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Tolérance

Ninive partage la joie des yézidis pour la réouverture d'un tombeau

Par Alaa Hussain à Bagdad

Des yézidis et des fidèles d'autres confessions fêtent la réouverture du tombeau de Cheikh Babek, reconstruit après avoir été détruit par « l'État islamique en Irak et au Levant ». [Azad Darwish/Diyaruna]

Des yézidis et des fidèles d'autres confessions fêtent la réouverture du tombeau de Cheikh Babek, reconstruit après avoir été détruit par « l'État islamique en Irak et au Levant ». [Azad Darwish/Diyaruna]

C'est dans un concert de joyeux youyous et au son des tambours que des dizaines de yézidis ont brandi l'ornement du Haleel et l'ont placé à la pointe du dôme le plus élevé du tombeau de Cheikh Babek, dans le district de Bashiqa de la province de Ninive.

Cette cérémonie du 12 avril a marqué la fin de la reconstruction du tombeau, démoli il y a deux ans par « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL).

Le sanctuaire, reconstruit selon son plan d'origine et surmonté d'un dôme conique dans le style traditionnel des tombeaux yézidis, a été rebâti grâce à un financement des habitants de la ville et au soutien des autorités religieuses yézidies et de riches familles.

Des Irakiens de toutes sectes et ethnies, y compris des chrétiens et des musulmans, sont venus partager la joie pour la réouverture du tombeau.

« Les yézidis ont obtenu une grande victoire contre le terrorisme lorsqu'ils sont rentrés dans leurs villes et ont pu reconstruire leurs sanctuaires de leurs propres mains », a déclaré le député irakien Haji Kendor, représentant de la communauté yézidie.

« Bien que les yézidis soient connus pour être un peuple pacifique dans leur patrie, ils ne se plieront jamais à la volonté des terroristes, quels qu'ils soient et quelle que soit leur orientation », a-t-il affirmé.

Des siècles de coexistence

La joie partagée des chrétiens et des musulmans avec les yézidis à l'occasion de la réouverture du sanctuaire de Cheikh Babek prouve une fois encore l'esprit de coexistence qui prévaut à Bashiqa depuis les temps anciens, a déclaré à Diyaruna le directeur du district de Bashiqa, Thanoun Younis Yousef.

« [Bashiqa] est typique de l'Irak dans son ensemble en termes de diversité de ses composantes ethniques et religieuses, dont toutes ont vécu dans l'harmonie et dans la paix, sans violence entre elles », a-t-il ajouté.

Cette coexistence pacifique s'est poursuivie jusqu'à l'arrivée de l'EIIL en 2014, a-t-il poursuivi.

Bien que l'EIIL ait désacralisé la ville, déplacé ses habitants chrétiens et yézidis et violé l'honneur de ses femmes, après sa libération les habitants de la ville se retrouvent une nouvelle fois unis et rien ne pourra les séparer, a déclaré Yousef.

« Il y a cinq mois, chrétiens et yézidis s'étaient joints aux célébrations de la naissance du prophète Mahomet, puis musulmans et yézidis avaient rejoint leurs frères chrétiens lors d'une messe dite à l'église de Bahzani, et aujourd'hui, ils participent tous à la réouverture du tombeau de Cheikh Babek », a-t-il poursuivi.

« L'époque de la domination de l'EIIL n'a laissé aucun ressentiment entre les diverses composantes religieuses et ethniques de la ville », a-t-il précisé, ajoutant « qu'il n'y aura aucun ressentiment entre eux à l'avenir, parce que tous sont prêts pour une coexistence pacifique ».

Des occasions comme la réouverture du sanctuaire de Cheikh Babek peuvent être mises à profit pour rassembler les gens et consolider la cohésion sociale dans la province, a déclaré le gouverneur de la province de Ninive, Nofal Hammadi, à Diyaruna.

S'exprimant en marge d'une messe chrétienne organisée à Bartella, près de Bashiqa, Hammadi a affirmé que toutes les religions devraient s'accepter les unes et les autres pour aider Ninive à préserver son tissu social, qui s'est longtemps distingué des autres provinces.

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