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Sécurité

Daech perd son soutien populaire dans l'Anbar

Par Khalid al-Taie

Habitants et leaders tribaux acclament le chef de la police de l'Anbar, le major général Hadi Kassar Erzeij, sur cette photo publiée sur Facebook le 24 juin, après que les forces irakiennes eurent porté des coups successifs à « l'État islamique » dans le pays. [Photo extraite de la page Facebook de la police de l'Anbar]

Habitants et leaders tribaux acclament le chef de la police de l'Anbar, le major général Hadi Kassar Erzeij, sur cette photo publiée sur Facebook le 24 juin, après que les forces irakiennes eurent porté des coups successifs à « l'État islamique » dans le pays. [Photo extraite de la page Facebook de la police de l'Anbar]

« L'État islamique » a perdu le soutien populaire dont il avait pu bénéficier en Irak, après que sa prise de contrôle de ses territoires eut fait apparaître au grand jour la propagande du groupe et après qu'il eut fait planer la terreur sur les vies des habitants, ont expliqué des responsables locaux à Diyaruna.

Ce changement d'opinion est manifeste dans la province la plus occidentale de l'Irak, celle de l'Anbar, où les habitants n'ont de cesse d'exprimer leur rejet après les tentatives faites par Daech de se réimplanter dans leurs régions.

Le 27 septembre, les habitants ont participé à faire échouer une attaque de grande envergure par des éléments de Daech, qui tentaient de s'emparer de trois zones situées autour de la capitale de la province, Ramadi.

Tous les attaquants ont été tués lors de cette opération, a fait savoir l'AFP, et au moins deux membres des forces de sécurité ont trouvé la mort, et 18 civils ont été blessés.

Les habitants de l'Anbar fêtent la libération de la ville de Mossoul de « l'État islamique », le 10 juillet. [Photo extraite de la page Facebook de la police de l'Anbar]

Les habitants de l'Anbar fêtent la libération de la ville de Mossoul de « l'État islamique », le 10 juillet. [Photo extraite de la page Facebook de la police de l'Anbar]

Cet incident a montré la profondeur de la coopération qui existe entre les habitants locaux et les forces de sécurité, dans un contexte de fort ressentiment envers Daech, a expliqué Athal al-Fahdawi, membre du conseil provincial de l'Anbar.

« Nous étions inquiets de la présence de certains sympathisants ou soutiens de Daech, en particulier dans les faubourgs des villes et à l'intérieur de celles qui avaient récemment été libérées », a-t-il confié à Diyaruna.

Mais les habitants ont affronté Daech avant même que les forces de sécurité ne parviennent sur place, offrant « un exemple criant de la perte par le groupe de sa source de pouvoir la plus importante : sa base de soutien populaire », a-t-il ajouté.

Daech avait envahi l'Anbar il y a trois ans, sous prétexte de protéger les habitants et de défendre leurs droits, a-t-il poursuivi.

Nombre de ces habitants, en particulier parmi la jeunesse, avaient été dupés par ces fausses annonces et trompés par les paroles des terroristes et par leurs fausses promesses, a-t-il ajouté.

Le régime de Daech exposé au grand jour

Mais lorsque Daech a pris le contrôle de leurs régions, les habitants se sont aperçus que les affirmations du groupe « n'étaient que purs mensonges et une désinformation destinée à mettre la main sur leurs ressources », a expliqué al-Fahdawi.

« Les habitants sont devenus les victimes des crimes les plus haineux du groupe », a-t-il ajouté.

« Les éléments de Daech les ont privés de leurs droits, de leur liberté et de leurs biens, et les ont soumis à tous les types de persécution et de mauvais traitements. »

« Aujourd'hui, ces citoyens ont bien retenu la leçon et ne souhaitent pas répéter la tragédie », a expliqué al-Fahdawi, soulignant qu'ils partagent actuellement la responsabilité de protéger leurs régions en coopération avec les forces de sécurité.

Plusieurs postes de sécurité de nuit sont gardés par des habitants locaux, qui apportent un complément au travail des forces de sécurité, a-t-il ajouté.

« Les habitants n'hésitent pas à informer les forces de sécurité de tout mouvement suspect, ce qui reflète le niveau très élevé de confiance mutuelle qui existe entre eux et la coordination commune pour faire avorter des projets terroristes », a-t-il indiqué.

La manière dont les habitants voient Daech a radicalement changé par rapport à ce qu'elle était dans le passé, a expliqué Cheikh Abdoullah al-Jughaifi, leader tribal de Haditha et chef d'Ahrar al-Furat.

Avant l'invasion de l'Anbar, Daech avait réussi à pénétrer et à gagner la fidélité de beaucoup d'habitants, a-t-il rappelé à Diyaruna, soulignant que le climat politique et le dédain du gouvernement à l'égard des demandes populaires à l'époque avaient facilité cette infiltration.

Après la chute de plusieurs villes aux mains du groupe, a-t-il poursuivi, les habitants ont pris conscience qu'ils avaient été dupés par la propagande de Daech, « et que le groupe n'avait amené dans leurs villes rien de plus qu'oppression et destruction".

Les gens « se sont aperçus que ces terroristes n'étaient rien d'autre que d'ignobles individus sans aucune religion ni barrière sociale ni valeur humaine », a-t-il poursuivi.

« Écrire une nouvelle histoire pour l'Anbar »

Al-Jughaifi a appelé les habitants à jouer un rôle plus important dans la protection de leurs régions.

« Le peuple de l'Anbar [...] écrit une nouvelle histoire de sa province », a-t-il précisé.

Les habitants de l'Anbar ont été les premiers à lutter contre tous les groupes terroristes, a expliqué à Diyaruna Sulaiman al-Kubaisi, journaliste originaire de l'Anbar.

« Notre province a été l'une des premières à se rebeller contre al-Qaïda et son idéologie extrémiste », a-t-il rappelé, ajoutant que le mouvement tribal Sahwa avait joué un rôle essentiel pour combattre et chasser les groupes terroristes de l'Anbar.

Al-Kubaisi a ajouté que Daech avait trompé certains jeunes de la province pour qu'ils rejoignent ses rangs, mais que les habitants avaient fini par s'unir autour des forces de sécurité irakiennes et qu'ensemble, ils avaient vaincu le groupe.

« Les habitants et les forces de sécurité ne font désormais plus qu'un. Les terroristes ne bénéficient plus d'aucun soutien, leurs idées ne sont pas acceptées, et il n'existe aucun lieu sûr pour eux dans l'Anbar », a-t-il conclu.

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1 COMMENTAIRE (S)
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Il n'y a pas de place pour le terrorisme parmi nous.

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