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L'accord de zones sûres de la Syrie rend l'avenir incertain

Par Jounaid Salman à Beyrouth

Le 6 mai, un Syrien assis près de sa maison à Douma, aux abords de Damas et tenue par l'opposition. Les combats ont diminué après qu'un accord de « zones sûres » signé le 4 mai à Astana ait commencé à entrer en vigueur. [Sameer al-Doumy/AFP]

Le 6 mai, un Syrien assis près de sa maison à Douma, aux abords de Damas et tenue par l'opposition. Les combats ont diminué après qu'un accord de « zones sûres » signé le 4 mai à Astana ait commencé à entrer en vigueur. [Sameer al-Doumy/AFP]

Bien que l'espoir prédominant est de voir un accord qui vise à créer des « zones de désamorçage » dans les zones les plus violentes de la Syrie et préparer le terrain pour une solution politique, des analystes s'étant entretenus avec Diyaruna ont confié que ce sentiment pourrait être prématuré.

L'accord du 4 mai, conclu à Astana, capitale du Kazakhstan, entre la Russie, la Turquie et l'Iran, a réaffirmé « l'engagement fort pour la souveraineté, l'indépendance, l'unité et l'intégrité territoriale de la Syrie » des signataires.

Les parties se sont mises d'accord sur la création de quatre « zones sûres » dans des régions du nord, du centre et du sud de la Syrie, et ont exprimé leur détermination à apaiser les tensions militaires et à assurer la sécurité des civils.

Cet accord a défini les zones de désamorçage suivantes, dans « le but de mettre fin rapidement à la violence, d'améliorer la situation humanitaire et de créer des conditions favorables pour aboutir à une solution politique au conflit en Syrie »:

- Idlib et certaines parties des provinces de Latakia, Hama et Alep

- Certaines parties du nord de la province de Homs

- L'est de Ghouta, hors de Damas

- Certaines parties du sud de la Syrie, dont Daraa et al-Quneitra

Selon l'accord, « la création des zones de désamorçage est une mesure temporaire, qui durera initialement six mois, et qui sera automatiquement prolongée grâce au consensus des garants ».

« Une solution politique est prématurée »

Selon le général de brigade Khalil Helou, expert militaire et ancien officier de l'armée libanaise, cependant, « lier les zones sûres à une solution politique est prématuré ».

Cet accord est seulement une indication que les parties internationales impliquées dans le conflit syrien sont lasses de se battre, a-t-il expliqué à Diyaruna.

Bien que l'accord souligne un intérêt partagé pour apaiser le conflit, a-t-il déclaré, « arriver à une solution sera un long procès, car la balance du pouvoir n'indique la volonté d'aucune des parties de faire des compromis ».

« Le régime [syrien] n'est pas prêt à faire des changements constitutionnels, à accepter le départ d'Assad et permettre à l'opposition de participer au processus de prise de décision », a déclaré Helou.

Entre-temps, a-t-il confié, il pense que l'Iran gagne du temps pour arriver à un résultat qui serait plus favorable à ses intérêts.

« L'opposition a prouvé que malgré les divisions qui la frappent, des [factions] ont toujours des capacités sur le terrain que le régime ne peut pas éliminer », a-t-il affirmé, ce qui le rend peu enclin à faire des compromis pour une solution politique.

« Je ne pense pas que ces régions ouvriront la porte à des négociations pouvant mener à une solution politique dans un futur proche », a-t-il indiqué. « Tout le monde gagne du temps pour atteindre une situation plus favorable. »

De nombreuses questions demeurent

« Les discussions sur les zones sûres pourraient conduire à la création d'une solution politique », a déclaré à Diyaruna le politologue Tony Issa.

Mais l'accord pose la question de savoir si la Syrie redeviendra ce qu'elle était avant la guerre, ou si les zones de désamorçage deviendront des zones d'influence pour les puissances régionales et internationales, a-t-il ajouté.

« Il a été dit que les zones déterminées devaient désamorcer le conflit et permettre aux déplacés internes (DI) de revenir chez eux, mais la question est : comment cela sera accompli », a-t-il demandé.

« Je ne pense pas qu'une solution politique garantissant la fin de la guerre soit proche, mais le conflit principal entre les forces est terminé », a déclaré Issa.

« Nous sommes passés à une phase de petits affrontements et de liquidations qui pourraient se poursuivre pendant des années et être utilisés pour formuler une solution politique », a-t-il expliqué.

Issa a déclaré que l'accord et la situation générale en Syrie a mené le Hezbollah – dont l'objectif initial était de renforcer les positions du régime – à réévaluer ses plans syriens.

Le retrait du groupe des positions qu'il possédait sur la frontière est du Liban avec la Syrie signale la fin du conflit majeur, a-t-il ajouté.

Objectifs militaires sous-jacents

« L'accord sur les zones [sûres] est l'une des phases de la guerre syrienne, et certaines parties comptent sur ce document pour faire progresser les pourparlers d'Astana », a déclaré Bahaa Abou Karroum, directeur du Centre al-Hadath d'études stratégiques.

L'accord sur les zones sûres « n'est pas la solution désirée », a-t-il indiqué, car une solution politique demande un changement dans le système politique.

La solution se trouve dans les discussions de Genève, a-t-il poursuivi, « car c'est le processus international auquel participent toutes les parties concernées impliquées en Syrie ».

Des objectifs militaires impliquent la délimitation des zones sûres, a affirmé Abou Karroum.

Il a noté que ces zones n'étaient pas considérées comme « sûres » par les organisations s'occupant des réfugiés, et que les réfugiés ne sont pas encouragés à revenir dans ces zones.

Elles sont donc encore testées, a-t-il indiqué.

« Ces zones sont appelées des "zones de désamorçage" et ne sont pas complètement sûres, et ne sont donc pas propices au retour des réfugiés », a expliqué à Diyaruna Sana Hammoudi, professeur de relations internationales à l'université arabe de Beyrouth.

Elles sont le résultat d'un « accord politique entre certaines parties impliquées qui attendent le résultat d'actions militaires, alors que le retour des réfugiés nécessite un accord clair », a-t-elle déclaré.

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