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Mossoul : Les forces irakiennes limitent l'utilisation de voitures piégées par l'EIIL

Par Khalid al-Taie

Des membres des forces de sécurité occupant des points de contrôle dans la ville d'Arshaf, dans le nord de la Syrie, ont intercepté des véhicules de « l'État islamique en Irak et au Levant » remplis de matériel de fabrication de bombes et d'autres engins qui devaient être utilisés contre la population locale.

Le déclenchement à distance de voitures piégées et l'utilisation de kamikazes est une tactique offensive souvent utilisée par « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) pour instiller la peur parmi la population et pour gagner ou tenir du terrain.

Depuis le début de la bataille pour libérer Mossoul, le groupe a fait exploser des centaines de voitures et de camions dans la ville, ciblant les civils et les forces de sécurité.

Mazen Hassan, âgé de 46 ans, réside dans le quartier d'Aden, dans l'est de Mossoul. Il essaie de réparer ce qu'il reste de sa maison après qu'elle fut touchée par l'explosion d'une voiture piégée le 9 novembre.

Hassan et sa famille n'étaient pas chez eux au moment de l'attaque, a-t-il raconté à Diyaruna, mais l'explosion a été forte et a gravement endommagé sa maison et la zone environnante.

Les soldats irakiens progressent dans l'ouest de Mossoul. « L'État islamique en Irak et au Levant » utilise des snipers et des voitures piégées pour essayer de ralentir leur progression. [Photo fournie par le Service antiterrorisme]

Les soldats irakiens progressent dans l'ouest de Mossoul. « L'État islamique en Irak et au Levant » utilise des snipers et des voitures piégées pour essayer de ralentir leur progression. [Photo fournie par le Service antiterrorisme]

Ce même jour, au moins dix voitures kamikazes ont pris Aden pour cible. Les forces armées ont pu les intercepter et les faire exploser avant qu'elles n'atteignent leurs cibles, endommageant les maisons des alentours, mais épargnant des vies humaines.

« Presque aucun quartier de l'est de Mossoul n'a échappé aux dégâts causés par les attaques à la voiture piégée de l'EIIL », a déclaré Hassan. « Ces attaques ont aussi coûté la vie de nombreux innocents. »

Capacités réduites

Selon des données officielles, l'EIIL a attaqué les forces de libération avec 632 voitures piégées sur 45 jours depuis le 17 octobre, date du début de la bataille pour Mossoul.

Les combats se déplaçant vers la partie ouest de Mossoul, ces attaques ont considérablement diminué, ont indiqué des responsables.

Les combats ont « épuisé l'ennemi », et il n'est plus capable de lancer des attaques à la voiture piégée à grande échelle comme il le faisait au début de la bataille, a affirmé à Diyaruna le général de brigade Yahya Rasoul, porte-parole du Commandement conjoint des opérations irakiennes.

Les activistes « ont commencé à voler les voitures des gens à leurs domiciles pour les piéger avec des explosifs afin de s'en prendre à nos forces et à la population civile », a-t-il rapporté.

Ils utilisent aussi des camions de transports et des camions-citernes pour compenser le manque de véhicules et de kamikazes en essayant de causer le plus de dégâts possible, a-t-il expliqué.

« Ce sont les civils non armés qui ont le plus souffert, des voitures piégées ayant explosé dans des zones résidentielles et des ruelles, provoquant la destruction de bâtiments et de maisons et tuant des habitants », a ajouté Rasoul.

Cependant, « ces attaques ont maintenant perdu leur caractère innovant, et nous pouvons arrêter les voitures piégées avant qu'elles n'atteignent leurs cibles », a-t-il fait savoir.

Soutien aérien

Les forces irakiennes ont pu contrecarrer la plupart des attaques à la voiture piégée, a indiqué Rasoul, « même lorsque l'EIIL a utilisé des véhicules blindés, qui sont difficiles à attaquer avec des armes légères ».

L'armée irakienne compte sur des avions de reconnaissance pouvant embarquer des missiles pour détecter et attaquer les voitures piégées.

« Le soutien aérien des forces irakiennes et de la coalition ont aussi aidé à détruire plusieurs ateliers de construction de voitures piégées à Mossoul », a-t-il déclaré.

Du 1er au 17 avril, des raids aériens de la coalition sur Mossoul ont détruit neuf ateliers de voitures piégées, sept véhicules piégés, et plusieurs positions de combat et caches d'armes de l'EIIL, selon des sources officielles.

Le 3 avril, des avions de chasse de l'armée irakienne ont tué 50 activistes et détruit un char d'assaut chargé d'explosifs qui se dirigeait vers al-Baaj, dans l'ouest de Mossoul.

« Jouer la carte des civils »

L'EIIL considère les voitures piégées comme un élément essentiel de sa stratégie offensive, a expliqué Ghazwan Hamid, qui préside le comité des personnes déplacées du conseil provincial de Ninive.

« Le groupe ne vise pas que des cibles militaires [irakiennes], mais aussi des zones résidentielles où la population civile est concentrée, afin de rendre les forces de libération responsables de leurs morts », a-t-il indiqué à Diyaruna.

L'EIIL utilise des civils comme boucliers humains, a rapporté Hamid, les rassemblant parfois en grands groupes dans des maisons situées proche de zones de conflit.

Cette tactique place les civils en danger direct, a-t-il expliqué, et est conçue pour gêner la progression des forces de libération, qui sont obligées de cesser le feu.

Depuis le lancement de l'opération de libération de l'ouest de Mossoul le 19 février, environ 350 civils ont été tués par des voitures piégées, des tirs de snipers ou en étant utilisés comme boucliers humains, a indiqué Hamid.

À la mi-avril, le ministère de la Défense a publié des instructions pour les civils pris au piège dans l'ouest de Mossoul, les exhortant à rester chez eux et à se tenir loin des zones de concentration des combattants de l'EIIL.

Ces instructions leur disaient de s'enfuir dès qu'ils le peuvent s'ils ne sont plus en sécurité chez eux.

Mustafa Saadoun, directeur de l'observatoire irakien des droits de l'homme, a déclaré à Diyaruna que l'EIIL « joue la carte des civils » pour récupérer de ses pertes et prolonger les affrontements.

Le groupe s'en est intentionnellement pris aux civils avec plusieurs méthodes pour tenter d'alléger la pression militaire qu'il subit, a-t-il ajouté.

« Nous utilisons nos propres canaux privés pour aider l'armée à protéger les civils, en publiant des alertes et des informations concernant toute menace qui pourrait les affecter, en particulier celle que représentent les voitures piégées », a-t-il fait savoir.

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