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Droits de l'Homme

L'Afghanistan condamne l'Iran pour les enfants envoyés combattre en Syrie

Par Najiboullah

Des gens se rassemblent dans la province d'Alborz, en Iran, pour enterrer un membre de la brigade Fatemiyoun tué à Alep, en Syrie, le 18 août 2016. [Aref Fathiakbari/Mehr News Agency]

Des gens se rassemblent dans la province d'Alborz, en Iran, pour enterrer un membre de la brigade Fatemiyoun tué à Alep, en Syrie, le 18 août 2016. [Aref Fathiakbari/Mehr News Agency]

L'Afghanistan proteste auprès de l'Iran après la publication de rapports la semaine dernière accusant le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) d'envoyer des enfants immigrants et réfugiés combattre en Syrie.

Une enquête portant sur des photos de pierres tombales dans plusieurs cimetières iraniens où ont été enterrés des combattants syriens a permis de retrouver et d'identifier huit enfants afghans qui auraient combattu et trouvé la mort dans ce conflit, a fait savoir Human Rights Watch (HRW) le 1er octobre.

Les médias iraniens ont fait état d'au moins six autres enfants dont on pense qu'ils sont morts en combattant en Syrie au sein de la brigade Fatemiyoun, un groupe de mercenaires chiites afghans qui combattent aux côtés des forces gouvernementales dans le conflit en Syrie.

« Des enfants afghans âgés de seulement 14 ans ont combattu dans la division Fatemiyoun », a indiqué HRW, soulignant que « recruter des enfants âgés de moins de 15 ans pour participer activement aux hostilités est un crime de guerre ».

Sur cette photo sans aucune date, l'on peut voir la tombe de membres de la brigade Fatemiyoun dans la province d'Alborz en Iran. [Aref Fathiakbari/Mehr News Agency]

Sur cette photo sans aucune date, l'on peut voir la tombe de membres de la brigade Fatemiyoun dans la province d'Alborz en Iran. [Aref Fathiakbari/Mehr News Agency]

Cette photo non datée montre des funérailles organisées à Téhéran pour un combattant de la brigade Fatemiyoun tué en Syrie. [Photo fournie par Sheyar Turko]

Cette photo non datée montre des funérailles organisées à Téhéran pour un combattant de la brigade Fatemiyoun tué en Syrie. [Photo fournie par Sheyar Turko]

L'Iran recrute des réfugiés

Selon Shakib Moustaghni, porte-parole du ministère afghan des Affaires étrangères, des articles parus dans la presse locale et des informations officielles ont corroboré les informations concernant les efforts déployés par l'Iran pour recruter et envoyer des réfugiés afghans combattre en Syrie.

« Malheureusement, des réfugiés afghans dans les pays d'accueil, dont l'Iran, sont trompés et encouragés de diverses manières, y compris par des pressions et des tromperies, à se livrer à des activités qui contreviennent au droit international », a-t-il déclaré au Salaam Times.

L'Iran recrute ces Afghans par le biais d'incitations financières et juridiques, a expliqué pour sa part Habiboullah Mohammadi, un Afghan âgé de 28 ans rentré d'Iran en Afghanistan il y a près d'un an.

Selon des informations, le CGRI paie ses combattants environ 500 dollars par mois et leur offre ainsi qu'aux familles des combattants tués en Syrie des permis de résidence en Iran.

« Au départ, j'étais parti pour l'Iran en raison de la guerre, de l'insécurité et du chômage [en Afghanistan] », a expliqué Mohammadi au Salaam Times. « Mais je ne souhaitais pas aller combattre en Syrie, alors je suis rentré dans mon pays. »

Mohammadi a ajouté que c'est son employeur dans son entreprise de construction qui l'avait présenté à des recruteurs du CGRI afin qu'il puisse aller se battre en Syrie. Il a expliqué ne pas avoir accepté et être rentré en secret en Afghanistan.

Un certain nombre d'autres citoyens afghans qui vivaient en Iran ont également confirmé ces propos.

« L'implication de l'Iran dans le recrutement de combattants afghans est désormais indiscutable, et elle a été avérée par des photos, des vidéos et des sources fiables », a expliqué Sheyar Turko, étudiant en troisième cycle à l'université du Caire qui étudie le financement du CGRI.

La majorité des Afghans combattant dans les rangs de la brigade Fatemiyoun sont originaires des tribus afghanes Hazara, dont les membres ont été victimes d'attaques sectaires fomentées par les talibans, a-t-il précisé.

Le CGRI a accueilli des milliers de membres de ces tribus et les a logés dans des camps de réfugiés situés le long de la frontière irano-afghane, a-t-il précisé.

« Il y a aujourd'hui plus de deux millions de réfugiés, au moins », a indiqué Turko.

Le régime iranien exploite la situation tragique de ces tribus pour les inciter à participer aux combats en Syrie aux côtés de groupes affiliés au CGRI, a-t-il indiqué, ajoutant que les volontaires sont dupés par la promesse d'obtenir un permis de résidence en Iran.

Atteinte aux droits de l'homme

Recruter des réfugiés mineurs pour participer à des conflits constitue une violation des traités et des conventions sur les droits de l'homme, a indiqué pour sa part Bilal Siddiqi, porte-parole de la Commission afghane indépendante des droits de l'homme (AIHRC).

La question des droits des réfugiés doit être respectée par les pays d'accueil, en particulier l'Iran, et les enfants ne doivent pas être utilisés dans la guerre et la politique, a-t-il déclaré au Salaam Times.

Le gouvernement afghan doit « protéger tous ses citoyens, adultes ou enfants, et ne permettre à aucune personne ni aucun gouvernement de violer les droits des citoyens afghans », a-t-il déclaré.

Un pays qui exploite des immigrants et des enfants afghans à des fins politiques et sécuritaires se rend coupable d'une violation injustifiable et illégale des droits des réfugiés, a ajouté Hafizullah Miakhil, conseiller auprès du ministère afghan pour les Réfugiés et les rapatriés.

« Nous demandons aux pays d'accueil d'envisager le phénomène de l'immigration d'un point de vue humanitaire et de garder le sujet de l'immigration éloigné de toute question politique et sécuritaire », a-t-il déclaré au Salaam Times.

La plupart des Afghans qui migrent le font pour échapper à la guerre et à l'insécurité, a expliqué Rahimoullah Mirzad, étudiant en journalisme dans une université privée de Kaboul.

« Malheureusement, nos jeunes et nos adolescents émigrent pour se construire un avenir meilleur », a-t-il expliqué au Salaam Times, ajoutant que l'Iran tire avantage de leur désespoir. « Des gouvernements comme celui d'Iran exploitent les immigrants et ruinent leur futur en les envoyant à la guerre. »

Exigences de Kaboul

Le gouvernement afghan a soulevé la question du recrutement de citoyens afghans par le CGRI pour la guerre en Syrie à de nombreuses reprises et devant différentes instances, notamment lors des réunions et assemblées internationales, a ajouté Moustaghni.

Par le passé, la réponse de l'Iran consistait à dire qu'il ne s'agissait en rien de pressions ou de tromperies, mais que certains citoyens afghans participaient au conflit de manière totalement volontaire.

« Maintenant que plusieurs institutions internationales ont confirmé cette question, le [gouvernement afghan] réitère une nouvelle fois ses sérieuses inquiétudes et demande instamment à l'Iran de ne pas contraindre des citoyens afghans à aller combattre en Syrie par des moyens tels que des pressions et des tromperies », a-t-il poursuivi.

De plus, des mesures doivent être prises pour empêcher le recrutement des jeunes, a-t-il précisé, ajoutant que les droits des immigrants et des mineurs doivent être respectés.

« L'Iran doit immédiatement mettre un terme au recrutement d'enfants soldats et rapatrier les enfants afghans qu'il a envoyés combattre en Syrie », a indiqué Sarah Leah Whitson, directrice de HRW pour le Moyen-Orient.

« Plutôt que de prendre pour cible les immigrants vulnérables et les enfants réfugiés, les autorités iraniennes devraient protéger tous les enfants et tenir pour responsables ceux qui recrutent des enfants afghans », a-t-elle conclu.

Waleed Abou al-Khair au Caire a contribué à cet article.

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1 COMMENTAIRE (S)
Politique Commentaire * INDIQUE CHAMP NÉCESSAIRE 1500 / 1500

Ce que vous prétendez n'est pas vrai. Nous, en tant que chiites, avons une vraie croyance et nous estimons qu'il est de notre devoir, en vertu de la charia, de combattre les takfiristes, que ce soit en Syrie ou en Irak. La paix de Dieu soit sur ceux qui ont marché sur ce chemin, comme nous avons appris d'eux la réforme et le sacrifice afin de tuer ces terroristes qui n'ont rien à faire avec la religion; plutôt, ils sont la source de faiblesse dans la nation de Mohammad.

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