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Économie

Reprise de l'exploitation sur les champs pétroliers du nord de l'Irak

Par Khalid al-Taie

Des pompiers irakiens éteignent l'incendie d'un puits de pétrole allumé par « l'État islamique » à al-Qayyarah, dans la province de Ninive. [Photo extraite de la page Facebook du ministère irakien du Pétrole]

Des pompiers irakiens éteignent l'incendie d'un puits de pétrole allumé par « l'État islamique » à al-Qayyarah, dans la province de Ninive. [Photo extraite de la page Facebook du ministère irakien du Pétrole]

Le gouvernement irakien souhaite redémarrer les opérations sur les champs pétroliers des régions du nord libérées de « l'État islamique » (Daech), et a annoncé qu'il utilisera une partie de ces revenus pour financer la reconstruction.

Fin 2014, Daech s'était emparé des champs pétroliers qui étaient alors en cours de développement, notamment ceux d'al-Qayyarah et d'al-Najma dans la province de Ninive, et les champs d'Allas et d'Ajil à l'est de Tikrit.

La mainmise sur ces champs et la contrebande du pétrole qui en était extrait avaient permis au groupe d'engranger des millions de dollars.

À l'apogée de sa puissance, Daech contrôlait une énorme production de pétrole, car près d'un tiers des réserves irakiennes sont situées dans le nord du pays, a expliqué Sadiq al-Bahadli, professeur de finances et d'économie bancaire à l'Université al-Mustansiriya.

« Outre ces puits, les activistes contrôlaient également la raffinerie de Baiji, dont la capacité de production de dérivés du pétrole est de 15 millions de tonnes par an », a-t-il précisé à Diyaruna.

Le retour de ces champs de pétrole dans les mains de l'État est l'une des principales victoires de la guerre contre Daech, a-t-il poursuivi, soulignant qu'ils « pourraient engendrer des revenus énormes s'ils sont remis en état et fonctionnent selon un plan pratique et soigneusement élaboré ».

« La production combinée de ces champs pourrait être d'environ un million de barils par jour, ce qui signifie l'augmentation des exportations de pétrole et la génération de revenus supplémentaires », a-t-il ajouté.

Les revenus pourraient combler le déficit budgétaire

Cette augmentation des recettes pourrait être investie pour combler le déficit budgétaire occasionné par la chute des ventes de pétrole irakien et la détérioration des prix du brut sur les marchés mondiaux, a expliqué al-Bahadli.

Elle pourrait également combler le fossé causé par les dépenses gouvernementales de ces trois dernières années pour financer la guerre contre Daech, a-t-il ajouté, précisant que ces dépenses représentent actuellement près d'un quart du budget de l'État.

Le ministre irakien du Pétrole Jabbar Ali al-Luaibi a annoncé le 3 octobre avoir ordonné l'élaboration d'un plan d'urgence pour la remise en état des champs pétroliers de la province de Ninive.

Il a indiqué avoir demandé à la North Oil Company et à l'Autorité des champs pétroliers de Ninive de « créer un plan d'urgence pour la réhabilitation et l'accroissement de la production des champs pétroliers de Ninive à plus de 30 000 barils par jour au cours des prochains mois ».

Le but est de couvrir les besoins énergétiques de la province et des villes libérées.

Al-Luaibi a ordonné que « tous les moyens matériels et techniques soient mis à disposition pour assurer le succès des efforts du ministère visant à réhabiliter les installations et les champs de pétrole dans les provinces de Ninive, Salaheddine et Kirkouk ».

Les revenus du pétrole pour financer la reconstruction

« Le redémarrage des opérations du secteur pétrolier dans les régions libérées générera des revenus qui pourront être utilisés pour venir en appui aux efforts de reconstruction qui y seront déployés », a déclaré Abdoul-Zahra al-Hindawi, porte-parole du ministère de la Planification.

« Après avoir libéré la plus grande partie de notre territoire de l'emprise du terrorisme, le gouvernement travaille aujourd'hui à maintenir et réhabiliter les projets et les pipelines destinés à l'exportation de pétrole », a-t-il confié à Diyaruna.

Cela renforcera la capacité du gouvernement à répondre aux enjeux de la reconstruction et du développement dans toutes les villes libérées de Daech, a-t-il ajouté.

Selon les estimations du ministère de la Planification, les villes ont besoin d'au moins 100 milliards de dollars pour financer leurs efforts de reconstruction.

Al-Hindawi a expliqué que le gouvernement s'efforce de trouver des sources de revenus supplémentaires, outre le pétrole, pour la reconstruction des zones dévastées par les combats contre Daech.

Le député irakien Zaher al-Abbadi, membre de la commission parlementaire sur le pétrole et l'énergie, a souligné la nécessité de diversifier les revenus non pétroliers de l'État et de les utiliser pour la reconstruction.

« Il est important de travailler à revitaliser tous les secteurs productifs, tels que le tourisme, l'agriculture et l'industrie », a-t-il expliqué à Diyaruna.

« Nous disposons de ressources et de capacités énormes autres que pétrolières », a-t-il rappelé, soulignant que celles-ci « doivent être correctement utilisées pour reconstruire les infrastructures détruites par Daech ».

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