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Syrie : les civils piégés alors que Daech organise sa résistance finale à al-Raqqa

AFP

Le 21 septembre, un membre des Forces démocratiques syriennes inspecte un bâtiment à al-Raqqa, ancien bastion de « l'État islamique ». Des combattants syriens luttent pour supprimer les derniers membres armés de Daech barricadés dans la ville. [Delil Souleiman/AFP]

Le 21 septembre, un membre des Forces démocratiques syriennes inspecte un bâtiment à al-Raqqa, ancien bastion de « l'État islamique ». Des combattants syriens luttent pour supprimer les derniers membres armés de Daech barricadés dans la ville. [Delil Souleiman/AFP]

Parmi les ruines d'une rue à al-Raqqa en Syrie, un combattant anti-extrémiste lance un appel avec un haut-parleur : « Civils, nous attendons que vous partiez pour être en sécurité ».

Les Forces démocratiques syriennes indiquent qu'elles sont sur le point de battre les derniers combattants de « l'État islamique » (Daech) terrés dans la ville.

Cette alliance arabo-kurde s'est emparée de la majorité de ce qui était auparavant le bastion syrien de Daech, une ville qui est devenue synonyme des pires atrocités du groupe.

Mais l'on craint que des milliers de civils soient toujours à al-Raqqa, certains étant utilisés comme boucliers humains selon les FDS.

Dans les poches encore tenues par le groupe, les soldats tentent d'encourager les civils à fuir avant leur attaque.

Près des grands silos à grains de la ville, des combattants des FDS ont exhorté les civils qui craignent les tireurs embusqués de Daech à sortir de chez eux.

Ahmed Abou al-Sheikh, un soldat des FDS portant une longue barbe et une écharpe noire autour de la tête, a surveillé la situation, une radio à la main.

Il dirige une unité spéciale chargée d'aider les civils à évacuer.

« Nous sommes venus ici car il y a des groupes de civils près de ce point et nous avons obtenu des informations sur leur sortie », a-t-il indiqué.

« Environ 70 mètres nous séparent des civils. Nous allons les sortir des griffes de Daech », a-t-il ajouté.

Dernières poches de combats

Des dizaines de milliers de civils ont fui al-Raqqa au cours des derniers mois, certains s'échappant alors que les FDS encerclaient la ville avant de finalement y pénétrer en juin.

Mais l'ONU estime que jusqu'à 15 000 civils pourraient toujours se trouver dans certains quartiers d'al-Raqqa, confrontés à « des conditions incroyablement difficiles », dont le manque de nourriture, d'eau et de médicaments.

La fuite est dangereuse, avec des snipers de Daech qui ouvrent régulièrement le feu sur les civils qui partent, et des routes truffées de mines.

Des preuves du règne de Daech sont toujours visibles partout, y compris un panneau publicitaire au milieu de la destruction, sur lequel on peut lire « djihad ».

Des talus de terre créés par Daech dans l'espoir de ralentir la progression des FDS sont présents dans de nombreuses rues de la ville, et les mots « Dieu est le plus grand » sont écrits en noir sur les murs.

Les FDS ont lancé leur attaque contre la ville en juin sur deux fronts, entrant par l'est, puis par l'ouest.

Mais la progression des FDS dans le centre d'al-Raqqa signifie que ses combattants peuvent désormais passer directement d'un côté à l'autre de la ville.

« Nous traversons pour la première du front de l'ouest à celui de l'est, car nos forces tiennent maintenant la majeure partie de la ville », a déclaré Jihan Cheikh Ahmed, porte-parole de la campagne « Colère de l'Euphrate » visant à capturer al-Raqqa.

« Nous contrôlons 80 % d'al-Raqqa, et les 20 % restants sont dans la ligne de mire de nos forces », a-t-elle précisé à l'AFP jeudi dans la ville.

Elle a indiqué que les combattants de Daech s'étaient retranchés dans l'hôpital national d'al-Raqqa, le stade sportif local et plusieurs parcs proches.

« Des tunnels relient certains lieux stratégiques. Nous essayons de nous emparer de l'hôpital national, mais Daech y retient des civils comme boucliers humains, et cela ralentit notre progression. »

« Moments historiques »

Des frappes aériennes de la coalition internationale ont frappé près des silos et du stade jeudi, faisant monter des nuages de fumée grise.

On pouvait entendre le son intermittent de coups de feu et de tirs de mortier, mais le moral était au beau fixe chez les FDS.

Certains des combattants autour de Cheikh Ahmed chantaient, et ont même dansé la dabkeh traditionnelle pour montrer qu'ils étaient convaincus que la bataille pour la ville touchait à sa fin.

« Nous sommes dans la phase finale et nous apporterons la victoire au peuple à al-Raqqa dans les semaines qui viennent », a affirmé Cheikh Ahmed.

« La victoire est proche »

Rojda Felat, commandant des SDF, a déclaré que les derniers combattants de Daech dans la ville « n'avaient plus la capacité de lancer des attaques ou d'envoyer des voitures piégées ».

« Cela est visible à travers leurs derniers déplacements. Nous nous attendons à ce qu'ils meurent tous à al-Raqqa. »

Les FDS s'attendent à proclamer leur victoire dans la ville dans les « semaines » qui viennent, selon Cheikh Ahmed.

« Nous avons promis cette victoire à nos amis morts en martyrs », a déclaré Berkhdan, un jeune soldat portant une écharpe verte à motifs floraux enroulée autour de sa tête.

« Nous sommes heureux, parce que nous vivons des moments historiques avec la chute d'al-Raqqa et la défaite de Daech », a-t-il poursuivi.

« La libération d'al-Raqqa entrera dans les livres d'Histoire. »

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