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Terrorisme

Daech s'en prend aux civils alors que la bataille de Mossoul tire à sa fin

Par Khalid al-Taie

Les habitants de l'ouest de Mossoul fuient « l'État islamique » sous la protection des forces irakiennes. [Photo fournie par le Service antiterroriste irakien]

Les habitants de l'ouest de Mossoul fuient « l'État islamique » sous la protection des forces irakiennes. [Photo fournie par le Service antiterroriste irakien]

Alors que la bataille pour Mossoul tire à sa fin, les civils habitant les dernières zones encore sous le contrôle de « l'État islamique » (Daech) sont soumis à une pression toujours plus forte, expliquent à Diyaruna des habitants et des responsables de la ville.

Lorsque les forces du Service antiterroriste irakien (SAI) lancèrent l'assaut contre le quartier d'al-Warshan dans l'ouest de Mossoul le 19 mai et annoncèrent sa libération, les derniers combattants de Daech s'enfuirent vers la vieille ville de Mossoul.

Mais avant de partir, le groupe truffa les ruelles du quartier d'engins explosifs improvisés (EEI), prêts à exploser.

Omar Rashid, un habitant d'al-Warshan âgé de 56 ans, a expliqué que les combattants de Daech avaient posé des explosifs sous les portes des maisons des habitants pour les empêcher de partir.

Il a assisté de ses propres yeux aux conséquences de cette mesure, a-t-il raconté à Diyaruna.

Deux hommes furent tués, et deux enfants et trois femmes blessés, a-t-il raconté, lorsqu'un EEI explosa alors qu'ils tentaient de quitter leur maison et de s'échapper, quelques heures seulement avant que le quartier ne fût libéré.

Boucliers humains

« Les combattants utilisaient les maisons dans lesquelles vivaient les gens comme des centres de stockage d'armes et des ateliers de fabrication de mines et d'EEI », a expliqué Rashid. « Ils avaient piégé les ruelles et déployé des voitures piégées partout pour bloquer la progression des unités de l'armée et viser les familles qui tentaient de s'enfuir. »

« Ils menaçaient de nous abattre si nous tentions de fuir, et lorsqu'ils se déplaçaient d'un quartier à un autre, ils emmenaient des habitants de la ville pour se cacher derrière eux », a-t-il ajouté.

« Quelques jours avant la libération, ils ont amené plusieurs familles des quartiers d'al-Zanjili, de Khazra et de la vieille ville dans notre quartier », a-t-il raconté.

« C'étaient des boucliers humains. »

Dans le même temps, les conditions de vie se sont détériorées dramatiquement.

« Nous sommes presque morts de faim après avoir épuisé toutes les provisions alimentaires », a poursuivi Rashid. « Il nous restait seulement un peu de farine, alors que nous pouvions voir les terroristes manger de la viande, du riz et des fruits. »

Il a exprimé son soulagement d'être débarrassé du groupe, soulignant que « malgré les souffrances endurées, notre joie d'être enfin débarrassés de Daech est indescriptible. »

Force excessive

Les forces irakiennes ont repris la quasi-totalité des quartiers ouest de Mossoul, et sont proches de terminer l'opération de libération de la ville, ont indiqué des responsables locaux.

Les combats se confinent actuellement dans une petite zone au cœur de la ville, ont-ils précisé à Diyaruna, où les derniers combattants de Daech tentent de résister en ayant lourdement recours à des explosifs et en resserrant l'étau sur les civils.

« L'ennemi piège actuellement presque tout ce qui peut l'être et installe des explosifs dans les rues et partout ailleurs afin de viser ceux qui tentent de partir et d'entraver la progression de nos forces », a expliqué le général de brigade Firas Bashar Sabri, porte-parole du commandement des opérations de Ninive.

Daech a transformé les bâtiments, les maisons et même les mosquées en caches d'armes et en ateliers de fabrication de mines, a-t-il indiqué à Diyaruna, ajoutant que le groupe a également « volé les voitures des habitations pour les truffer d'explosifs ».

« Plus l'étau se resserre autour des terroristes, plus ils deviennent barbares et mauvais », a ajouté Sabri.

Les forces de libération ont « suffisamment d'expertise et de matériel » pour ratisser les rues et les sites où des explosifs ont été enfouis et pour viser les véhicules des kamikazes potentiels, a-t-il expliqué.

Daech tente de faire autant de dégâts que possible, a poursuivi Sabri, « mais nous ne leur en laisserons pas le loisir ».

Daech sous le feu

Daech est maintenant pris sous un feu croisé et il ne pourra tenir beaucoup plus longtemps, a estimé le général de brigade Sabah al-Numan, porte-parole du SAI.

« Le groupe perd une nouvelle partie de la ville chaque jour, et se retire avec chaque fois moins de combattants et d'armes », a-t-il rapporté à Diyaruna.

Et cependant, Daech continue de piéger les rues et les maisons dans les zones qu'il contrôle, et de lancer des opérations suicides et des attaques sans discernement, a-t-il ajouté.

Confronté à la défaite, Daech a incendié des générateurs privés et des biens publics et privés, et a saboté les réseaux d'égouts, a précisé al-Numan.

« Ce sont là les seules tactiques de confrontation dont disposent les terroristes : retenir les habitants, les prendre pour cibles et maintenant tenter de brûler tout ce sur quoi ils parviennent à mettre la main », a expliqué à Diyaruna Basma Basim, présidente du conseil du district de Mossoul.

Certains habitants déplacés ont raconté que des éléments de Daech les avaient forcés à leur remettre les clés de leurs voitures, afin de pouvoir utiliser ces véhicules comme barricades ou pour les brûler pour créer un écran de fumée pour pouvoir se cacher, a-t-elle fait savoir.

Outre le fait d'enterrer des explosifs et de piéger les zones fréquentées par des civils, les snipers de Daech ont visé des civils, ou se sont cachés derrière eux lors d'affrontements ou de passages d'un quartier à un autre.

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