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Criminalité et Justice

L'image de la sécurité à Bagdad faussée par l'alarmisme des médias

Par Alaa Hussein à Bagdad

Un Irakien vend des jus de fruits sur un marché en plein air de la rue Mutanabi à Bagdad, le 11 août. La situation sécuritaire dans la ville est stable, et les gens vaquent à leurs occupations comme à l'accoutumée, ont expliqué des responsables à Diyaruna. [Ahmad al-Rubaye/AFP]

Un Irakien vend des jus de fruits sur un marché en plein air de la rue Mutanabi à Bagdad, le 11 août. La situation sécuritaire dans la ville est stable, et les gens vaquent à leurs occupations comme à l'accoutumée, ont expliqué des responsables à Diyaruna. [Ahmad al-Rubaye/AFP]

De nombreux visiteurs arrivant à Bagdad en provenance des provinces voisines ou de l'étranger sont étonnés de trouver une situation sécuritaire aussi stable dans la capitale irakienne.

Cela contraste avec ce qu'ils entendent dans les médias, et avec le portrait très sombre de cette ville très vivante que l'on trouve sur les réseaux sociaux.

Bien que des histoires circulent sur des médecins, des artistes et des professionnels des médias pris pour cible à Bagdad, on peut voir les membres de ces professions vaquer à leurs occupations habituelles dans la ville.

« Bagdad a beaucoup de chance pour ce qui est de la sécurité, au vu de ce qu'était le taux de criminalité organisée et de terrorisme il y a un an, par exemple », a expliqué Mohammad al-Rubaie, vice-président de la commission de sécurité du conseil provincial de Bagdad.

Le nombre d'attentats à la voiture piégée dans le district d'al-Rusafa est tombé à un tous les 18 mois, en forte baisse par rapport aux années précédentes, a-t-il indiqué à Diyaruna.

Quant au crime organisé, a poursuivi al-Rubaie, le nombre d'enlèvements est tombé de 129 par mois en moyenne au premier semestre 2016 à seulement treize à ce jour cette année.

Une amélioration qu'il attribue aux efforts des autorités en charge de la sécurité et aux recommandations que la commission de sécurité du conseil envoie au commandement des opérations de Bagdad, au ministère de l'Intérieur et à la Direction générale des renseignements.

Toutes ces entités travaillent de concert pour contrôler la situation sécuritaire dans la capitale.

« Je ne nie pas le fait que le taux de criminalité à Bagdad soit sensiblement supérieur aux taux normaux enregistrés dans d'autres pays du monde, mais la situation n'est pas aussi mauvaise que ce qu'en disent certaines personnes », a-t-il poursuivi.

Excès d'alarmisme dans les médias

Les réseaux sociaux sont la principale source de cet alarmisme concernant le taux de criminalité à Bagdad, a affirmé al-Rubaie, ajoutant que sur ces canaux certains crimes de droit commun ont été à tort dépeints comme des crimes exceptionnels.

Des informations concernant certaines affaires criminelles circulant sur les réseaux sociaux ont laissé entendre qu'il s'agissait d'affaires de crime organisé, alors que ces événements se sont avérés n'être que des litiges familiaux voire dans certains cas de pures rumeurs.

« Des armées en ligne mènent un terrorisme intellectuel et des campagnes de contre-propagande dans le but de saper la sécurité et de terroriser la société pour atteindre certains objectifs », a expliqué Hashem Hassan, doyen de la faculté de l'information à l'université de Bagdad.

Ces groupes, que l'on retrouve généralement sur les réseaux sociaux, tentent d'influencer « les ignorants » pour atteindre d'autres segments de la communauté et semer le désespoir, la confusion et la peur en leur sein, a-t-il indiqué à Diyaruna.

Pour répondre à ce problème, tous les utilisateurs des réseaux sociaux devraient être incités à vérifier les informations qu'ils consultent avant de les répercuter à d'autres, a-t-il ajouté.

Ils devraient savoir « comment traiter les informations et en vérifier la véracité » avant de les prendre comme telles et de les faire circuler, a-t-il poursuivi.

« Le gouvernement doit poser les fondements d'une éducation aux médias afin qu'elle soit enseignée dans le cadre des programmes dispensés aux élèves », a-t-il estimé.

Les organisations de la société civile devraient elles aussi être tenues d'éduquer la communauté sur la question, a-t-il ajouté, et de développer des principes de gestion des médias et des informations qu'on y trouve.

Hassan a critiqué la vitesse avec laquelle les agences de sécurité répondent aux rumeurs visant à porter atteinte à la sécurité, qualifiant cette réponse de trop lente face à la vitesse de fabrication et de propagation de telles informations.

Les récentes victoires obtenues par les forces irakiennes dans leur lutte contre le terrorisme ont toutefois engendré un climat général favorable aux efforts de sécurité déployés à Bagdad, ce qui a atténué l'impact des rumeurs malveillantes.

« Les agences de sécurité ont fait avorter des attaques et des crimes terroristes et en ont arrêté les auteurs quelques heures seulement après qu'ils eurent perpétré leurs actes criminels », a fait savoir le porte-parole du ministère de l'Intérieur, le général de brigade Saad Maan.

À titre d'exemple, il a cité une affaire d'attaque criminelle impliquant une chrétienne âgée (Oumm Sargon) victime d'un vol à main armée début août dans le quartier d'al-Dora de Bagdad.

Les informations sur ce crime ont pris une grande ampleur sur les réseaux sociaux, a-t-il rapporté, soulignant que les agences de sécurité avaient toutefois arrêté les auteurs quelques heures seulement après l'incident.

« La plupart des crimes commis à Bagdad tombent dans la moyenne 'normale' du reste du monde », a-t-il conclu, surtout si l'on tient compte de la situation exceptionnelle que connaît l'Irak.

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