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Économie

Très forte affluence sur les marchés de l'est de Mossoul

Par Khalid al-Taie

Les boutiques de Mossoul proposent différents produits qui étaient auparavant interdits par « l'État islamique ». [Photo fournie par le Centre des médias de Ninive]

Les boutiques de Mossoul proposent différents produits qui étaient auparavant interdits par « l'État islamique ». [Photo fournie par le Centre des médias de Ninive]

Les habitants de Mossoul peuvent à nouveau acheter des produits et des marchandises qui avaient été interdits pendant près de trois ans sous le règne de « l'État islamique » (Daech).

Sur le marché Nabi Younis dans l'est de Mossoul, les devantures des boutiques proposent à nouveau différents types de vêtements et des produits cosmétiques.

« Les éléments de l'al-Hesba (la police religieuse de Daech) venaient chaque jour sur les marchés pour s'assurer que nous ne vendions que les choses qu'ils autorisaient », a expliqué Watheq al-Taie, 41 ans, propriétaire d'une petite boutique de vêtements pour femmes.

« Leur liste de produits interdits était longue, et tout était interdit », a-t-il raconté à Diyaruna.

« Nous pouvons maintenant proposer aux clients ce qu'ils souhaitent, et ils peuvent acheter ce qu'ils désirent, comme au bon vieux temps », a-t-il poursuivi.

L'activité commerçante à Mossoul est en plein essor, malgré des attaques terroristes sporadiques, dont la plus récente a été l'attentat suicide dans le quartier de Muthanna dans l'est de Mossoul le 23 juin, qui a coûté la vie à trois personnes, a rapporté l'AFP.

Les affaires fleurissent à nouveau

Des centaines de camions chargés de marchandises entrent chaque jour dans Mossoul, a expliqué Duraid Hikmat Tobia, conseiller auprès du gouverneur de Ninive.

Après des années de privation, « les affaires fleurissent à nouveau et les marchés regorgent de clients et restent ouverts jusqu'à tard le soir », a-t-il raconté à Diyaruna, ajoutant que les forces irakiennes déploient de grands efforts pour empêcher d'autres attaques terroristes et assurer la sécurité des habitants.

Les boutiques de vêtements ont recommencé à vendre un large choix de jupes, robes, pantalons, jeans et vêtements de sport.

« Les bouteilles de parfum, les produits cosmétiques, le maquillage, les accessoires et les articles personnels s'affichent à nouveau sur les rayons après avoir été interdits par Daech », a-t-il expliqué, ajoutant que quiconque ne respectait pas les directives du groupe s'exposait à de sévères punitions.

« Lorsque nous parcourons les marchés de notre ville, nous remarquons de nombreux changements significatifs », a expliqué Riyadh al-Obeidi, journaliste à Mossoul.

« Le shopping était réservé aux hommes et aux enfants et interdit aux femmes, et les vêtements proposés à la vente étaient tous les mêmes », a-t-il raconté à Diyaruna.

Il était impossible de trouver des produits cosmétiques, des soins pour la peau ou le corps, ou des jouets et des animaux en peluche pour les enfants, a-t-il ajouté.

« Il y avait de nombreuses interdictions, et les punitions lorsqu'on n'en tenait pas compte ou qu'on les bravait allaient jusqu'à la mort », a précisé al-Obeidi.

Tarir la source de revenus de Daech

Daech contraignait les commerçants de Mossoul à importer toutes leurs marchandises et tous leurs produits depuis des lieux que le groupe contrôlait en Syrie, a-t-il précisé.

Cela assurait au groupe une source supplémentaire de financement, a-t-il ajouté.

Mais avec le début des combats pour la libération, les forces de sécurité coupèrent la route reliant Mossoul et la ville syrienne d'al-Raqqa, tarissant ainsi cette source de revenus pour le groupe, a expliqué al-Obeidi.

Aujourd'hui, les commerçants de Mossoul importent leurs marchandises par trois ports principaux des provinces d'Erbil, de Dohouk et de Kirkouk, a-t-il ajouté.

« Mais le pouvoir d'achat des citoyens est encore inférieur au niveau nécessaire », a-t-il ajouté.

« Le pouvoir d'achat dépend de la reprise de toutes les activités économiques, comme l'agriculture, l'industrie et le secteur bancaire », a expliqué Sadiq al-Bahadli, professeur des domaines bancaires et financiers à l'université al-Mustansiriya.

La reprise de ces activités, en particulier du secteur agricole qui a fait la renommée de la province de Ninive, permettra de créer de nouvelles opportunités d'emploi pour les habitants et de diversifier leurs sources de revenus.

« L'économie de la ville dépend actuellement uniquement du commerce de détail, qui ne crée pas beaucoup d'emplois », a expliqué al-Bahadli, mais la reprise des opérations quotidiennes par les institutions d'État contribuera à la reprise économique.

« Daech avait imposé aux habitants de Mossoul un style de vie contraire à leurs habitudes culturelles et religieuses », a-t-il ajouté.

Cela a fait du tort à la ville, à ses nombreux chefs d'entreprises, à ses commerces et à ses petites entreprises, a-t-il encore expliqué.

« Mais aujourd'hui, libérée du terrorisme, Mossoul est en route vers une économie ouverte », a-t-il conclu.

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