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Terrorisme

Tahrir al-Sham envoie sa « police religieuse » à Idlib

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Des membres de Tahrir al-Sham en patrouille dans Idlib. [Photo fournie par Moussab Assaf]

Des membres de Tahrir al-Sham en patrouille dans Idlib. [Photo fournie par Moussab Assaf]

Ces derniers jours, Tahrir al-Sham a fait circuler des équipes de sa al-hesba (sa « police religieuse »), connues sous le nom de Sawaed al-Khair, qui patrouillent dans la ville d'Idlib, ont expliqué des habitants et des militants de la ville à Diyaruna.

Ces équipes ne sont pas différentes de celles de l'al-hesba envoyées par « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) pour infliger de dures punitions aux civils soupçonnés d'infractions, ont-ils ajouté.

Dimanche 11 février, une patrouille de Sawaed al-Khair a ainsi arrêté six jeunes de la ville d'Idlib parce qu'ils portaient des jeans, a expliqué à Diyaruna le militant local Moussab Assaf, utilisant un pseudonyme par crainte pour sa sécurité.

Ces jeunes hommes étaient accusés de ne pas respecter le code vestimentaire imposé par l'alliance extrémiste, et ont été emmenés jusqu'à un poste de Tahrir al-Sham, où ils ont reçu 20 coups de fouet, dix dans le dos et dix sur les jambes.

Le rond-point d'al-Saa, dans la ville d'Idlib, après une explosion survenue samedi 10 février qui a tué sept personnes. [Photo fournie par Moussab Assaf]

Le rond-point d'al-Saa, dans la ville d'Idlib, après une explosion survenue samedi 10 février qui a tué sept personnes. [Photo fournie par Moussab Assaf]

Un poste de contrôle de Tahrir al-Sham près de la ville d'Idlib. [Photo fournie par Moussab Assaf]

Un poste de contrôle de Tahrir al-Sham près de la ville d'Idlib. [Photo fournie par Moussab Assaf]

Ce type d'incident se produit régulièrement, a ajouté Assaf.

Par exemple, la veille, le 10 février, dix étudiants avaient été éloignés d'un établissement d'enseignement, a-t-il poursuivi, avec un professeur qui avait tenté de les défendre, et fouettés pour ne pas avoir respecté le code vestimentaire ni la coiffure imposée.

« Les habitants d'Idlib sont abasourdis par de tels actes », a-t-il ajouté, soulignant qu'ils rejettent complètement Tahrir al-Sham et « sont convaincus que l'alliance extrémiste cherche à les assujettir pour les punir de leur rejet ».

Un état d'anarchie

Des éléments de l'al-hesba de Tahrir al-Sham ont également suspendu un programme caritatif qui avait permis de transporter gratuitement des civils dans la ville d'Idlib, a encore indiqué Assaf.

L'alliance a confisqué les bus et arrêté les chauffeurs, les accusant de permettre à des hommes et des femmes de voyager ensemble et laissant monter à bord des femmes portant du maquillage, a-t-il poursuivi.

On a toutefois appris par la suite que cette décision avait été appliquée alors qu'un membre de Tahrir al-Sham exploite une flotte de bus concurrente dans la ville, a précisé Assaf.

Ces récentes interventions de la « police religieuse » de Tahrir al-Sham interviennent dans un état permanent d'anarchie, notamment des attentats à la bombe et des cambriolages.

Des attentats à la bombe ont été perpétrés coup sur coup samedi et dimanche, le premier faisant sept morts près du rond-point d'al-Saa de la ville, et le second tuant un émir de Tahrir al-Sham, ressortissant asiatique, dans les faubourgs de la ville.

Les éléments de Tahrir al-Sham agissent maintenant comme des « gangsters », a ajouté Assaf, et certains ont même été impliqués dans un récent vol de carburant destiné au chauffage des écoles.

Les patrouilles de l'alliance ont cambriolé à de nombreuses reprises des maisons et des magasins du village d'al-Halba, dans les zones rurales de Maarrat al-Numan, et une patrouille a volé de la farine dans une boulangerie du village de Tel Mardikh, a-t-il rapporté.

Selon des militants et des civils de la ville, a-t-il conclu, cette farine a été par la suite revendue dans un village voisin.

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