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Criminalité et Justice

Maisons pillées par des milices prorégime à Deir Ezzor

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Un camion chargé d'objets ramassés parmi les décombres, dans une rue sévèrement endommagée de la ville de Deir Ezzor, dans le nord-est du pays, le 4 janvier 2014. Plus récemment, les habitants de la ville ont accusé des milices prorégime d'avoir vandalisé des maisons particulières dans la ville. [Ahmad Aboudahmad/AFP]

Un camion chargé d'objets ramassés parmi les décombres, dans une rue sévèrement endommagée de la ville de Deir Ezzor, dans le nord-est du pays, le 4 janvier 2014. Plus récemment, les habitants de la ville ont accusé des milices prorégime d'avoir vandalisé des maisons particulières dans la ville. [Ahmad Aboudahmad/AFP]

Les marchés de vente de marchandises volées ont fleuri dans la partie contrôlée par le régime de la ville syrienne de Deir Ezzor, expliquent ses habitants à Diyaruna, précisant que la rue al-Wadi est le principal centre de ces transactions.

De plus, ont-ils ajouté, les milices combattant aux côtés du régime vandalisent ouvertement les maisons de ceux qui se sont enfuis pour échapper à la guerre en cours et offrent publiquement les biens volés à la vente.

Il n'y a pas une seule maison inoccupée qui ait échappé aux voleurs, ont-ils ajouté.

Jamil al-Abed, militant de la campagne médiatique « Deir Ezzor sous le feu », a expliqué à Diyaruna qu'il était en contact avec des habitants de la partie de Deir Ezzor contrôlée par le régime.

Des membres de la milice des Forces de défense nationale, une milice favorable au régime, que l'on voit ici sur la photo, se livrent à des actes de vol et de pillage systématiques dans la ville d'Alep en pleine journée. [Photo fournie par Mohammed al-Abdoullah]

Des membres de la milice des Forces de défense nationale, une milice favorable au régime, que l'on voit ici sur la photo, se livrent à des actes de vol et de pillage systématiques dans la ville d'Alep en pleine journée. [Photo fournie par Mohammed al-Abdoullah]

« J'ai été en mesure de confirmer que des dizaines de maisons dans la partie contrôlée par le régime ont été pillées, et que nombre d'entre elles n'ont plus que leurs murs » a expliqué al-Abed, dont le travail a été provisoirement interrompu par suite des pressions du régime et de « l'État islamique» (Daech), tous deux présents dans la région.

Les maisons ont été vidées de leur contenu par des combattants des milices pro-régime telles que les Forces de défense nationale (FDN) et des civils affiliés à des personnalités influentes de la région, a-t-il indiqué.

Al-Abed a poursuivi en indiquant que les propriétaires de ces maisons avaient quitté leurs demeures en raison du siège imposé à la ville par Daech, et avaient fui vers la Turquie ou vers d'autres régions de Syrie.

« Ces vols ont lieu en parfaite connaissance des chefs de l'armée syrienne et sous la protection des soldats eux-mêmes, qui assurent une couverture à ces actes en échange d'une commission », a-t-il précisé.

Tout le monde sait parfaitement pourquoi les forces du régime ferment les yeux sur ces vols, a-t-il expliqué, ajoutant que les miliciens perçoivent de très faibles salaires, si tant est qu'ils soient payés.

« Ces biens volés, et l'argent qu'ils gagnent en les vendant, achètent leur silence pour longtemps et garantissent qu'ils continuent à porter les armes aux côtés du régime », a continué al-Abed.

Un marché pour les biens volés

Haitham al-Haddad, 40 ans, employé gouvernemental au ministère des Dotations à Damas, a expliqué à Diyaruna que la maison de sa famille se trouve dans la partie contrôlée par le régime de Deir Ezzor.

Il pensait qu'elle serait protégée parce qu'un poste de l'armée se trouve à proximité, a-t-il expliqué.

« Mais malheureusement, selon des proches restés dans la ville, la maison a été pillée en plein jour », s'est-il lamenté.

La plupart des biens volés peuvent être trouvés au même endroit, la rue al-Wadi du quartier d'al-Joura, a-t-il indiqué, « qui était autrefois un marché aux fruits et légumes et est devenu un marché pour les biens volés provenant des maisons pillées des habitants de la ville ».

Les acheteurs connaissent la provenance de ces biens volés, a-t-il poursuivi, mais ils les achètent quand même, parce qu'ils sont vendus à des prix très bas.

« Les voleurs vendent eux-mêmes les produits volés, et sont lourdement armés pour protéger les ventes et veiller à ce qu'aucun citoyen ne vienne gêner leurs affaires », a-t-il expliqué.

Nombre de heurts ont éclaté lorsque des habitants ont tenté de récupérer des articles volés chez des personnes qu'ils connaissaient, a expliqué al-Haddad.

Cette affaire a suscité une grande colère chez les habitants de la ville, et pourrait potentiellement devenir un problème majeur pour le régime, a-t-il ajouté.

Les vols en plein jour sont monnaie courante

« Les pratiques de l'armée du régime et de ses milices sont désormais un modèle suivi dans de nombreuses zones, car le vol est monnaie courante dans tous les points chauds », a expliqué le journaliste syrien Mohammed al-Abdoullah, qui habite actuellement au Caire.

« À Deir Ezzor toutefois, les vols se font ouvertement, en plein jour », a-t-il déclaré à Diyaruna, ajoutant que des quartiers entiers sont vidés de tout ce qui peut se vendre.

Cette pratique est désormais connue sous le nom de « taafeesh » (vols à grande échelle), a-t-il ajouté.

« Il existe des marchés permanents dans de nombreuses parties de la ville connus pour être spécialisés dans la vente de biens volés », a ajouté al-Abdoullah. « Cela est apparemment devenu une pratique courante, pour couvrir les dépenses de ces milices et générer un revenu supplémentaire pour les soldats qui sont payés presque trois fois rien. »

Des types de vols similaires ont été observés dans la ville d'Alep, où certains groupes procèdent à des vols systématiques et pillent nombre d'usines et de maisons, parfois même des bâtiments et des sièges du gouvernement, a-t-il indiqué.

« Les activités de taafeesh commencent en général après la fin des combats, lors du retrait des combattants », a-t-il indiqué, lorsqu'un couvre-feu est imposé dans la zone visée par les vols.

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