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Réfugiés

Des familles de l'Anbar fuient Daech au péril de leur vie

Par Khalid al-Taie

Des habitants de la province de l'Anbar reçoivent des fournitures d'aide de la part du gouvernement après avoir fui les zones contrôlées par « l'État islamique » sur cette photo publiée en ligne le 8 juillet. [Photo extraite de la page Facebook du ministère irakien des Déplacements et des Migrations]

Des habitants de la province de l'Anbar reçoivent des fournitures d'aide de la part du gouvernement après avoir fui les zones contrôlées par « l'État islamique » sur cette photo publiée en ligne le 8 juillet. [Photo extraite de la page Facebook du ministère irakien des Déplacements et des Migrations]

Malgré les dangers que représente la fuite des régions de l'Anbar contrôlées par « l'État islamique » (Daech), de nombreuses familles estiment que le risque vaut la peine d'être couru.

Parmi ceux qui ont choisi de tenter une évasion se trouve Abou Mohammed, un habitant d'al-Qaim qui a choisi d'utiliser un pseudonyme par crainte pour sa sécurité et qui a quitté sa ville avec sa femme et son frère.

Vers la fin du mois de juillet, a expliqué Abou Mohammed, il a réussi à emmener sa famille jusqu'au poste de contrôle le plus proche de l'armée irakienne, dans la ville d'al-Rutba, après deux jours de marche en terrain accidenté.

Il a raconté à Diyaruna avoir fait appel à des contrebandiers pour l'aider à trouver son chemin dans le désert « pour un prix de 300 dollars par personne ».

« Cela représentait beaucoup d'argent pour nous parce que nous n'avons pas de travail, mais nous avons réussi à trouver cet argent et à nous sauver en dépit du danger », a-t-il indiqué.

« Être prêt à risquer sa vie est une preuve manifeste de l'enfer que nous vivons avec les terroristes », a-t-il ajouté. « Daech opprime les gens [à al-Qaim], et si les gens ne meurent pas entre les mains des membres du groupe, ils meurent par suite du manque de nourriture et de médicaments. »

Des milliers de personnes fuient les villes frontalières

Des milliers d'habitants des villes frontalières de l'Anbar d'al-Qaim, Anah et Rawa ont été contraints de fuir leurs maisons à cause de la tyrannie de Daech, qui a pris le contrôle de leur région et imposé un siège à ses habitants.

« Au cours des trois derniers mois, près de 20 000 habitants ont réussi à fuir les terroristes avec l'aide de passeurs, malgré les risques encourus et le prix élevé », a expliqué le maire d'al-Rutba, Imad Meshaal al-Dulaimi.

« Nous disposons d'une zone spéciale pour accueillir les familles en fuite, où elles reçoivent les premiers soins et de la nourriture », a-t-il expliqué à Diyaruna. « Elles sont ensuite emmenées vers un camp dans l'ouest de Ramadi où elles peuvent trouver un toit et bénéficier d'un suivi. »

Avant que ces déplacés internes (DI) ne parviennent à atteindre les forces de sécurité, leur santé est mauvaise parce qu'ils souffrent de la fatigue et de la peur, a poursuivi al-Dulaimi.

Nombre d'entre eux ont des histoires tragiques à raconter sur leur vie sous le joug de Daech.

Certains racontent avoir été emprisonnés, fouettés et dépouillés de leurs biens ou de leur maison, a-t-il rapporté. D'autres indiquent avoir été pris au piège dans leur région et empêchés de partir, même s'ils souffraient de faim ou de maladies.

« Cette existence horrible contraint des familles entières à s'embarquer pour un voyage dangereux et difficile vers la liberté, car pour elles, courir ce risque est plus supportable que demeurer dans cet enfer », a ajouté al-Dulaimi.

« Chaque fois que des familles parviennent à la sécurité, elles nous disent ne pas pouvoir croire qu'elles ont réussi à s'échapper », a indiqué Athal al-Fahdawi, membre du conseil provincial de l'Anbar, ajoutant que c'est « comme si elles bénéficiaient d'une deuxième chance ».

« Aucune pitié dans leurs cœurs »

Avant que ces personnes ne réussissent à s'enfuir, « elles étaient sous le contrôle de gens qui n'avaient aucune pitié dans leurs cœurs », a expliqué al-Fahdawi à Diyaruna.

« Les gens n'avaient que de l'eau, des dattes et du pain sec à manger, et ils mouraient à petit feu », a-t-il précisé, ajoutant que certains de ceux qui avaient tenté de s'enfuir n'y étaient pas parvenus et que « Daech les avait exécutés de la manière la plus horrible qui soit ».

Avec l'imminence de la bataille pour chasser Daech de l'ouest de l'Anbar, al-Fahdawi a dit s'attendre à voir plus de gens fuir la région.

Les responsables locaux estiment que Daech a pris en otage quelque 60 000 civils dans ces zones, qui sont devenues une sorte de dernier havre pour le groupe après sa défaite à Mossoul.

Quant au nombre de combattants de Daech, le spécialiste de la sécurité Jassim Hanoun a affirmé à Diyaruna « qu'il est difficile d'avoir des chiffres précis, car les zones qu'ils contrôlent débouchent directement sur le désert et les villes syriennes ».

Mais les estimations situent ce nombre aux alentours de 6 000, a-t-il poursuivi, dont certains ont trouvé refuge dans le désert de l'Anbar après les batailles pour libérer les provinces de Salaheddine et Ninive.

« Les civils pris au piège souffrent beaucoup, car le groupe les traite avec cruauté et une violence excessive », a-t-il conclu. « Ceux qui avaient été trompés réalisent maintenant la vraie nature des terroristes et de leurs prétentions. »

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