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L'Iran cherche à consolider sa présence en Syrie

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Des responsables militaires syriens et iraniens signent des accords militaires lors d'une réunion organisée en octobre à Damas. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Des responsables militaires syriens et iraniens signent des accords militaires lors d'une réunion organisée en octobre à Damas. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Par l'entremise de son Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), l'Iran se prépare à cimenter sa présence en Syrie sur le long terme, ont expliqué des spécialistes des affaires iraniennes.

Cette initiative, dont les récents accords militaires passés avec le régime syrien sont le signe avant-coureur, représente une menace directe pour la stabilité de la région, ont-ils mis en garde en s'adressant à Diyaruna.

L'Iran et le régime syrien ont signé plusieurs nouveaux accords militaires lors de la visite qu'a effectuée le 17 octobre le chef d'état-major des forces armées iraniennes, le major général Mohammad Bagheri, a déclaré dans un communiqué daté du 20 novembre le secrétariat du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI).

À l'époque, sous les ordres et la supervision directe du leader suprême iranien Ali Khamenei, l'Iran avait signé un accord militaire officiel avec le régime syrien visant la poursuite et l'expansion de la présence du CGRI en Syrie.

Le chef d'état-major des forces armées iraniennes, le major général Mohammad Bagheri, s'est rendu le 17 octobre à Damas pour y signer des accords avec le régime syrien. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Le chef d'état-major des forces armées iraniennes, le major général Mohammad Bagheri, s'est rendu le 17 octobre à Damas pour y signer des accords avec le régime syrien. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Cet accord avait pour but de donner une justification légale et internationale à cette présence, selon le CNRI, un parlement autoproclamé en exil.

Un autre accord signé à la même époque prévoyait la construction de nouvelles usines d'armements en Syrie et appelait à la reconstruction par le CGRI de certaines des usines d'armements existantes du régime syrien en Syrie.

Lors de cette réunion, Bagheri a également promis d'accélérer la livraison d'armes au régime syrien, a poursuivi ce communiqué du CNRI.

Une présence à long terme en Syrie

« L'Iran est parfaitement conscient du fait que la guerre en Syrie se termine et que l'attention se portera de plus en plus sur l'intérieur syrien », a expliqué Fathi al-Sayed, spécialiste de l'Iran et chercheur au Centre al-Sharq d'études régionales et stratégiques.

Le régime iranien s'efforce d'assurer la présence continue de l'armée iranienne et des milices affiliées au CGRI en Syrie en obtenant une couverture légale, a-t-il expliqué à Diyaruna, soulignant que ces accords confèrent une légitimité à cette présence.

« Le CGRI souhaite également protéger ses acquis en Syrie, pour le cas où le règne du président Bashar al-Assad serait terminé », a ajouté al-Sayed.

La seule manière d'y parvenir, a-t-il poursuivi, consiste à signer des accords bilatéraux qui lient le régime syrien et l'obligent à accepter la présence de bases militaires iraniennes.

L'annulation de ces contrats par un nouveau gouvernement exigerait de longues négociations, a-t-il expliqué, soulignant que l'Iran exigerait le prix fort en retour.

Al-Sayed a mis en garde contre la création d'usines d'armements iraniennes en Syrie, rappelant que ces armes pourraient être distribuées aux affiliés du CGRI dans la région.

Tensions maximales avec l'Iran

« La présence continue des forces iraniennes et du CGRI en Syrie est une affaire très sérieuse, car elle contribuera sans aucun doute à renforcer les groupes affiliés au CGRI », a estimé Sheyar Turko, universitaire spécialiste du CGRI et de son financement.

Ces affiliés sont notamment le Hezbollah, Harakat al-Nujaba, la brigade Fatemiyoun, et d'autres groupes présents en Syrie, au Liban et en Irak, a-t-il précisé à Diyaruna.

Turko a averti que ces groupes sont susceptibles de s'en prendre « aux médias et aux libertés individuelles d'une manière contraire aux normes minimales de la démocratie » dans leurs pays d'accueil, car ils ne sont que les outils du CGRI.

La présence de groupes appuyés par l'Iran « se produit à un moment où les tensions entre les pays arabes et l'Iran sont les plus vives », a expliqué Wael al-Sharimi, professeur de droit pénal à l'université du Caire et chercheur au Centre régional d'études stratégiques.

« Les pays arabes ont clairement affirmé que les ingérences de l'Iran dans les affaires intérieures des pays de la région sont hostiles et inacceptables », a-t-il déclaré à Diyaruna.

La présence continue de ces groupes exacerbera les tensions, qui pourraient atteindre un point de confrontations directes si la situation échappe à tout contrôle, a-t-il estimé.

Les bases militaires sont « une menace latente »

Quant aux bases iraniennes en Syrie, a poursuivi al-Sharimi, elles sont « indubitablement là pour protéger la présence iranienne et le rêve iranien de mettre en place un couloir entre Beyrouth et Téhéran ».

Ces bases militaires représentent une « menace latente », car elles suggèrent la possibilité d'une intervention à tout moment pour protéger les intérêts, a-t-il dit.

Les intérêts de l'Iran en Syrie sont nombreux, et la plupart d'entre eux sont des intérêts économiques liés aux dérivés de pétrole, en plus d'autres secteurs économiques et financiers.

C'est la raison pour laquelle l'Iran met en place les conditions pour protéger ses intérêts dans les pays sous son influence, a-t-il conclu, en premier lieu en exploitant les marchés en Syrie, en plus du Liban et de l'Irak.

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