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Droits de l'Homme

Selon des militants, la crise gronde à la prison de Homs

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Cette photo de 2016 montre des prisonniers de la prison centrale de Homs. [Photo fournie par Iyad Assi]

Cette photo de 2016 montre des prisonniers de la prison centrale de Homs. [Photo fournie par Iyad Assi]

La prison centrale de Homs, dirigée par les forces de sécurité, est au bord d'une importante catastrophe humanitaire, a mis en garde un militant syrien par l'intermédiaire de Diyaruna.

Les prisonniers politiques détenus dans ce centre pénitentiaire ont entamé mardi 17 octobre un mouvement de protestation pour demander leur libération après plusieurs années en détention sans procès, a expliqué Iyad Assi, militant dans les médias.

Plusieurs militants ont réussi à entrer en contact avec quelques-uns des 2 000 détenus de cette prison, a-t-il précisé à Diyaruna.

Sur ce nombre, a-t-il indiqué, plus de 500 avaient été arrêtés pour leur opposition au régime syrien, et sont depuis lors frappés par une détention administrative. Aucun n'a été jugé lors d'un procès.

Une photo divulguée montre des détenus de la prison centrale de Homs organisant une manifestation le mardi 17 octobre. [Photo fournie par Iyad Assi]

Une photo divulguée montre des détenus de la prison centrale de Homs organisant une manifestation le mardi 17 octobre. [Photo fournie par Iyad Assi]

Des détenus de la prison centrale de Homs organisent un sit-in pour demander leur libération lors d'une manifestation organisée plus tôt dans ce centre. [Photo fournie par Iyad Assi]

Des détenus de la prison centrale de Homs organisent un sit-in pour demander leur libération lors d'une manifestation organisée plus tôt dans ce centre. [Photo fournie par Iyad Assi]

Certains d'entre eux sont incarcérés depuis plus de cinq ans, a affirmé Assi, soulignant « qu'un grand nombre de ces prisonniers étaient au départ détenus dans diverses prisons et ont été regroupés dans celle de Homs il y a environ six mois ».

« Le mouvement de protestation et la grève de la faim en cours ont débuté après que les nouveaux gardiens de la prison eurent ordonné que certains produits alimentaires de base ne soient plus distribués aux prisonniers », a rapporté Assi.

Des médicaments et des soins de santé leur ont également été refusés, a-t-il poursuivi, et ils n'ont pas été autorisés à recevoir de l'argent envoyé par des proches ou à recevoir des visites.

Punitions sévères

Lorsque les prisonniers ont annoncé leur acte de désobéissance civile et demandé que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) intervienne pour leur venir en aide, l'eau et l'électricité ont été coupées dans la prison par l'administration, a poursuivi Assi.

Inquiets du fait que les forces spéciales stationnées dans leur prison puissent intervenir dans les sections où ils sont détenus, les prisonniers ont bloqué les accès à ces sections en utilisant tout ce qu'ils avaient sous la main, a-t-il ajouté.

« En cas d'assaut, un véritable massacre s'ensuivrait parmi les détenus », a-t-il mis en garde, au vu de leur grand nombre et de la surpopulation.

À l'intérieur de la prison, a poursuivi Assi, une cellule conçue pour accueillir quatre ou cinq détenus peut en contenir jusqu'à 20, et les vastes couloirs regorgent de dizaines de détenus auxquels manquent les produits les plus basiques.

La crise dans la prison centrale de Homs aurait due être réglée au moment où des accords de réconciliation ont été conclus entre le régime et des factions de l'opposition, a-t-il indiqué.

Mais le régime a discrédité ces accords au motif qu'il était d'abord nécessaire de faire comparaître ces prisonniers en justice, ce qui n'a pas encore été fait, a ajouté Assi.

« La majorité des prisonniers a été arrêtée pour des motifs strictement politiques, à la suite du déclenchement du militantisme révolutionnaire en Syrie », a-t-il relaté.

Ceux parmi eux qui portaient les armes le faisaient dans le cadre de l'Armée syrienne libre (ASL), a-t-il précisé – en d'autres termes, pas avec les groupes terroristes présents en Syrie.

Une histoire de violence

Ce n'est pas la première fois que des troubles éclatent à la prison centrale de Homs.

Le 21 juillet 2012, une émeute a éclaté dans cette prison, et les prisonniers se sont emparés d'une partie des bâtiments, selon un rapport de Human Rights Watch (HRW).

En réponse, les forces du régime ont encerclé la prison, ont fait usage de balles réelles et de gaz lacrymogène pour attaquer les prisonniers, et ont coupé l'approvisionnement en nourriture et en eau.

Des rapports ont fait état d'au moins sept morts, parmi lesquels trois enfants.

Après cet incident, HRW a demandé aux forces de sécurité, notamment aux gardiens de prison, de respecter les principes de base des Nations unies concernant l'usage de la force et des armes à feu par les personnes chargées de l'application des lois.

Ces principes leur demandent de « minimiser les dommages et les blessures, de respecter et préserver la vie humaine » et de n'utiliser la force létale que lorsque cela est strictement inévitable pour protéger la vie.

Les forces du régime syrien ont maté une autre insurrection dans la prison le 9 septembre 2013, a fait savoir l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

En 2014, des détenus de la prison centrale de Homs avaient mené une grève de la faim pour protester contre la poursuite de leur détention, a rappelé l'observatoire.

Certains avaient purgé leur peine, d'autres avaient été condamnés à la prison à vie pour avoir participé à des manifestations au début de la révolution, et les autres étaient des criminels qui avaient achevé leur peine mais n'avaient pas été libérés, car le régime affirmait avoir perdu leurs dossiers.

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