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Sécurité

Les factions syriennes menacent l'EIIL dans la zone des trois frontières

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Des unités de Jaish Maghawir al-Thawra passent dans la région syrienne de Badiya. Cette faction d'opposition prépare une offensive pour chasser « l'État islamique en Irak et au Levant » de la région des trois frontières. [Photo fournie par Jaish Maghawir al-Thawra]

Des unités de Jaish Maghawir al-Thawra passent dans la région syrienne de Badiya. Cette faction d'opposition prépare une offensive pour chasser « l'État islamique en Irak et au Levant » de la région des trois frontières. [Photo fournie par Jaish Maghawir al-Thawra]

Les factions d'opposition syriennes se préparent à une offensive de grande envergure contre « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) dans la zone désertique isolée proche de la frontière syrienne avec l'Irak et la Jordanie, indiquent des responsables à Al-Mashareq.

Ces opérations ont pour but de chasser l'EIIL de la zone des trois frontières autour du poste frontalier d'al-Tanf avec l'Irak, aussi appelé al-Waleed du côté irakien, lequel est proche du camp de réfugiés d'al-Rukban, dans la zone militaire fermée entre la Jordanie et la Syrie.

La plus importante de ces factions est Jaish Maghawir al-Thawra, alliée à des factions de l'Armée syrienne libre (ASL) dans la région.

Parmi celles-ci, Usud al-Sharqiyah, les Martyrs d'al-Qaryatayn, le Conseil militaire de la région sud, et les Brigades du martyr Ahmed Abdo.

« Le soutien militaire apporté par la coalition internationale a augmenté ces derniers temps et se trouve actuellement à un bon niveau, et les capacités disponibles sont adéquates pour lancer les opérations qui nous souhaitons mener sous peu », a affirmé à Al-Mashareq le lieutenant-colonel Muhannad al-Tallaa, commandant de Jaish Maghawir al-Thawra.

Les préparatifs sont en cours pour une nouvelle offensive vers l'est, a-t-il précisé, notant que de nouvelles recrues avaient rejoint les rangs de Jaish Maghawir al-Thawra dans tout le Badiya (désert syrien).

L'EIIL a attaqué des postes de Jaish Maghawir al-Thawra aux alentours du poste frontalier d'al-Tanf durant la première semaine d'avril, a rapporté al-Tallaa, ajoutant qu'ils avaient pu repousser l'attaque.

Afin d'améliorer la sécurité et empêcher de futures attaques, les patrouilles ont ensuite été intensifiées et de nouveaux points de contrôle et postes d'appui fixes ont été mis en place, a-t-il expliqué.

Des civils utilisés comme boucliers humains

La zone d'Al-Rukban et son camp de réfugiés sont confrontés à une menace sérieuse, car l'EIIL a pu envoyer une voiture piégée qui a explosé en causant de nombreuses victimes, a déclaré al-Tallaa.

Les civils dans les zones situées le long de la frontière contrôlée par l'EIIL qui n'ont pas encore pu fuir sont contraints de faire beaucoup de choses contre leur volonté, a-t-il rapporté, comme rester dans ces zones ou des zones désignées par le groupe.

L'EIIL compte les utiliser comme boucliers humains pour perturber les opérations de Jaish Maghawir al-Thawra, a-t-il expliqué.

Pour améliorer la protection des civils dans la région d'al-Rukban, « nous mettons en place des points de contrôle fixes et mobiles, et nous en plaçons certains près du camp », a-t-il indiqué.

« Si un partisan du groupe est identifié dans le camp, il est arrêté immédiatement pour empêcher toute attaque terroriste qu'il pourrait mener ou faciliter, et nous prêtons une attention particulière à ce sujet pour débarrasser la zone des éléments de l'EIIL », a fait savoir al-Tallaa.

Les civils des régions de Badiya et de Palmyre vivent dans la crainte réelle d'être tués par l'EIIL, ses combattants ayant commencé a ouvrir le feu sur eux sans discernement, a indiqué Tariq al-Nuaimi, travailleur humanitaire du camp d'al-Rukban.

L'EIIL est inquiet, car il a subi des pertes dans la zone et a été contraint de se retirer de certaines régions, a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

Les civils choisissent de quitter leurs domiciles et leurs fermes pour aller au camp d'al-Rukban, près de la frontière jordanienne, parce que c'est une zone relativement plus sûre, a-t-il ajouté.

Mais malgré cela, a-t-il poursuivi, l'EIIL a pris le camp pour cible, l'incident le plus récent remontant au 8 avril et ayant occasionné de nombreux morts et blessés. Cette attaque s'est produite en tandem avec une autre contre un point de rassemblement de l'ASL dans leur base près du camp.

Espoirs de retour à la normale

Les habitants du camp d'Al-Rukban, dont le nombre est passé récemment à 85 000, soutiennent fortement l'opération militaire prévue pour chasser l'EIIL a fait savoir al-Nuaimi.

Ils espèrent que la libération des villages et des fermes d'al-Qalamoun, Badiya et Palmyre leur permettra de rentrer dans leurs maisons et sur leurs terres, a-t-il indiqué.

« Les conditions dans le camp sont devenues inacceptables, car les groupes humanitaires ne fournissent pas d'aide à cause du danger potentiel que le groupe représente », a-t-il ajouté.

Éliminer cette menace permettrait à ces organisations de reprendre leur travail dans le camp et aiderait ses habitants à rester déterminés, alors qu'ils attendent la libération de leurs zones et le retour qui s'ensuivrait, a affirmé al-Nuaimi.

Rahif al-Khalidi, âgé de 35 ans, qui habite dans le camp d'al-Rukban depuis quatre mois camp et est chargé de l'une des équipes formées pour y gérer la sécurité, a expliqué à Al-Mashareq que le camp est actuellement sous l'autorité du conseil tribal de Palmyre et Badiya, qui a mis en place des conseils administratifs pour faire fonctionner le camp.

Chaque conseil est individuellement chargé de la fourniture de l'aide médicale, des vivres, de l'éducation, du travail de police, du pouvoir judiciaire et de la défense civile, a-t-il détaillé.

Empêcher l'infiltration de l'EIIL

Les bureaux de la défense civile et de la police s'occupent des questions de sécurité, en particulier de l'organisation de contrôles d'identité et des antécédents des nouveaux arrivants au camp, pour empêcher que des éléments terroristes l'infiltrent, a expliqué al-Khalidi.

C'est un travail important, « car nous craignons que l'EIIL envoie ses éléments pour former des cellules dormantes dans le camp et pour se mêler aux résidents afin de semer le chaos ou mener des opérations de sabotage », a-t-il indiqué.

Le conseil tribal se coordonne avec la faction armée tribale, laquelle fournit une protection au camp contre l'extérieur grâce à des patrouilles autour de son périmètre, des points de contrôle fixes à ses entrées et des vérifications de carte d'identité, a-t-il poursuivi.

Les forces de sécurité de la défense civile procèdent également à un recensement des habitants du camp, pour identifier tout élément terroriste qui aurait pu s'y infiltrer, caché parmi la masse de personnes qui y sont entrées, a-t-il déclaré.

Cela est nécessaire « car la population du camp grandit quotidiennement alors que les civils continuent de fuir diverses zones, en particulier la région de Badiya », a-t-il précisé.

L'intensité des combats en cours avec l'EIIL sur plusieurs fronts et les nouvelles des défaites successives qu'il a subies ont poussé de nombreux jeunes dans le camp à rejoindre les factions militaires de la zone, a rapporté al-Khalidi.

Beaucoup ont intégré les rangs de Jaish Maghawir al-Thawra, a-t-il noté.

« Un grand nombre de citoyens capables de combattre ont déplacé leurs familles dans le camp pour assurer leur sécurité et pouvoir se porter volontaires », a-t-il expliqué, ajoutant qu'il n'y a pas de moyen plus clair de prouver leur rejet de l'EIIL.

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