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Sécurité

Les forces irakiennes et les FDS sécurisent la bande frontalière irako-syrienne

Par Khalid al-Taie

Une unité des gardes-frontières irakiens en patrouille dans la bande frontalière avec la Syrie. [Photo fournie par la brigade commando des gardes-frontières]

Une unité des gardes-frontières irakiens en patrouille dans la bande frontalière avec la Syrie. [Photo fournie par la brigade commando des gardes-frontières]

Sécuriser la frontière avec la Syrie est l'un des principaux enjeux auquel est confronté le gouvernement irakien après l'éradication des dernières poches de combattants de « l'État islamique » (Daech) dans l'ouest de l'Irak, ont expliqué des responsables à Diyaruna.

Pour y faire face, le gouvernement irakien a élaboré un « plan complet » visant à sécuriser la frontière irako-syrienne, a annoncé le Premier ministre Haider al-Abbadi le 5 décembre lors d'une conférence de presse.

Le ministère irakien de la Défense a maintenant « un meilleur contrôle de la frontière, et il améliore le système de protection en y apportant des moyens et des méthodes de surveillance avancés », a expliqué le général de brigade Tahseen al-Khafaji, responsable de la communication avec les médias au ministère.

« Nous disposons de postes avancés et de points d'observation répartis le long de la frontière », a-t-il expliqué à Diyaruna. « Les gardes frontaliers sont équipés d'équipements et d'appareils sophistiqués, capables de détecter les infiltrations en un temps record. »

Il est également fait appel à la surveillance aérienne pour renforcer la sécurité de la frontière et des zones frontalières, a-t-il ajouté, grâce à l'emploi de drones capables de surveiller sur une grande échelle toute activité et tout individu suspects dans les régions éloignées.

La coalition internationale a joué un rôle important dans le soutien aux opérations de reconnaissance aérienne, a-t-il ajouté, en « ciblant les repaires des insurgés et en repoussant les attaques qu'ils lancent depuis le désert et par-delà la frontière ».

Construire une armée irakienne plus forte

La coalition a formé l'armée irakienne, a expliqué al-Khafaji, en l'équipant « d'armes et de technologies qui permettent à nos forces d'agir de manière plus professionnelle et plus sophistiquée, notamment celles qui sont chargées de la sécurité de la frontière ».

« Ce soutien est basé sur un engagement international de soutien à l'Irak et de renforcement de ses systèmes de défense pour lutter contre les éléments terroristes, contrer leurs activités et les éradiquer », a-t-il ajouté.

Le gouvernement envisage de restructurer et de réorganiser toutes les unités de l'armée irakienne et d'entraîner ses forces à des pratiques et des systèmes militaires avancés, a précisé al-Khafaji.

« Ce plan sera mis en œuvre en coopération avec les forces de la coalition et vise d'une façon générale à améliorer la compétence de nos forces dans la protection du pays et à renforcer leurs capacités dans les domaines de la protection des frontières », a-t-il précisé.

Le 19 novembre, les forces irakiennes ont lancé une campagne pour éradiquer les poches restantes de combattants de Daech dans l'Euphrate supérieur et dans les régions désertiques à proximité de la frontière avec la Syrie.

Aujourd'hui, des unités militaires sont déployées en masse dans la bande frontalière entre le point de franchissement de la ville d'al-Qaim dans la province de l'Anbar et le point de passage d'al-Rabia dans l'ouest de Ninive, soit une distance de 600 kilomètres.

Rétablir la sécurité frontalière

Les forces irakiennes ont érigé de hautes barrières et des tours d'observation pour sécuriser cette bande frontalière et rétablir les points délimitant la frontière, que Daech avait supprimés après avoir proclamé son « califat ».

La zone frontalière reste une source de préoccupation, a expliqué al-Khafaji, car elle est vaste et s'étend en terrain difficile, ce qui en a fait un havre sûr pour les activistes.

La bande frontalière avec la Syrie est « la région la plus complexe d'Irak », a expliqué à Diyaruna l'expert en stratégie Ahmed al-Sharifi.

« La bataille pour protéger cette zone des terroristes a certes été réglée d'un point de vue militaire, mais cela ne signifie pas nécessairement que les menaces pour la sécurité aient toutes été éliminées », a-t-il précisé.

L'adoption d'un quelconque plan visant à sécuriser le désert et la zone frontalière devra se fonder sur la responsabilisation des populations locales, a poursuivi al-Sharifi.

Les habitants et les membres des tribus locales contribuent à la mise en place de la sécurité dans leur région et à la protection de la frontière.

« Les capacités ici ne se mesurent pas en nombre de soldats gardant le terrain, mais par [le matériel] qu'ils ont à leur disposition », a-t-il ajouté.

Cela inclut des lunettes de vision nocturne, des systèmes de communication avancés, des dispositifs de télésurveillance et de télédétection des mouvements, et des drones commandés à distance.

Partenariat entre l'armée irakienne et les FDS

L'armée irakienne et les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont récemment convenu de coopérer pour protéger la frontière irako-syrienne de toute tentative d'infiltration de Daech.

Le commandement irakien et les FDS se sont rencontrés dimanche 10 décembre dans la zone frontalière entre le nord-est de la Syrie et l'Irak pour étudier comment coordonner la sécurité de la frontière, a expliqué un porte-parole des FDS.

Les deux parties ont convenu d'une coordination conjointe pour protéger la bande frontalière et lutter contre toute tentative d'infiltration de Daech dans les deux pays, a expliqué à Diyaruna Cheikh Qatari al-Samarmad, commandant de la mobilisation tribale al-Baghdadi.

Les régions d'Irak adjacentes à la frontière, qui s'étendent d'al-Qaim dans l'Anbar à al-Rabia dans Ninive, sont actuellement sous le contrôle des commandements des opérations d'al-Jazeera, Salaheddine et Ninive, a-t-il précisé.

L'armée a commencé à fortifier la zone avec l'aide de volontaires tribaux, a-t-il indiqué.

« L'armée a commencé à creuser des tranchées, à poser des barbelés et à réparer l'ancienne barrière de terre qui avait été érigée dans les années 1980, et dont certaines parties avaient été aplanies par des activistes de Daech après 2014 pour faciliter le passage de leurs véhicules », a-t-il indiqué.

« Nous sommes à la disposition du gouvernement et des responsables de la sécurité », a déclaré Cheikh Ghazi Nafe al-Jughaifi, l'un des chefs de la tribu Jaghayfah à Haditha.

« Notre niveau de préparation est élevé, et nous sommes tous prêts à protéger nos frontières occidentales », a-t-il déclaré à Diyaruna.

La coordination est indispensable

L'accord entre les Irakiens et les FDS est une mesure nécessaire, a estimé l'expert en stratégie Ahmed al-Sharifi pour Diyaruna, appelant à la poursuite de la coordination et du dialogue.

La situation à la frontière avec la Syrie « exige de nous que nous maintenions le dialogue avec ces forces », a-t-il déclaré. « Tout accord de coordination avec elles visant à sécuriser la frontière est une nécessité. »

Les combattants de Daech « représentent encore une menace dans les zones frontalières entre l'Irak et la Syrie », a déclaré à Diyaruna Farhan Mohammed al-Dulaimi, membre du conseil provincial de l'Anbar.

« La mission de sécurisation de cette frontière est très importante », a-t-il poursuivi. « La pression doit y être maintenue sur les terroristes, et il ne faut pas leur laisser la possibilité de se déplacer librement ».

Les combats se poursuivent côté syrien contre des poches de combattants de Daech dans la ville d'Albou Kamal et dans d'autres zones frontalières de la province de Deir Ezzor, a-t-il rappelé.

Une meilleure coordination entre l'armée irakienne et les FDS est « une mesure nécessaire pour contrôler et sécuriser la frontière », a conclu al-Dulaimi.

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La principale raison de l'insécurité est la négligence par les Etats de leurs frontières et l'existence de trous de base dus à la coopération des services de renseignement.

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