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Terrorisme

Les activistes de Tahrir al-Sham en proie aux tensions

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Un élément de Tahrir al-Sham devant un poste de contrôle dans la province syrienne d'Idlib. [Photo fournie par Mohammed al-Abdullah]

Un élément de Tahrir al-Sham devant un poste de contrôle dans la province syrienne d'Idlib. [Photo fournie par Mohammed al-Abdullah]

Bien que son cercle interne prétende le contraire, l'alliance Tahrir al-Sham est complètement dominée par l'ancien Front al-Nosra (FAN) et continue à suivre ses objectifs, ont déclaré des militants syriens à Diyaruna.

Malgré les efforts de l'alliance pour se présenter comme une coalition non extrémiste, les événements sur le terrain montrent qu'il ne s'agit que du FAN sous une autre apparence, a expliqué le journaliste syrien Mohammed al-Abdoullah.

Au sein de l'alliance, le FAN domine le processus de prise de décision afin de faire taire les voix dissidentes d'autres factions, a-t-il affirmé à Diyaruna.

« De telles voix se sont récemment fait entendre, après que Tahrir al-Sham ait éliminé la présence d'importantes factions dans la région d'Idlib », a-t-il rapporté.

Le 8 août, des manifestants appellent Tahrir al-Sham, une alliance extrémiste dominée par le Front al-Nosra, à quitter a banlieue d'Arbin à Damas. [Photo fournie par Mohammed al-Abdoullah]

Le 8 août, des manifestants appellent Tahrir al-Sham, une alliance extrémiste dominée par le Front al-Nosra, à quitter a banlieue d'Arbin à Damas. [Photo fournie par Mohammed al-Abdoullah]

Un véhicule blindé utilisé par des combattants de Tahrir al-Sham participe à des combats contre son ancien allié Ahrar al-Sham en août. [Photo fournie par Mohammed al-Abdoullah]

Un véhicule blindé utilisé par des combattants de Tahrir al-Sham participe à des combats contre son ancien allié Ahrar al-Sham en août. [Photo fournie par Mohammed al-Abdoullah]

Le groupe dissident le plus notable est Ahrar al-Sham, qui a refusé de se laisser complètement intégrer sous la bannière de Tahrir al-Sham, a déclaré al-Abdoullah.

Tahrir al-Sham a également eu des différends avec Noureddine al-Zinki, une faction ayant rejoint Tahrir al-Sham au moment de sa création.

Un leader de Noureddine al-Zinki a été tué jeudi 31 août lorsque sa voiture a explosé alors qu'il se déplaçait vers le district de Dana à Idlib, qui est sous contrôle de Tahrir al-Sham.

Noureddine al-Zinki a accusé l'alliance d'avoir orchestré cet attentat.

Al-Abdoullah a ajouté que Tahrir al-Sham a également commencé à influencer le travail des tribunaux, ses chefs ayant « commencé à donner des directives de renvoi et de recrutement correspondant aux politiques du groupe, ce qui a mené de nombreux juges, employés et clercs à démissionner ».

Ceci montre que Tahrir al-Sham a pris les rênes du processus de prise de décision, le remettant entièrement entre les mains de partisans du FAN, a-t-il expliqué.

Les démissions notables causées par cela comprennent l'intégralité de l'équipe du tribunal de Darat Izza, dans la campagne de l'ouest d'Alep, composée de 19 juges et employés, a-t-il ajouté.

Tensions au sein de Tahrir al-Sham

Les tensions couvent dans plusieurs parties d'Idlib entre les résidents et certaines factions armées d'un côté et Tahrir al-Sham de l'autre, selon le militant des médias Sumer Agha.

Les éléments de Tahrir al-Sham qui appartenaient auparavant au FAN adoptent une idéologie et des objectifs qui diffèrent complètement de ceux des habitants, a-t-il déclaré à Diyaruna.

En plus des différences fondamentales en ce qui concerne les objectifs politiques, a-t-il indiqué, le contingent du FAN tient tout particulièrement à la stricte application de la charia.

Beaucoup pensent que « le FAN a simplement changé d'apparence temporairement pour se protéger avec le nom de Tahrir al-Sham, tout en gardant certaines factions plus petites avec lui pour parfaire la ruse », a-t-il dit.

« De nombreuses personnes s'attendent à ce que le FAN commence à imposer un code vestimentaire strict, une interdiction sur les cigarettes et une surveillance d'internet, entre autres [pratiques], et certaines de ces indications ont en effet commencé à apparaître sur le terrain », a-t-il ajouté.

Toutes les factions sous la bannière de Tahrir al-Sham ont vu leur influence baisser, « à tel point que beaucoup de leaders et de responsables militaires d'autres factions qui avaient rejoint Tahrir al-Sham ont préféré partir », a rapporté Agha.

« Ils ont été marginalisés, toutes les positions de commandement étant occupées par des émirs et des responsables du FAN », a-t-il expliqué.

Il est devenu clair pour les leaders de ces factions que Tahrir al-Sham n'a pas été établi pour lancer un projet national pour la Syrie, mais pour fournir une couverture au FAN, a-t-il indiqué, pour le faire paraître modéré et travaillant avec toutes les factions.

Abondance de différences idéologiques

Saleh Hama, membre fondateur du FAN, a été renvoyé du groupe car il n'était pas d'accord avec le chef du FAN, Mohammed al-Joulani, qui refusait de combattre « l'Etat islamique en Irak et en Syrie» (EIIS).

Après son expulsion du FAN, Hama, qui est très connu sous le pseudonyme qu'il utilise sur les réseaux sociaux, « Uss al-Seraa in al-Sham », a commencé à y partager son point de vue.

Ses messages ont causé une réelle confusion chez les éléments du FAN, surtout en ce qui concerne la relation entre le FAN et l'EIIS, l'association avec al-Qaïda et la relation avec les combattants étrangers.

Lorsqu'il lui a été demandé si Tahrir al-Sham travaillait pour le bien du peuple syrien, Hama a répondu à Diyaruna que l'alliance « n'était pas une entité à idéologie homogène ».

Au cœur de l'alliance, a-t-il poursuivi, environ « 40% des membres suivent un programme nationaliste militaire révolutionnaire, 50% sont perdus et hésitent entre l'ancienne et la nouvelle voie – les 40% suivant la nouvelle voie – et seulement 10% adhèrent à la vieille idéologie ».

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