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Sécurité

La fourniture d'aide menacée par les bombardements du régime syrien sur la Ghouta orientale

Caravanserai et AFP

L'attaque foudroyante contre la Ghouta orientale a déclenché l'indignation internationale, un haut responsable des Nations unies déclarant que Moscou et Damas orchestraient une « apocalypse » en Syrie. Cette photo montre des enfants et d'autres civils après que des frappes aériennes et des bombes barils ont touché les villes de Saqba, Kafr Batna et Hammuriyah, dans l'enclave assiégée de la Ghouta orientale. [Amer Almohibany/AFPTV/AFP]

La campagne aérienne et terrestre du régime syrien contre la Ghouta orientale, appuyée par la Russie, a empêché la fourniture d'une aide pourtant indispensable à des dizaines de milliers de civils assiégés.

Ces récents bombardements ont mis en danger une livraison d'aide dans l'enclave de l'opposition vendredi 9 mars, deux heures après qu'un convoi d'aide fut entré dans la ville assiégée, a signalé l'ONU.

Un convoi de treize camions transportant 2 400 colis alimentaires venant de l'ONU, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et du Croissant-Rouge arabe syrien est entré dans la Ghouta orientale vendredi dans la matinée.

La porte-parole du CICR Ingy Sedky a déclaré que ces camions avaient attendu en dehors de l'enclave à l'est de Damas après qu'une précédente livraison lundi a été interrompue par des bombardements.

Un bénévole de la défense civile syrienne essaie d'éteindre un incendie piégeant un homme grièvement blessé lors des bombardements contre la ville d'Hamouriya, dans la région assiégée de la Ghouta orientale le 7 mars. Plus de neuf cents civils ont été tués depuis que le régime soutenu par la Russie a commencé le bombardement il y a plus de deux semaines. [Abdulmonam Eassa/AFP]

Un bénévole de la défense civile syrienne essaie d'éteindre un incendie piégeant un homme grièvement blessé lors des bombardements contre la ville d'Hamouriya, dans la région assiégée de la Ghouta orientale le 7 mars. Plus de neuf cents civils ont été tués depuis que le régime soutenu par la Russie a commencé le bombardement il y a plus de deux semaines. [Abdulmonam Eassa/AFP]

Des bénévoles de la défense civile syrienne aident un homme pendant le bombardement mené par le régime syrien, appuyé par la Russie, contre des zones tenues par l'opposition dans la Ghouta orientale, le 6 mars. [Abdulmonam Eassa/AFP]

Des bénévoles de la défense civile syrienne aident un homme pendant le bombardement mené par le régime syrien, appuyé par la Russie, contre des zones tenues par l'opposition dans la Ghouta orientale, le 6 mars. [Abdulmonam Eassa/AFP]

Une photo prise le 1er mars montre un policier militaire russe montant la garde entre des portraits du président syrien Bachar el-Assad (à droite) et du président russe Vladimir Poutine (à gauche) devant un poste de garde du point de contrôle d'al-Wafideen aux abords de Damas. [Louai Beshara/AFP]

Une photo prise le 1er mars montre un policier militaire russe montant la garde entre des portraits du président syrien Bachar el-Assad (à droite) et du président russe Vladimir Poutine (à gauche) devant un poste de garde du point de contrôle d'al-Wafideen aux abords de Damas. [Louai Beshara/AFP]

Dans la matinée de vendredi, une accalmie des bombardements a permis au convoi d'entrer dans la Ghouta orientale, où plus de 930 civils ont trouvé la mort depuis que les forces du régime, soutenues par la Russie, ont lancé leur assaut le 18 février.

Ce nouveau convoi transportait de la nourriture que les travailleurs humanitaires n'ont pas pu distribuer lundi. Elle aurait dû entrer jeudi, mais a été retardée.

« Aujourd'hui, ils livreront le reste de l'aide qui n'a pas pu être distribuée lors du précédent convoi le 5 mars », a ajouté Sedky.

« Nous avons également des indications selon lesquelles un convoi plus important transportant des provisions supplémentaires, dont des appareils médicaux, pourrait avoir lieu la semaine prochaine », a-t-elle ajouté.

Mais de nouveaux bombardements « aujourd'hui à proximité de Douma, dans la Ghouta orientale, mettent en danger le convoi ONU/CICR/CRAS, malgré les garanties de sécurité des parties, notamment de la Fédération de Russie », a déclaré le coordinateur humanitaire des Nations unies pour la Syrie, Ali al-Zaatari, dans un communiqué.

« L'ONU appelle à l'arrêt des hostilités dans la région et au calme dans toute la Syrie, afin que l'aide puisse être distribuée en toute sécurité à ceux qui en ont besoin », a indiqué al-Zaatari.

« Désespoir »

Le convoi de vendredi ne comportait aucune fourniture médicale.

Les 400 000 habitants de l'enclave vivent sous le siège gouvernemental depuis 2013, et la nourriture et les médicaments manquaient déjà avant le dernier assaut.

La reprise des tirs d'artillerie est intervenue alors que des représentants de Damas et des entrepreneurs souhaitaient mener des négociations en vue d'une solution qui permettrait aux civils ou aux combattants de quitter l'enclave, a fait savoir l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

L'agence de presse d'État syrienne SANA a fait savoir que des dizaines de civils devraient quitter la Ghouta orientale vendredi.

L'assaut aérien et terrestre a laissé le personnel médical épuisé face à des centaines de civils blessés affluant dans les hôpitaux, couverts de sang et de poussière.

Médecins et infirmières sont à court de plusieurs objets qui permettent de sauver des vies, et un réapprovisionnement médical de grande ampleur est d'une urgence critique, a déclaré vendredi Médecins sans frontières (MSF).

« Le besoin d'un réapprovisionnement médical massif, sans que des articles permettant de sauver des vies soient retirés, devient plus urgent à chaque heure qui passe », a fait savoir MSF dans un communiqué.

Cette organisation caritative basée à Paris a exhorté les belligérants à interrompre les bombardements pour permettre l'évacuation des patients grièvement blessés ou malades.

MSF a déclaré que les médecins présents dans l'enclave sont épuisés.

« Nous entendons tous les jours un sentiment de plus en plus marqué de désespoir, nos collègues médecins atteignent les limites de ce qu'une personne peut faire », a déclaré Meinie Nicolai, directrice générale de MSF.

La Syrie et la Russie préparent la prochaine « apocalypse »

L'organisation a déclaré que quinze des vingt établissements médicaux qu'elle soutient dans la Ghouta orientale ont été touchés par des frappes aériennes ou des tirs d'artillerie.

Les forces du régime ont progressé rapidement dans les terres agricoles de l'enclave depuis la semaine dernière, selon l'observatoire, prenant le contrôle de plus de la moitié du territoire à l'opposition armée.

Elles cherchent maintenant à couper Douma du territoire tenu par l'opposition plus au sud, a expliqué Rami Abdel Rahman, directeur de l'observatoire.

L'attaque éclair du gouvernement syrien, soutenu par le Kremlin, a provoqué l'indignation internationale et des accusations par l'ONU selon lesquelles le gouvernement orchestre une « apocalypse ».

Le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al-Hussein, a déclaré mercredi 7 mars que le régime syrien et ses alliés étrangers planifiaient déjà la prochaine « apocalypse ».

« Ce mois-ci, c'est la Ghouta orientale », a-t-il indiqué.

« Le mois prochain, ou le mois suivant, ce sera ailleurs que les gens seront confrontés à une apocalypse ; une apocalypse prévue, planifiée et exécutée par des individus au sein du gouvernement, avec apparemment l'appui total de certains de leurs soutiens étrangers », faisant référence à la Russie et à l'Iran.

« La trêve russe est une farce »

Le Conseil de sécurité des Nations unies a demandé le 24 février un arrêt des hostilités pendant trente jours, mais cette résolution a eu peu d'effet pour soulager les civils.

Le conseil doit se réunir lundi pour entendre un rapport du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, et essayer de poursuivre ses efforts pour faire du cessez-le-feu une réalité sur le terrain.

Une précédente « pause humanitaire » annoncée par la Russie fin février n'a pas réussi à mettre fin à la violence dans la Ghouta orientale et a inspiré peu de confiance aux 400 000 habitants de cette enclave assiégée.

Beaucoup d'habitants de celle-ci semblaient se méfier de la « pause » annoncée par le principal allié de Damas.

« Cette trêve russe est une farce. La Russie nous tue et nous bombarde tous les jours », a déclaré Samer al-Buaidhani, un habitant de Douma âgé de 25 ans.

« Je ne pense pas que ma famille ou moi-même pouvons partir en sécurité grâce à ce système », a-t-il indiqué à l'AFP.

Mercredi, le régime a envoyé des bus à al-Wafideen pour transporter les habitants souhaitant fuir ce que le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a qualifié « d'enfer sur terre ».

Mais aucun civil ne s'est aventuré vers les forces du régime gardant le poste de contrôle, où de grands portraits du président syrien Bachar el-Assad et du président russe Vladimir Poutine étaient affichés côté à côte.

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