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Terrorisme

Des centaines de civils exécutés par Daech à Tal Afar

Par Alaa Hussein à Bagdad et Khalid al-Taie

Un soldat irakien porte un enfant dont la famille fuyait « l'État islamique » à Mossoul le 28 janvier. Alors que les forces irakiennes achèvent la libération de Mossoul, Daech s'en est pris aux civils dans la ville voisine de Tal Afar. [Photo fournie par la cellule médias de l'armée]

Un soldat irakien porte un enfant dont la famille fuyait « l'État islamique » à Mossoul le 28 janvier. Alors que les forces irakiennes achèvent la libération de Mossoul, Daech s'en est pris aux civils dans la ville voisine de Tal Afar. [Photo fournie par la cellule médias de l'armée]

Au cours des dernières semaines, « l'État islamique » (Daech) a exécuté des centaines de civils dans le district de Tal Afar dans la province irakienne de Ninive, ont expliqué des responsables locaux à Diyaruna.

Tal Afar est sous le contrôle de Daech et est assiégé par l'armée irakienne et les unités de la mobilisation populaire. Plusieurs rapports font état de luttes internes très violentes entre combattants de Daech à l'intérieur de la ville, dont beaucoup sont venus ici depuis la ville proche de Mossoul.

Selon les médias irakiens, le chaos règne dans les rangs de Daech à l'intérieur de Tal Afar au lendemain d'un coup ourdi par plusieurs leaders influents contre leurs opposants au sein du groupe.

Par ailleurs, « les combattants de Daech ont exécuté ces dernières semaines de nombreux civils à Tal Afar », a indiqué le responsable local Hassan al-Amin, qui a demandé à utiliser un pseudonyme pour la sécurité de sa famille, qui reste prise au piège dans la zone.

« Les informations dont nous disposons montrent que le nombre de victimes est de l'ordre de plusieurs centaines, parmi lesquelles des femmes et des enfants », a indiqué al-Amin.

« Le groupe les avait arrêtées après qu'elles eurent tenté sans succès de fuir le contrôle de Daech », a-t-il expliqué à Diyaruna. « Certaines de ces personnes étaient sur le point d'atteindre les forces de sécurité, positionnées près de la partie est de la ville. »

« La plupart de ces victimes sont des Turkmènes, mais on y trouve également des Arabes, qui vivent dans des villages de Tal Afar », a-t-il ajouté.

Les Turkmènes visés pour leur résistance

Les médias irakiens ont indiqué que Daech avait également exécuté « le dernier leader local » à Tal Afar.

Selon des rapports locaux, Daech avait déféré ses victimes devant son soi-disant tribunal de la charia, qui les a condamnées à mort pour avoir « déserté la terre du califat ».

« Les victimes ont été tuées par balles », a expliqué al-Amin, ajoutant que Daech en avait également torturé certaines en les pendant à des poteaux électriques.

Daech a ainsi massacré 200 innocents, jeunes et moins jeunes, à Tal Afar et dans les districts voisins d'al-Ayadiya et d'al-Mahlabiya, a expliqué le vice-président du conseil provincial de Ninive Noureddine Kabalan, qui est aussi l'un des leaders du Front turkmène d'Irak.

Les victimes avaient été détenues dans les prisons du groupe pour avoir tenté de fuir Tal Afar et de chercher refuge auprès des forces irakiennes, a-t-il précisé à Diyaruna.

« Daech a visé la communauté turkmène du fait de la position qu'elle a adoptée vis-à-vis du groupe », a-t-il indiqué, soulignant que des milliers de Turkmènes ont pris les armes contre Daech sur plusieurs fronts aux côtés des forces irakiennes.

« Les Turkmènes ont laissé plus de 1 000 martyrs dans les combats pour libérer des villes de Daech dans toutes les zones de combat, et ils continueront à se battre jusqu'à ce que le groupe soit totalement éradiqué »; a-t-il ajouté.

Des actes de vengeance horribles

Ces actes d'inhumanité font partie d'une tentative de la part des combattants de Daech de « resserrer l'étau sur les civils et de les utiliser comme boucliers humains », a déclaré al-Amin.

Le groupe avait auparavant publié une fatwa autorisant d'abattre « quiconque tente de fuir le district, quels que soient son âge ou sa nationalité », a-t-il précisé.

« Ces massacres horribles sont une revanche pour les lourdes pertes subies par le groupe durant les combats pour la libération de la vieille ville de Mossoul », a-t-il ajouté.

Dans un communiqué publié le 7 juillet, l'Observatoire irakien des droits de l'Homme a indiqué que « 200 civils du quartier d'al-Qadisiya à Tal Afar ont été exécutés par des éléments de Daech pour avoir tenté de fuir la ville durant l'Aïd el-Fitr ».

« Des éléments de Daech ont pendu 17 corps à des poteaux électriques près de la Direction de la police et de la porte est de la ville, en violation manifeste de toutes les normes internationales des droits de l'Homme », a indiqué l'observatoire.

Kabalan a exprimé sa forte condamnation de ce massacre, dont il a dit qu'il intervenait en représailles à l'héroïsme du peuple de Tal Afar qui rejette Daech.

Il a appelé les Nations unies et les organisations internationales des droits de l'Homme à documenter ce crime, et a demandé au Premier ministre Haider al-Abbadi, en tant que commandant en chef des forces armées, d'accélérer la libération de la ville.

Demandes pour une libération rapide

L'Observatoire a également demandé au gouvernement irakien d'empêcher d'autres violations contre des civils dans la ville, où sont encore prises au piège environ 100 000 personnes, selon les estimations.

Avant que Daech ne prenne le contrôle de Tal Afar en août 2014, la ville comptait selon les estimations une population de 200 000 personnes, a indiqué l'AFP.

Le député turkmène Mohammad Taqi a indiqué que les forces irakiennes libéreront totalement Tal Afar de Daech et que les habitants sunnites et chiites participeront ensemble à la libération « en signe de patriotisme et de fraternité ».

Le politologue Ziad al-Arrar a déclaré à Diyaruna que cela fait quelque temps que Tal Afar est assiégée de toutes parts, ce qui rend la bataille plus facile à mener que dans certaines autres villes, en dépit de la résistance que l'on s'attend à rencontrer.

Le point le plus important de la bataille pour Tal Afar, a-t-il conclu, sera de tenir le territoire après sa libération et d'y rétablir l'ordre.

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