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Al-Baghdadi serait réapparu alors que le « califat » de l'EIIS s'écroule

Salaam Times

Abou Bakr al-Baghdadi, le leader de l'EIIS, annonce la création d'un « califat » autoproclamé dans cette image tirée d'une vidéo de 2014. Al-Baghdadi est en cavale et se montre rarement. [Archive]

Abou Bakr al-Baghdadi, le leader de l'EIIS, annonce la création d'un « califat » autoproclamé dans cette image tirée d'une vidéo de 2014. Al-Baghdadi est en cavale et se montre rarement. [Archive]

ISLAMABAD – « L'Etat islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) a publié jeudi 28 septembre un enregistrement audio qui proviendrait de son leader, Abou Bakr al-Baghdadi, exhortant ses membres à « résister » à leurs ennemis malgré des pertes stratégiques en Irak, en Syrie et en Afghanistan.

L'on ne sait pas quand ce message, publié par un groupe médiatique affilié à l'EIIS, a été enregistré.

Dans celui-ci, un homme dont la voix ressemble au chef de l'EIIS s'en prend aux pays de la coalition internationale qui ont infligé de lourdes pertes aux activistes du groupe en Syrie et en Irak.

« Les leaders de [l'EIIS] et se soldats ont compris que le moyen d'arriver à [...] la victoire est d'être patient et de résister aux infidèles quelles que soient leurs alliances », aurait déclaré al-Baghdadi dans cet enregistrement. « Nous resterons, nous résisterons et nous serons patients [...]. Nous ne céderons pas».

Des membres des Forces démocratiques syriennes dansent alors qu'ils tiennent une position sur la ligne de front est d'al-Raqqa le 24 septembre. Des combattants syriens appuyés par des forces de la coalition se battent pour éliminer les combattants restants de l'EIIS barricadés dans leur bastion en ruine d'al-Raqqa. [Bulent Kilic/AFP]

Des membres des Forces démocratiques syriennes dansent alors qu'ils tiennent une position sur la ligne de front est d'al-Raqqa le 24 septembre. Des combattants syriens appuyés par des forces de la coalition se battent pour éliminer les combattants restants de l'EIIS barricadés dans leur bastion en ruine d'al-Raqqa. [Bulent Kilic/AFP]

Ce message publié jeudi, s'il est authentifié, serait le premier d'al-Baghdadi depuis novembre dernier, où il encourageait les activistes de l'EIIS à défendre la ville irakienne de Mossoul jusqu'à la fin.

Peu de temps après, l'unité entre les membres de l'EIIS a commencé à s'étioler, suivi par de plusieurs mois de défections, de luttes internes et la perte de Mossoul en juillet cette année.

Alors qu'il contrôlait près d'un tiers du territoire irakien en 2014, l'EIIS ne possède plus qu'une petite partie du pays, des forces irakiennes et internationales assiégeant les activistes de toutes parts.

En Syrie, le siège d'al-Raqqa, la soi-disant capitale du « califat » de l'EIIS, se poursuit, alors que le territoire du groupe dans ce pays se réduit rapidement.

En Afghanistan, où l'EIIS a tenté de créer un quartier général dans la province de Nangarhar, des forces afghanes et de la coalition ont porté d'importants coups au groupe au cours de l'année passée.

Plus de « combat jusqu'à la mort »

Bien qu'al-Baghdadi cherche à créer un front uni, un récent changement de stratégie suggère que le réseau terroriste en est à ses derniers souffles mondialement.

« L'EIIS, qui jurait auparavant de se battre jusqu'à la mort, connaît maintenant un changement de stratégie », selon un rapport publié le 15 septembre par l'Institut d'études stratégiques d'Islamabad (ISSI), indiquant une récente bataille à la frontière entre le Liban et la Syrie.

Pendant une bataille de six jours en août sur la frontière libano-syrienne, l'EIIS a subi une défaite humiliante, a signalé le rapport.

Les membres survivants de l'EIIS – moins de 300 – et à peu près autant de leurs proches ont négocié leur passage en sécurité vers la ville de Deir al-Zour en Syrie, près de la frontière irakienne, a fait savoir Public Radio International.

« Ce changement de stratégie, d'une attitude de "combat jusqu'à la mort" jusqu'à la reddition et à la demande de passage en sécurité marque un glissement stratégique dans la politique de l'EIIS», a indiqué le rapport de l'ISSI.

« Le groupe [...] lutte désormais pour survivre », selon l'auteur du rapport, Muhammad Abbas Hassan, chercheur adjoint à l'ISSI.

Cette négociation « rapproche l'EIIS de l'élimination », a-t-il affirmé. « Cet accord a également donné l'espoir aux forces qui luttent contre le groupe qu'il peut enfin être battu. »

Eliminer l'EIIS une fois pour toutes

« L'intervention d'un petit nombre de puissances internationales a porté un coup à la force de l'EIIS en Syrie, ce qui a affaibli l'organisation activiste dans le monde entier », a déclaré le brigadier à la retraite Mehmood Shah du Peshawar, ancien secrétaire à la sécurité des zones tribales sous administration fédérale (ZTAF).

« De violents affrontements entre l'EIIS et les talibans en Afghanistan en avril indiquent également que l'EIIS était en difficulté et qu'il ne pouvait pas y rester longtemps », a déclaré Shah.

Comme les talibans n'ont pas rejoint l'EIIS et n'ont pas accepté son idéologie, la survie de l'EIIS en Afghanistan et sa capacité à pénétrer le Pakistan ont été mises en danger, a-t-il expliqué.

« L'EIIS pourrait perdre en Irak et en Syrie en tant que califat central, mais ses franchises poseront toujours problème dans plusieurs parties du monde, y compris au Pakistan et en Afghanistan », a déclaré Abdoullah Khan, directeur général du groupe de réflexion sur la sécurité Pakistan Institute for Conflict and Security Studies, basé à Islamabad.

« L'EIIS restera une menace mondiale, et les personnes inspirées par son idéologie porteront toujours des attaques ici et là », a-t-il déclaré, faisant référence aux « loups solitaires » partisans en dehors des bastions du Moyen-Orient.

Pour ces raisons, le fait de négocier avec l'EIIS devrait être découragé, a préconisé le rapport de l'ISSI.

« S'il lui est donné l'opportunité de se restructurer, le groupe pourrait revenir encore plus brutalement », a-t-il précisé. « Pour mettre fin à de tels incidents, et en tant que prérequis pour la paix, l'EIIS doit être entièrement éliminé».

« La flamme vacillante du califat autoproclamé doit être éteinte », a conclu le rapport.

« Les puissances internationales doivent s'unir pour décourager les guerres par procuration et l'activisme, et pour lancer une offensive contre l'EIIS pour stopper le carnage dans le monde », a déclaré à Pakistan Forward Mubasher Mir, analyste de sécurité et rédacteur permanent du Daily Pakistan à Karachi.

« Sans actions unanimes menées par la communauté internationale, l'activisme ne peut pas être éliminé du monde », a-t-il fait savoir.

[Javed Mahmood a contribué à cet article.]

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