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Terrorisme

Des femmes de Daech coopèrent avec la police irakienne

Par Khalid al-Taie

Un policier irakien aide des femmes et des enfants qui ont fui les quartiers de Mossoul encore sous le contrôle de « l'État islamique ». [Photo fournie par la police fédérale irakienne]

Un policier irakien aide des femmes et des enfants qui ont fui les quartiers de Mossoul encore sous le contrôle de « l'État islamique ». [Photo fournie par la police fédérale irakienne]

La police irakienne a interrogé les femmes de combattants de « l'État islamique » (Daech) afin de recueillir des informations sur les agissements internes du groupe.

Mardi 11 juillet, la police fédérale a évacué de la vieille ville de Mossoul trois Irakiennes et leurs enfants qui ont reconnu avoir épousé des combattants de Daech, a indiqué à Diyaruna le colonel Abdoul Rahman al-Khazaali, porte-parole de la police.

Dans une vidéo publiée le 6 juillet sur des sites d'informations et qui a été authentifiée par la police, les trois femmes ont indiqué avoir été contraintes d'épouser des combattants de Daech.

« Ces femmes ont fui avec leur famille dans le vieux quartier d'al-Najafi, après que la police eut ouvert des couloirs de sécurité pour les civils pris au piège », a rapporté al-Khazaali. « Nous avons facilité leur fuite et leur avons donné une assistance médicale d'urgence et de la nourriture. »

« Lors de leur évacuation, ces femmes ont expliqué à nos forces qu'elles avaient été mariées de force à des membres de Daech et que leurs maris avaient été tués au combat », a-t-il poursuivi.

Ces femmes sont en train d'être interrogées, a ajouté al-Khazaali.

« Nous avons pu obtenir des informations très importantes et précises sur le monde de Daech vu de l'intérieur, leur façon d'opérer et de s'organiser », a-t-il expliqué. « Toutes les informations que nous avons recueillies aideront nos services de renseignements. »

Il reste à la police à confirmer si ces trois femmes ont été impliquées dans des activités terroristes, a indiqué al-Khazaali, soulignant toutefois qu'elles avaient coopéré pleinement durant l'enquête de la police.

« Si vous n'avez commis aucun crime, vous ne serez pas poursuivis et pourrez être témoins », a-t-il expliqué.

« Énormes défis » pour la période de l'après-libération

Plusieurs combattants de Daech ont été arrêtés alors qu'ils tentaient de fuir la vieille ville de Mossoul en compagnie des familles fuyant les récents combats, a indiqué al-Khazaali.

« Nous disposons de listes d'activistes qui seront arrêtés grâce aux efforts conjoints des forces de sécurité et des renseignements, et en travaillant avec les habitants locaux qui sont en mesure de les identifier », a-t-il poursuivi.

« Les habitants du coin ne tolèrent plus les terroristes qui restent en liberté, et les informations qu'ils transmettent à la police nous aideront à imposer sécurité et stabilité dans les zones libérées », a-t-il ajouté.

« Ces trois femmes sont de toute évidence une importante source de renseignements », a expliqué pour sa part Hassan Shabib, membre du comité de sécurité du conseil provincial de Ninive.

Les renseignements qu'elles fourniront aideront les forces de sécurité à comprendre de nombreux détails sur la vie et les relations de leurs « maris terroristes », a-t-il indiqué à Diyaruna.

« C'est un sujet épineux et un énorme défi pour la période de l'après-libération à Mossoul », a-t-il expliqué, soulignant que des lois doivent être mises en place pour empêcher que les proches des combattants de Daech qui n'ont été accusés d'aucun crime soient victimes d'actes de vengeance.

Shabib a souligné l'importance de « préserver les droits de chacun, afin que la cohésion nationale soit possible et que la coexistence et la paix civile puissent être garanties pour assurer un futur prospère à nos villes libérées ».

Le respect de la loi doit être maintenu

« Nous devons faire la distinction entre les terroristes, les membres de leurs familles et leurs femmes, qui n'ont été impliqués dans aucun acte contraire à la sécurité », a expliqué à Diyaruna Ahmed al-Sharifi, expert en stratégie et ancien officier dans l'armée irakienne.

La règle de la loi suivra son cours, a-t-il poursuivi, et seuls ceux impliqués dans des actes ou dans le soutien au terrorisme seront tenus pour responsables d'un point de vue juridique.

« Considérer les familles de terroristes coupables par association sans aucune preuve est inadmissible », a-t-il ajouté. « Nous ne pouvons passer à une nouvelle étape sans appliquer les valeurs de justice et d'équité, afin d'entamer le processus de guérison des blessures. »

Ces familles peuvent servir de sources précieuses d'informations, a-t-il souligné, particulièrement en ce qui concerne les tactiques de recrutement des habitants locaux.

« Ces informations seront utiles pour conduire des recherches et des analyses de radicalisation et empêcher que ce type de pensée ne prenne corps dans les esprits des jeunes et des adolescents », a-t-il indiqué.

« Ces renseignements nous permettent également de mettre à jour le réseau des terroristes et de dévoiler les cellules dormantes au sein de la population locale », a-t-il conclu.

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