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L'est et l'ouest de Mossoul à nouveau réunis

Par Alaa Hussain à Bagdad

Des Irakiens traversent un pont qui relie l'est et l'ouest de Mossoul le 13 juillet, quelques jours seulement après l'annonce par le gouvernement de la libération de la ville de « l'État islamique ». [Safin Hamed/AFP]

Des Irakiens traversent un pont qui relie l'est et l'ouest de Mossoul le 13 juillet, quelques jours seulement après l'annonce par le gouvernement de la libération de la ville de « l'État islamique ». [Safin Hamed/AFP]

Le gouvernement irakien s'est engagé à reconstruire les ponts de Mossoul dans le cadre de ses efforts de rétablissement des infrastructures et des services et de réunification des rives est et ouest de la ville, expliquent des responsables irakiens à Diyaruna.

Sur tous les ponts détruits lors des combats pour chasser « l'État islamique » (Daech) de la ville, seul un, le 5e pont, a été rouvert, a déclaré Hosam Eddin al-Abbar, membre de la commission des services du conseil provincial de Ninive.

Un pont flottant a été construit pour absorber la circulation et le trafic piétonnier pendant que les autres ponts restent hors service, a-t-il expliqué à Diyaruna.

Le ministère du Logement et de la Reconstruction travaille actuellement à reconstruire le Vieux pont, également appelé le Pont de fer, pour un coût estimé à 2,98 milliards de dinars irakiens (2,38 millions USD), a-t-il précisé.

Le Pont al-Muthana sera également reconstruit pour un coût de 263 millions de dinars irakiens (210 000 USD), a-t-il ajouté.

Rétablir la circulation est-ouest

Maintenant que les ponts de la ville commencent à être reconstruits, la situation à Mossoul commence progressivement à s'améliorer, a expliqué à Diyaruna le militant civique Laith al-Rashidi.

Les familles ont commencé à rentrer dans leurs foyers sur la rive ouest du Tigre, et le commerce reprend, bien qu'à un rythme encore lent, a-t-il ajouté.

Pour l'heure, seuls deux ponts sont opérationnels dans la ville, a-t-il précisé ; l'un pour entrer dans la ville, l'autre pour en sortir.

Cela n'est pas suffisant pour permettre à la ville de reprendre son fonctionnement normal, a-t-il précisé, en particulier depuis que les écoles et les universités ont rouvert, car il faut au moins une heure pour franchir un pont en raison du fort trafic.

La reconstruction des ponts de Mossoul aura un fort impact sur la vie économique et sociale de la ville, a expliqué al-Rashidi.

Ainsi, le Vieux pont relie le parc d'attractions de Mossoul, dans la partie est de la ville, à la Vieille Ville à l'ouest, a-t-il ajouté.

« Une fois reconstruit, il permettra à nouveau d'accéder aux marchés de la Vieille Ville, et les gens pourront retourner dans leurs magasins et leurs maisons dans la partie ouest de la ville », a-t-il ajouté.

Faire redémarrer la vie commerciale

Avec les ponts hors service, la population à l'est de la ville s'est multipliée, car ces quartiers ont été moins affectés que les quartiers ouest par les opérations militaires, a ajouté al-Rashidi.

« Cela a entraîné une hausse des loyers à l'est pour les logements et les boutiques, à près du double de ce qu'ils étaient jadis », a-t-il expliqué.

La mise hors service des ponts a également eu pour conséquence un transfert du centre d'affaires des marchés populaires de l'ouest, comme al-Dawwasa, al-Nabi Sheet et la Vieille Ville, vers des nouveaux quartiers sur la rive est, a-t-il ajouté.

« Cela a entraîné une concentration du volume du commerce dans une zone, alors qu'il se répartissait auparavant entre deux », a-t-il précisé.

Ce déplacement des logements et des commerces vers l'est exerce une forte pression sur les infrastructures de Mossoul, a-t-il expliqué, soulignant que la partie ouest était devenue une zone en grande partie désertée, ce qui a déstabilisé la situation économique générale de la ville.

Sur un plan social, a-t-il ajouté, plus de 90 % des gens qui habitaient l'ouest de la ville ont aujourd'hui déménagé vers l'est, où ils vivent dans des logements informels, à quatre ou cinq familles sous le même toit, avec toutes les difficultés que cela entraîne.

La stabilité attire la construction

Aujourd'hui, la situation sécuritaire à Mossoul est la meilleure depuis 2004, si l'on en croit le leader de la mobilisation tribale à Mossoul, Cheikh Khaled al-Jubury.

« Le commandement général des forces armées a ordonné le déploiement de la 16e division de l'armée dans l'est de Mossoul et l'a chargée de maintenir la sécurité dans le centre de la ville et dans les quartiers résidentiels adjacents », a-t-il expliqué à Diyaruna.

Ce renforcement de la sécurité, qui est également assurée par la police locale et la mobilisation tribale, fournit un environnement stable pour les entreprises de reconstruction nationales et étrangères qui souhaitent mener à bien des projets dans la ville, a-t-il poursuivi.

« La stabilité a encouragé le retour des personnes déplacées, car elles ne craignent plus pour leur vie ou leurs biens sous la protection du gouvernement central et de la police et de l'armée irakiennes », a-t-il précisé.

Bien qu'il reste beaucoup à faire, le rétablissement des infrastructures et des services des deux côtés de la ville a permis à un large segment de la population de revenir, a ajouté al-Abbar.

Dans l'ouest de Mossoul, théâtre de la majorité des combats, 70 % des habitants sont de retour dans leurs maisons, a ajouté ce membre du conseil provincial de Ninive.

C'est un bon pourcentage compte tenu du niveau de destructions causé par Daech dans cette zone, a-t-il estimé.

Les zones moins endommagées par les opérations militaires, comme l'est de Mossoul et Tal Afar dans l'ouest de Ninive et al-Mahalabia, ont vu leurs habitants déplacés revenir en masse, et les services fonctionnent à nouveau.

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