Une milice irakienne soutenue par le Corps des gardiens de la révolution islamique d'Iran (CGRI) a organisé des parades militaires publiques dans deux villes syriennes au deuxième jour de l'Aïd-el-Fitr, suscitant la colère des habitants.

Lundi 26 juin, plusieurs dizaines de combattants armés de la Brigade Zulfiqar ont défilé en tenue militaire dans les rues d'Alep et de Damas, brandissant des portraits des dirigeants iraniens et des banderoles portant des slogans sectaires.

La milice marquait également la fête annuelle d'al-Quds.

« Les parades militaires publiques de la Brigade Zulfiqar dans [le quartier d']al-Sayyida Zainab à Damas, ainsi qu'à Alep, ont déclenché une vague de colère parmi les Syriens », a expliqué Faisal al-Ahmad, militant dans les médias vivant à Alep.

« Cela a été perçu comme une sérieuse provocation », a-t-il déclaré à Diyaruna.

Ces parades avaient pour but de légitimer la présence de la Brigade Zulfiqar en présentant publiquement ses combattants, a-t-il poursuivi, après que cette milice ait été gardée dans le secret par le CGRI depuis sa fondation en 2013.

« Certains officiers de l'armée syrienne et des éléments des forces de défense nationale étaient également présents », a indiqué al-Ahmad, soulignant qu'ils avaient bloqué quelques-unes des principales artères pour permettre au défilé militaire d'évoluer librement.

« Provocation sectaire »

Les habitants syriens des zones non contrôlées par le régime ont perçu ce défilé comme une « provocation sectaire » et comme une « menace directe pour les Syriens », a-t-il indiqué, notamment dans la mesure où des informations concernant des abus commis par les combattants de cette brigade contre des civils ont largement circulé.

« Les éléments de cette milice ont commis des actes de provocation dans les zones sous leur contrôle et traitent les habitants de manière arrogante », a-t-il ajouté.

Ils arrêtent sans discrimination quiconque exprime des réserves sur leurs actions, a-t-il poursuivi.

Les Syriens qui vivent dans les zones contrôlées par le régime considèrent également ces actes comme une poursuite de l'état de non-droit et l'absence de sécurité et des forces de sécurité officielles, a poursuivi al-Ahmad.

Une milice irakienne combattant en Syrie

La Brigade Zulfiqar a été formée en juin 2013 par le CGRI d'Iran, a expliqué Sheyar Turko, doctorant de l'université du Caire, qui étudie le financement du CGRI.

« Cette milice est une faction militaire composée d'éléments principalement irakiens, avec quelques combattants venus du Liban et de Syrie », a-t-il expliqué à Diyaruna.

Elle comprend également dans ses rangs des officiers iraniens, a-t-il précisé.

Cette brigade est née de la Brigade Abou al-Fadl al-Abbas et était dirigée par Haidar al-Jubury.

Il apparaît que certains de ses combattants proviennent des brigades Jaish al-Mahdi et Asaib Ahl al-Haq , a indiqué Turko, ajoutant qu'elle comprend entre 5 000 et 10 000 combattants.

Les combattants de cette milice sont apparus pour la première fois à Damas, sous le prétexte de défendre les sanctuaires sacrés d'al-Sayyida Zainab, a-t-il indiqué.

« Mais les informations sur la Brigade Zulfiqar se sont rapidement propagées après qu'elle eut participé aux combats dans plusieurs zones », a-t-il continué, notamment les batailles dans les zones rurales de Damas, à Daraya, al-Nabek, al-Zabadani, Alep et Homs.