ghouta

Waleed Abou al-Khair au Caire

Deux enfants de la ville d'Hammouriya sont douchés pour éliminer les traces de produits chimiques auxquels ils ont été exposés lorsque leur zone a été bombardée par le régime syrien. [Photo fournie par le Centre de presse de la Ghouta]

Deux enfants de la ville d'Hammouriya sont douchés pour éliminer les traces de produits chimiques auxquels ils ont été exposés lorsque leur zone a été bombardée par le régime syrien. [Photo fournie par le Centre de presse de la Ghouta]

Plus de cent civils syriens ont présenté des difficultés respiratoires après le bombardement intensif sur la Ghouta orientale du mercredi 7 mars, ont rapporté des militants et des médecins.

Les centres médicaux de la région ont reçu de nouveaux patients présentant ces symptômes après le bombardement du régime contre les villes d'Hammouriya et de Saqba, a déclaré le Dr Hanan Ibrahim, médecin travaillant dans la Ghouta orientale.

Leurs symptômes indiquent « une très forte probabilité » que les forces du régime aient utilisé des gaz toxiques lors de leur bombardement intensif de mercredi, a-t-elle expliqué à Diyaruna.

C'est le plus grand nombre de difficultés respiratoires recensées depuis le début de la dernière offensive du régime, a ajouté Ibrahim, la zone ciblée étant densément peuplée, et un grand nombre de missiles ayant été lancés contre celle-ci.

Des médecins soignent un enfant blessé par les frappes aériennes du régime syrien contre la Ghouta orientale dans la soirée du mercredi 7 mars. [Photo fournie par le Centre de presse de la Ghouta]

Des médecins soignent un enfant blessé par les frappes aériennes du régime syrien contre la Ghouta orientale dans la soirée du mercredi 7 mars. [Photo fournie par le Centre de presse de la Ghouta]

L'air pollué a pénétré dans les refuges et les cachettes, forçant les habitants à sortir à l'air libre par peur de mourir de suffocation, a-t-elle déclaré.

La Syrian American Medical Society (SAMS), qui aide des hôpitaux de la Ghouta orientale, a indiqué que les victimes souffraient de difficultés à respirer, d'une respiration sifflante et de rougeurs oculaires, a rapporté l'AFP.

Deuxième attaque de ce type en une semaine

C'est la seconde fois cette semaine que des difficultés respiratoires sont signalées, a indiqué Mohammed al-Beik, militant de la Ghouta orientale, à Diyaruna.

La ville d'Hammouriya a été lourdement bombardée dans la soirée du lundi 5 mars, et au moins trente civils ont ensuite présenté des difficultés respiratoires.

Le bombardement d'Hammouriya et de Saqba mercredi soir a cependant été le plus grave, car il a pris pour cible des zones résidentielles et a fait au moins soixante-dix morts et des dizaines de blessés, selon les premiers chiffres, a déclaré al-Beik.

Le bilan pourrait s'alourdir « car certains sont peut-être encore sous les décombres, et il est difficile de les atteindre à cause des bombardements qui limitent gravement les actions et entravent les déplacements des équipes de la défense civile », a-t-il indiqué.

« Les forces du régime et leurs milices alliées utilisent des drones pour lancer des frappes aériennes contre des villes et des villages de la Ghouta orientale », a-t-il noté, « volant à basse altitude et s'en prenant principalement aux refuges et aux cachettes ».

« Des missiles contenant du chlore »

Le Dr Raphael Pitti, de l'Union of Medical Care and Relief Organisations (UOSSM), a déclaré qu'il était très probable que l'utilisation de gaz toxiques a tué des gens dans la Ghouta orientale.

« Les combats ont été très violents [mercredi] soir », a déclaré à l'AFP cet anesthésiste et ancien médecin militaire français.

« On m'a rapporté que des missiles contenant du chlore avaient été tirés, ainsi que des tirs d'artillerie et des bombardements intensifs et soutenus de napalm et de phosphore », a-t-il poursuivi.

« À notre connaissance, cent vingt-quatre personnes ont souffert de difficultés respiratoires à Saqba et Hammouriya, et plus de cent civils ont été tués par des obus », a-t-il précisé.

« La plupart du temps, les blessés les plus graves meurent sur place en moins d'une heure. Ils ne parviennent pas jusqu'à l'hôpital et meurent du manque d'oxygène », a-t-il expliqué. « Mais personne ne compte les morts ; ils sont enterrés immédiatement. Personne ne pratique d'autopsie pour déterminer de quoi ils sont morts. »

Effets médicaux graves

Les effets médicaux d'une attaque au chlore comprennent des lésions, par exemple des brûlures, des tissus pulmonaires, a expliqué Pitti.

« Le chlore abîme également la muqueuse, ce qui provoque une sensation immédiate de brûlure, une irritation des voies respiratoires qui réduit le diamètre des bronches », a-t-il ajouté.

« Cela rend la respiration difficile, comme si vous subissiez une crise d'asthme. »

« Pour les blessés légers, nous pouvons seulement les renvoyer chez eux, car les médecins n'ont pas de bouteilles d'oxygène », a-t-il rapporté. « Ils peuvent donner des inhalateurs qui faciliteront à terme la respiration. »

La tendance est aussi à l'utilisation de stéroïdes comme la cortisone, mais ils ne réduisent pas la sensation de brûlure, a-t-il précisé, et peuvent même faciliter l'infection des voies respiratoires.

« Malheureusement, ils font avec ce qu'ils ont », a-t-il ajouté. « Pour les lésions les plus graves, il faut anesthésier, intuber et utiliser un respirateur. Un accès à des installations de soins intensifs est nécessaire. »

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