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La ville syrienne d'al-Raqa est "inhabitable" après la défaite de l'EIIS

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Les magasins de la ville syrienne d'al-Raqa montrent des signes de dégâts suite aux batailles visant à chasser "l'Etat islamique en Irak et en Syrie". [Photo fournie par les Forces Démocratiques Syriennes]

Les magasins de la ville syrienne d'al-Raqa montrent des signes de dégâts suite aux batailles visant à chasser "l'Etat islamique en Irak et en Syrie". [Photo fournie par les Forces Démocratiques Syriennes]

Soulagé de se débarrasser de "l'Etat islamique en Irak et en Syrie" (EIIS), les habitants d'al-Raqa ne peuvent pas encore rentrer à ce qui reste de leurs maisons, car les infrastructures de la ville sont en lambeaux.

Les forces démocratiques syriennes (FDS) ont salué vendredi 20 octobre une "victoire historique" sur l'EIIS à al-Raqqa et se sont engagées à céder le pouvoir au conseil civil d'al-Raqqa, son administration civile.

Mais cela ne peut pas arriver - et les civils non plus ne peuvent pas revenir - tant que les restes explosifs de guerre n'auront pas été enlevés des rues de la ville et que les corps piégés sous les décombres n'ont pas été enlevés, ont déclaré les FDS.

"La situation actuelle ne convient pas au retour des civils qui veulent retourner chez eux, dans les magasins et dans les champs", a déclaré Saddam al-Huwaidi, vice-président du comité de la santé du conseil civil d'al-Raqa.

En plus des "mines terrestres et des décombres qui se trouvent partout", a-t-il dit à Diyaruna, il y a d'autres problèmes qui doivent être résolus avant que les habitants ne puissent revenir.

Les exigences à court terme pour la reconstruction de la ville sont au-delà de la capacité du conseil, a-t-il dit, appelant les organisations internationales et de secours à mettre en place une intervention d'urgence.

"Enlever les débris est une priorité absolue, car ce n'est qu'alors qu'il sera possible d'enlever les pièges et les cadavres et de désinfecter la ville afin que les civils puissent revenir", a-t-il déclaré.

Déblaiement des gravats et des explosifs

La priorité actuelle est d'ouvrir les routes principales menant à la ville en enlevant les décombres et les engins explosifs, avec des opérations de nettoyage à suivre, a déclaré Luay Matar, un ingénieur d'al-Raqa qui travaillait pour le conseil provincial.

"Il est impossible de vivre dans la ville dans son état actuel et elle ne peut pas accueillir ses 300 000 habitants", a-t-il dit à Diyaruna, notant que l'EIIS a complètement détruit les infrastructures de base telles que l'eau, l'assainissement et l'électricité.

"Les rapatriés en souffriraient considérablement, surtout à l'approche de l'hiver", a-t-il souligné.

"La question de la réouverture des écoles est également primordiale pour que les enfants ne soient pas encore en retard dans leur éducation, ce qui a été le cas depuis que l'EIIS a occupé la ville et ses campagnes", a-t-il noté.

L'EIIS a transformé certaines écoles en quartiers généraux et en sites d'entraînement, a précisé Matar, ce qui a incité certains habitants d'al-Raqa à fuir vers des camps de réfugiés situés à proximité afin d'accéder à l'école pour leurs enfants.

"La réhabilitation de la ville n'est pas moins importante que sa libération de l'EIIS", a indiqué Matar, mais cela ne peut se faire sans un soutien international direct.

Al-Huwaidi a précisé que le comité de santé du conseil travaillera à la réhabilitation de l'infrastructure sanitaire de la ville pour ouvrir la voie au retour des civils.

L'objectif initial est de réhabiliter les hôpitaux et les cliniques, a-t-il dit, notant que la reconstruction complète du système de santé exigera des efforts et des financements considérables.

Les habitants rêvent de revenir

“Mon rêve était de retourner à al-Raqa quoi qu'il arrive", a déclaré Jamal al-Bakkar, un fermier de la région d'al-Raqa qui s'est réfugié à Aïn Issa. "Mais après l'expulsion de l'EIIS et la libération de la ville, je dois attendre un peu plus, car il est complètement inhabitable".

Les habitants de la ville qui ont fui vers les camps de réfugiés ont perdu tout ce qu'ils possédaient et, malgré leur désir de rentrer chez eux, la réalité leur impose d'attendre, a-t-il dit à Diyaruna.

La plupart ont perdu leurs maisons et leurs moyens de subsistance, a-t-il ajouté, mais les fermiers ne pourront pas retourner dans leurs champs en raison des engins explosifs improvisés (EEI) plantés par l'EIIS et de la vandalisation des réseaux d'irrigation par le groupe.

"Un groupe de civils a tenté de retourner chez lui, mais les FDS et le Conseil civil d'al-Raqa qui sont stationnés à la périphérie de la ville ont sagement géré la situation", a-t-il dit.

Ils ont expliqué aux rapatriés les obstacles et les dangers auxquels ils seraient confrontés et les ont escortés jusqu'à l'endroit le plus proche, a-t-il ajouté.

Malgré les instructions claires des FDS, les civils attendent chaque jour aux portes de la ville pour avoir la possibilité de chercher ce qui pourrait rester de leurs maisons, essayant de convaincre les combattants des FDS de les laisser passer, a rapporté l'AFP.

Des dangers attendent ceux qui ne tiennent pas compte de ces avertissements, une équipe de médecins des FDS ayant rapporté vendredi qu'au moins 15 personnes, dont neuf civils, ont été tuées depuis la fin des combats.

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